De : John S. Rad
Avec Anneli Aeristos, Paul Arnold, Mark Besharaty, James Brockman
Année: 2005
Pays: Etats-Unis
Genre: Action, Comédie
Résumé :
Un couple se balade sur la plage lorsqu’il se fait agresser par deux bikers. Les deux hommes tue le fiancé et essaye de violer la jeune femme. Mais lorsque l’un des deux meurt, la femme demande au deuxième biker de l’emmener avec lui, préparant secrètement son assassinat.
Avis :
Quand « Dangerous Men« , seul et unique film de John S. Rad, arrive sur les écrans californiens, cela fait déjà vingt ans que le réalisateur essaie de faire ce film, entre coupures de tournage, départ des acteurs et donc réécriture du scénario. La légende veut que lorsque le film fut présenté en salles, il ne rapporta que soixante-dix dollars à son réalisateur. John S. Rad mourra deux ans après la sortie de son film, avec la frustration d’avoir fait un chef d’œuvre incompris du public. Film honteux, la famille va alors le cacher pendant dix ans, avant qu’un distributeur ne réussisse à les convaincre que le film pouvait avoir une vie.
Présenté en exclusivité lors de la nuit Nanarland au Grand Rex à Paris, « Dangerous Men » est ce que l’on va appeler un chef d’œuvre de nanardise. Un chef d’œuvre ultime qui va défier toutes les lois du cinéma. Immense moment de n’importe quoi qui amène aux interrogations, « Dangerous Men » est un ovni hilarant qui marque celui qui le voit. Donc si vous aimez les nanars et que vous tombez dessus, n’hésitez pas une seule seconde, car on a affaire ici à une Palme d’Or !
Une jeune femme passe un après-midi en amoureux avec son futur époux. L’après-midi aurait pu être parfait, si seulement un groupe de Biker n’avait pas décidé de la violer. Son futur époux décédera et cette jeune femme va alors décider de se prostituer et de tuer tous ses clients. Pendant ce temps, le frère du fiancé, qui est flic, va essayer de savoir pourquoi son frère est mort et surtout pourquoi la jeune femme a disparu sans laisser de traces. Puis il y a un troisième mec…
« Dangerous Men » est donc un film où il faut avoir les nerfs et le cerveau acrrochés. Nanar dans tout ce qu’il a de plus splendide en la matière, John S. Rad, après vingt-cinq ans d’un tournage qui fut guidé au gré des moyens, nous livre-là un film incroyable dans tous les sens du terme.
Incroyable dans son histoire, ou sa non-histoire, car il faut vraiment s’accrocher pour savoir de quoi parle son film. Incroyable dans sa mise en scène et surtout sa narration, qui est la définition même du bordel. Incroyable dans sa BO, qui restera comme l’une des plus drôles et décalées qu’on ait pu entendre. Mention à John S. Rad pour cette sonorité redondante ! Et enfin incroyable de par l’irréalisme de ces comédiens et de ces personnages.
Il est bien difficile de poser des mots sur une telle expérience, tout comme il est difficile de commencer sur un élément tant, à la découverte de ce truc incroyable, on a envie de parler de tout et de rien à la fois.
Mais s’il devait y avoir une chose qui prime, ce serait peut-être la mise en scène. Une mise en scène comme on n’en a jamais vu. Passant d’une histoire à une autre sans aucune cohérence, passant d’un style à l’autre sans logique, amenant de nouveaux personnages à tout instant sans que l’on ne comprenne pourquoi, « Dangerous Men » est un best of de ce qu’il ne faut absolument pas faire. Le montage de ce film est une leçon d’irréalisme et ses ellipses incroyables sortent de nulle part, ces moments ne présentent rien ou encore sa musique forcément inappropriée et géniale en même temps, John S. Rad nous fait tout simplement halluciner. C’est bien simple, plus on avance dans ce qui essaie de ressembler à une intrigue (clairement, on ne comprend rien et la conclusion peut amener sur un sujet de philo carrément), plus le réalisateur, entre deux crises de rires, arrive à nous hypnotiser, car derrière l’erreur complète qu’est ce film, « Dangerous Men » se laisse suivre et c’est ça qui est dingue. Tous les défauts inimaginables de ce film deviennent peu à peu sa force et franchement, on s’éclate devant ce film, à condition bien entendu d’aimer les nanars, car sinon, il est clair qu’une immense solitude, voire même un traumatisme, risque de vous guetter.
Entre son histoire qui n’en est pas, son final dont on cherche encore le pourquoi du comment, ses comédiens qui méritent toutes les récompenses du monde pour ses grands moments. Entre ses personnages débiles, cette BO tellement inappropriée et marquante en même temps, et enfin ce sens de la mise en scène qui s’approche du génie tant c’est du jamais-vu, on peut donc dire de « Dangerous Men« , seul film de John S. Rad, qu’on tient là un chef d’œuvre ultime et inestimable. Un chef d’œuvre de ringardise et d’incompréhension. Bref, un moment de cinéma unique, aussi nul que pathétiquement bon.
Note : 00/20
Note Nanar : 20/20
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Par Cinéted