De : Jean Becker
Avec Albert Dupontel, Marie-Josée Croze, Pierre Vaneck, Alessandra Martines
Année : 2008
Pays : France
Genre : Drame, Romance
Résumé :
Antoine Méliot, la quarantaine, a tout pour être heureux : une belle épouse, deux enfants adorables, des amis sur lesquels il peut compter à tout instant, une jolie demeure dans les Yvelines et de l’argent. Mais un jour, il décide de tout saboter en un week-end : son bonheur, sa famille, ses amis. Que s’est-il passé chez cet homme pour qu’il change si étrangement de comportement ?
Avis :
Fils de l’immense Jacques Becker, Jean Becker a su se démarquer de l’ombre de son père, devenir à son tour un de nos grands réalisateurs. Offrant un cinéma attachant et populaire, la vie à travers ses films est aussi douce qu’amère. Naviguant pour la plupart du temps dans la comédie dramatique, Jean Becker nous a offert de sacrés moments drôles de cinéma, puis des émotions aussi.
Après nous avoir touchés qu’en demie teinte avec « Dialogue avec mon jardinier« , Jean Becker termine la décennie 2000 sur l’une des plus belles notes de sa carrière, « Deux jours à tuer« . Drame déchirant, humain, égoïste et humaniste à la fois, Jean Becker nous plonge dans la fuite folle et triste d’un homme. Un homme incroyablement tenu par Albert Dupontel, qui tient là, sans nul doute, son plus beau rôle.
Antoine a passé la quarantaine avec brio. Marié, deux enfants, il a monté sa boite et habite dans le confort que tout homme voudrait. Pourtant, malgré tout ça, Antoine n’arrive plus à apprécier sa vie. Antoine cache un lourd secret qui le ronge de l’intérieur, alors quand sa femme croit à un quiproquo raconté par une amie, Antoine fout totalement sa vie en l’air. Mais peut-être que ce quiproquo n’était que le prétexte qu’Antoine attendait, afin d’éviter de divulguer son secret…
« Deux jours à tuer« , c’est l’histoire d’un homme tout ce qu’il y a de plus anonyme qui va devenir incontrôlable par amour et égoïsme à la fois.
Superbe, bouleversant, émotionnellement très fort, imprévisible, « Deux jours à tuer« , c’est une heure vingt d’une chute souffrante, marginale, et surtout à fleur de peau qui nous emporte avec perte et fracas, vers ce final qui est l’un des plus beaux de la carrière de Jean Becker.
Ce qui est excellent au départ avec ce film, c’est l’idée du quiproquo. D’emblée, on sait que le film va plus loin, et l’on reste happé par le mystère qui entoure les personnages joués par Albert Dupontel. Pourquoi cette « crise » de la quarantaine, qui a l’air d’être bien plus dure et sombre, que simplement l’envie d’aller voir ailleurs ? Jean Becker, grâce à une mise en scène intelligente, sème le doute et laisse traîner peu à peu des indices qui vont nous amener vers ce que l’on imagine peu à peu.
Le scénario de « Deux jours à tuer » est pointu, très dur, et tient en émotion sur tout son long. Jean Becker, dans la folle chute de son pauvre héros, nous offre plusieurs scènes qui vont être des claques intenses, la soirée d’anniversaire étant son apothéose.
Avec ce film, Jean Becker interroge sur pas mal de sujets, dont je ne vais pas vous parler, pour ne pas vous mettre sur la piste du secret du personnage de Dupontel. Quoi qu’il en soit, le réalisateur sait parler des sujets qu’il aborde, il sait poser les bonnes questions et les bonnes réflexions.
On ajoutera à cela des comédiens fabuleux, dont Albert Dupontel sort clairement du lot. On ne l’avait jamais vu dans cet état et il surprend par sa justesse, par son ton dramatique, par l’intensité qu’il met dans son jeu. On notera une excellente Marie-Josée Croze, un rôle écorché et débordant d’amour. Et enfin, on ne peut pas passer sous silence tous les comédiens ayant participé à cette incroyable séquence d’anniversaire. Ils sont tous grands et bons. J’y reviens, mais cette scène est bien l’une des plus grandes que Jean Becker ait mise en scène.
En parlant de mise en scène, « Deux jours à tuer » est un film très beau à regarder. Jean Becker nous fait voyager et étrangement, alors que le drame est intense, il arrive aussi à nous apaiser et plus particulièrement dans son dernier acte, où le réalisateur a su capturer l’ambiance calme et apaisée des côtes irlandaises.
On ressort donc de « Deux jours à tuer » chamboulé et ému. Et alors qu’on ne s’y attendait pas, avec ce film, Jean Becker pourrait bien signer son plus beau film (avec « L’effroyable jardin » …). C’est donc un film à voir, sans hésitation, Jean Becker et Albert Dupontel vont vous saisir et une fois pris, ils ne vont pas vous lâcher jusqu’à la dernière scène.
Note : 17/20
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Par Cinéted
d accord sur tout. Très belle surprise ce film.