avril 24, 2024

Shrew’s Nest

Titre Original : Musaranas

De : Juan Fernando Andres et Esteban Roel

Avec Macarena Gomez, Nadia de Santiago, Luis Tosar, Hugo Silva

Année : 2014

Pays : Espagne, France

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Deux sœurs, dans l’Espagne d’après-guerre, recueillent un homme blessé dans leur appartement. Mais la plus âgée, agoraphobe, va bientôt révéler un comportement autrement plus agressif.

Avis :

Il fut un temps où l’Espagne avait le vent en poupe concernant les films d’horreur. Révélé aux yeux du grand public avec notamment [Rec] de Jaume Balaguero et Paco Plaza, le cinéma ibérique s’est petit à petit imposé dans nos vertes contrées. Et il faut en quelque sorte salvateur et une belle alternative au cinéma français qui ne produit plus rien de bien en horreur depuis belle lurette et un cinéma hollywoodien qui se fonde uniquement sur ce qui marche et plait aux jeunes, à savoir des histoires adolescentes et des scare jumps tout moisis. Mais avec le temps qui passe, la suite des [Rec] n’a pas l’effet escompté et le cinéma espagnol s’est amoindri en matière d’horreur pour laisser la place à des thrillers hard boiled, comme La Isla Minima. De ce fait, pour retrouver un peu d’horreur chaude, il faut se tourner vers la VOD et des productions plus humbles, à l’image de Shrew’s Nest, un thriller horrifique mis en avant grâce à Alex de la Iglesia qui est ici producteur avec sa femme Carolina Bang. Et que dire si le film est sympathique à défaut d’être inoubliable.

Shrew’s Nest, ou Musaranas en version originale, est un thriller d’horreur qui prend place dans l’Espagne d’après-guerre. Une Espagne qui se reconstruit mais dont on ne verra qu’un bout de rue, puisque toute l’intrigue se passe dans un appartement. On y trouve Monsay, une femme agoraphobe et anxieuse qui fait de la couture, et sa sœur, plus jeune, qui l’aide et va faire le nécessaire dehors pour subvenir aux besoins vitaux. Versée dans la Bible et la religion catholique, Monsay est une fervente croyante et a peur de tout, surtout des hommes. Seulement, un beau jour, le voisin du dessus tombe dans les escaliers et se casse une jambe. Prenant son courage à deux mains, Monsay le recueille et le soigne. Du moins, c’est ce qu’elle veut lui faire croire, car elle tombe amoureuse de lui et va tout faire pour le garder. Très clairement, le film se situe entre Misery et Les Proies de Don Siegel.

Pour Misery tout d’abord puisqu’il s’agit d’une femme qui garde un homme séquestré, non pas pour qu’il écrive une histoire, mais parce qu’elle en tombe amoureuse. Pour Les Proies ensuite car il va y avoir une rivalité entre les deux sœurs pour charmer ce jeune homme avenant mais qui cache un lourd secret. Et ce qui pourrait être intéressant va malheureusement vite tourner en rond et à vide. Les deux réalisateurs appuient beaucoup trop la relation complexe entre les deux sœurs. Le début est fastidieux, Macarena Gomez en fait des tonnes avec ses tics comportementaux et on aura beaucoup de mal à s’attacher à elle ou même à ressentir une certaine haine. Le problème, c’est que tout cela manque d’espace et d’envergure. Le script aurait été parfait pour un court ou un moyen métrage, mais pour du long, on perd beaucoup trop de temps. Du coup, il va être complexe de ressentir quoi que ce soit pour ces deux filles et cet homme dans une situation douloureuse.

Fort heureusement, le film se rattrape dans sa seconde moitié, lorsque la plus jeune des deux sœurs apprend à l’homme que sa grande sœur lui ment et qu’elle le maintient prisonnier. Le film prend alors une tournure avec stressante et glauque, dans laquelle les deux sœurs jouent à un jeu de souris, se cachant l’une de l’autre pour sauver ou piéger le garçon. Et c’est durant cette partie que le métrage prend des allures gores et grotesques du plus bel effet. La grande sœur, déjà bien malade, pète un câble et le film prend un virage sans concession, offrant quelques passages savoureux et bourré d’hémoglobine. Les deux réalisateurs font alors honneur au cinéma horrifique de leur pays, offrant des fulgurances gores géniales et certaines trouvailles inattendues. Et étrangement, c’est là que Macarena Gomez prend son envol, devenant une véritable entité maléfique et jouant à la perfection la nana qui perd le contrôle.

Le problème, c’est que tout ce qui est mis en place à cet instant va être saccagé par un twist final imbuvable et surtout improbable. Durant tout le film, on va voir que la sœur aînée, la folle, voit son père, décédé depuis belle lurette, un peu partout, se moquant ouvertement d’elle (Luis Tosar vraiment effrayant). Comprenant bien que c’est un fantôme, cela cache un secret terrible qui est dévoilé sur la fin, sur un coup de tête, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Et le comportement de la petite sœur est incompréhensible. Se sabordant tout seuls, les réalisateurs n’arrivent pas à tenir la tension du film et offrent en supplément un twist ridicule et qui ne correspond pas aux deux sœurs à cause du choix des actrices, car l’écart de l’âge n’est pas assez grand. C’est dommage, car tout cela déstructure le film et surtout lui donne un sentiment d’inachevé ou de bâclé pour passer à autre chose. La relance de l’intrigue pour partir sur le gore ne fonctionne pas vraiment et une fois l’excitation passée de voir un peu de sang, le soufflé retombe et ne reste qu’un twist ridicule.

Au final, Shrew’s Nest n’est pas un mauvais film car il détient tout de même une ambiance intéressante et fait des choix parfois judicieux, notamment dans sa montée en gore. Malheureusement, avec un début fastidieux et une manque d’empathie pour tous les personnages, le film ne restera pas dans les mémoires et sombre même dans le ridicule sur une fin incohérente, voire même détestable. Bref, un film moyen en somme, qui manque d’ambition, d’un script plus solide et d’un twist plus crédible.

Note : 11/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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