avril 19, 2024

IAM – Rêvolution

Avis :

Le rap, le hip-hop, ou dans sa plus grande généralité, la musique urbaine, apparait aux environs des années 80. Dès la fin de cette décennie, un groupe français se détache rapidement du lot, IAM. Issu de Marseille, les rappeurs vont vite gravir les échelons pour devenir des incontournables du genre et asseoir une domination incontestable. Et après presque trente ans de carrière, le groupe continue son petit bonhomme de chemin, malgré quelques baisses de régime au début des années 2000. En 2013, le groupe sort deux albums coup sur coup et Arts Martiens avait montré que le groupe était toujours en forme et doté d’une générosité sans faille avec dix-sept titres. Quatre ans plus tard, la formation revient sur le devant de la scène avec Rêvolution, contraction volontaire de Rêve et Evolution. Deux mots importants pour le groupe qui ont toujours promulgué un rap engagé mais bienveillant, politique mais positif. Huitième skeud studio, autant dire que le groupe était attendu au tournant et avant même d’entamer l’écoute des morceaux, on peut dire que le groupe n’a pas perdu sa plume, en atteste le nombre impressionnant de titres sur cet album. Pas moins de dix-neuf pistes qui parsèment des messages tantôt engagés, tantôt nostalgiques et qui prouvent que le groupe marseillais est toujours d’attaque et plus que jamais en forme.

Le skeud débute avec Depuis Longtemps, le morceau le plus court de l’album, qui ne dépasse pas les trois minutes, et qui évoque cette volonté de continuer à écrire et produire des morceaux avec des messages importants à faire passer. Dès le départ, on ressent comme une certaine nostalgie qui s’échappe des mots lâchés par Shurik’n et Akhenaton et surtout un retour aux sources qui semble important. En effet, si dans sa globalité, l’album peut manquer de folie, c’est tout simplement parce que le groupe a voulu revenir au début du hip-hop et renouer avec des instrumentalisations de qualité, à savoir enregistrer avec de vrais instruments. Si les boîtes à rythmes sont toujours présentes sur certains titres, le groupe fait appel à d’autres choses comme la basse ou la guitare et cela se ressent sur divers titres comme sur Rêvolution, l’un des morceaux phares de l’album, ou encore sur Danse pour le Hood, qui est symptomatique de cette volonté presque rétrograde de fournir quelque chose de plus cru, raisonnant comme un hommage au rap des années 90. D’autant plus que le groupe essaye de fournir des instrumentalisations plus variées que d’habitude, lorgnant volontiers du côté du reggae comme sur le morceau Ils ne Savent Pas, ou encore s’essayant au funk avec des titres comme Exister, qui reste l’un des titres les plus dynamiques de l’album. Bref, avec ces dix-neuf titres, il est difficile de ne pas trouver son compte et le groupe fournit une instrumentalisation de qualité, loin des nouveaux sons de rap, industrialisés et formatés au possible.

Mais le plus important dans le rap, ce n’est pas tant l’instru, mais plutôt les textes et les messages véhiculés par les chanteurs. Toujours en rupture avec des rappeurs dits hardcore comme Booba et son négationnisme, mais aussi avec des rappeurs plus commerciaux comme Soprano malgré son côté positif, IAM garde son identité et propose un flow parfois ardu mais avec toujours des messages d’une grande intelligence et d’une grande portée. Et c’est là que réside toute l’importance du nom de l’album, puisque rêve et évolution seront les deux maîtres mots de l’album. Le rêve qui est évoqué dans plusieurs titres comme Grands Rêves, Grandes Boîtes ou encore Life, I Live, avec des textes intéressants et qui poussent à poursuivre ses rêves pour avancer dans la vie. L’évolution dans le sens où le groupe continue à fournir des titres et des textes old school mais montrant une plus grande maturité dans les messages, prônant l’échange, le dialogue et surtout le travail ou encore un regard éclairé sur les banlieues et ce qui en sort. Loin des dealers et autres images que véhicule la presse, le groupe parle des artistes qui sortent de la cité, de tous ces mômes qui vont à l’école, bien plus nombreux que ceux qui dealent ou volent. Bref, encore une fois, IAM se pose en parents exemplaires de la jeune génération, montrant que l’on peut faire du rap sans pour autant mettre au pinacle la violence et la loi du Pygmalion. Toujours juste dans ce qu’ils disent, dans ce qu’ils évoquent, Shurik’n et Akhenaton sont importants dans ce milieu qui tend à avoir une mauvaise image dans la culture pop, alors que ce devrait être tout le contraire.

Au final, Rêvolution, le dernier album en date de IAM, est une franche réussite, pour ne pas dire un incontournable de l’année. Volontairement old school dans son instrumentalisation afin de revenir à des fondamentaux salvateurs, le groupe offre un album généreux, positif et surtout diablement bien écrit, mettant en avant un talent qui ne s’est jamais éteint et qui, on l’espère, continuera à remplir les salles pendant de longues années.

  1. Depuis Longtemps
  2. Fiya
  3. Bad Karma
  4. Danse pour le Hood
  5. Grands Rêves, Grandes Boîtes
  6. Paix
  7. Rêvolution
  8. Orthodoxes
  9. Chanson d’Automne
  10. Monnaie de Singe
  11. Ils ne Savent Pas
  12. Life, I Live
  13. Auréole
  14. 1 Gun, 2 Gunz, 3
  15. Terre Aride
  16. La Lune c’est le Soleil des Loups
  17. Exister
  18. Rigamortis
  19. Bien Plus Beau

Note : 19/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=vFfNUWnRUBk[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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