avril 20, 2024

Band of Brothers – L’Enfer du Pacifique

D’Après une Idée de : Steven Spielberg, Tom Hanks et Stephen Ambrose

Avec James Badge Dale, Joseph Mazzello, Jon Seda, Josh Helman

Pays: Etats-Unis

Nombre d’Episodes: 10

Genre: Guerre

Résumé:

Suite à l’attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, de jeunes américains pleins d’espoirs s’engagent dans l’armée pour défendre leur pays face à l’invasion japonaise. Ces soldats sont envoyés dans les îles du Pacifique où l’ennemi gagne du terrain. Ils n’ont aucune idée de l’enfer qui les attend. Les désillusions se mêlent vite à la peur, et la mort devient leur lot quotidien. Ce qu’ils vont vivre les changera à jamais. Suivez le parcours de trois marines américains – Robert Leckie, John Basilone et Eugene Sledge – au lendemain de l’attaque de Pearl Harbor jusqu’au retour à la maison des soldats après la capitulation japonaise.

Avis :

En 2001, Band of Brothers s’imposait comme une excellente série, prônant le sens du devoir et la camaraderie sans sombrer dans le patriotisme et l’esprit de sacrifice. Avec la collaboration de Tom Hanks et Steven Spielberg, il en ressortait des scènes de batailles intenses ponctuées de tensions dramatiques percutantes. Neuf années plus tard, le duo de producteurs revient à la charge avec The Pacific. Si la période temporelle reste sensiblement la même, le conflit s’éloigne du continent européen et du joug nazi pour se confronter à l’empire japonais dans les îles du Pacifique. Si son prédécesseur s’inscrivait dans la continuité d’Il faut sauver le soldat Ryan, The Pacific pourrait-il être le pendant télévisuel de La ligne rouge ?

Les moyens mis en œuvre sont tout aussi conséquents pour la production et la reconstitution des batailles les plus emblématiques du pacifique. Avec un budget estimé à 150 millions de dollars, l’exposition historique est proprement stupéfiante, tant dans le cadre, le déploiement des différents corps de l’armée et des marines ou dans la violence des affrontements. De Guadalcanal à Iwo Jima, sans oublier Peleliu ou Pavuvu, le point fort de la série est clairement dans une approche fidèle à la réalité. Le contraste entre un environnement paradisiaque et la guerre accentue la brutalité des combats. À ce titre, la mise en scène est un modèle de maîtrise et d’immersion pour retranscrire sans concession le réalisme de chaque situation.

Dès lors, l’on se dit que la présente série n’a rien à envier à Band of Brothers et, de ce point de vue, c’est une évidence. Pourtant, il réside un bémol de taille qui tient dans son approche glorifiante et désintéressée de l’engagement militaire. Ici, il est de bon ton de valoriser la témérité, le patriotisme et l’héroïsme inconsidéré sous couvert des meilleures intentions. En somme, l’on véhicule constamment la volonté des protagonistes à vouloir prendre part au conflit, sans autre objectif que de « se faire un Jap ». Cette considération binaire renvoie à des propos très manichéens qui effacent le visage de l’ennemi sous les tirs fusants des mitrailleuses et de clichés propagandistes.

Il n’est pas question ici de défendre ou de valoriser un camp en particulier, pas plus que l’on ne demande une approche équitable comme avait pu le faire Clint Eastwood avec Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima. Mais dans le cas présent, la caméra reste focalisée sur les « exploits » des marines sans autre forme de procès pour les adversaires que des exécutions sommaires et des humiliations dont seul l’homme en temps de guerre est capable. Si minimes soient-elles, quelques séquences destinées à humaniser l’ennemi auraient permis un développement moins basique. Et cette simplicité ne s’arrête pas à cet état de fait.

En s’appuyant sur des témoignages authentiques, le quotidien des soldats se ponctue d’autres moments que les fusillades et les entraînements. Or, la qualité des dialogues reste inégale. L’emploi des silences est rarement évocateur d’un malaise ou d’une tension dramatique, tandis que certains échanges se cantonnent à des propos bas de gamme qui n’aident guère à rendre attachant les différents intervenants. Qui plus est, certains épisodes (au hasard le 3 et le 8) sont le ventre mou de la série. La sortie du conflit pour se confronter à la vie civile est une bonne idée, mais mal exploitée. Ceux-ci ne racontent (presque) rien et font se succéder les intermèdes ennuyeux ou vains au regard de ce qui survient par la suite.

Pires que cela, ils déconstruisent la stabilité de certains protagonistes sans autre explication que l’appel du devoir et l’amour de la guerre, comme le sergent John Basilone. De plus, les premiers pas de certains soldats arrivent sur le tard avec une initiation à la Full Metal Jacket basique et inopinée en fin de parcours. Dommage, car malgré ces nombreux défauts, on trouve de véritables fulgurances qui rendent encore plus incompréhensibles ces maladresses, à tout le moins ce développement clairement axé sur le besoin constant de soldats engagés et volontaires au sein de l’armée. On retiendra surtout les conséquences psychologiques des combats sur les marines de l’épisode 4 et un épisode 9 en apothéose où toutes les horreurs de la guerre viennent se concentrer en une petite heure. Une démonstration magistrale et néanmoins trop sporadique pour faire la différence.

Au final, The Pacific est peut-être symptomatique des productions américaines sorties après le 11 septembre. Ravivant la flamme du patriotisme grossièrement et sans grande considération, elles véhiculent des valeurs surannées (surtout exploitées à mauvais escient) qui, ironiquement, sont mises en exergue dans la présente série. L’ironie provenant de l’absence physique de commandant ou de hauts gradés sur le terrain. Le contexte dramatique prend du plomb dans l’aile pour s’épancher sur des états d’âme moins subtils et fouillés que dans Band of Brothers. Alternant des passages exceptionnels et des séquences aux intentions douteuses, une œuvre de guerre moins profonde qu’escomptée, et ce, en dépit d’une reconstitution épatante où les batailles ont rarement été aussi réalistes et violentes.

Note : 13/20

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Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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