Avis :
Si la musique pop transcende les frontières et les langues pour parler à tout le monde, c’est aussi le cas du métal. En effet, si c’est plus complexe pour le rap qui s’appuie énormément sur ses textes et pas forcément sur ses instruments, le métal peut traverser les pays pour fournir des groupes d’exception, à l’univers bien tranché. C’est le cas avec des groupes d’Amérique du Sud comme Sepultura, ou encore en Norvège avec des groupes comme Dimmu Borgir ou bien au Japon avec Dir en Grey ou encore Kagerou. Le seul petit problème peut provenir de la langue, qui sera plus à même de proposer des chants gutturaux ou plus clairs. C’est-à-dire qu’entre l’allemand de Rammstein ou le japonais de Babymetal, il y a tout un univers vocal et les références seront bien évidemment ailleurs, s’octroyant un univers bien différent. Mais Babymetal est vraiment un exemple à part et même un groupe complètement en dehors des codes du métal. Formé de trois jeunes filles issues de la musique J-Pop au sein d’un groupe de musiciens métal qui change quasiment à chaque fois, le groupe japonais s’est rapidement forgé une réputation sulfureuse, les puristes hurlant à l’hérésie et les autres au génie. Metal Resistance est le second album de la formation et comme tout objet de curiosité, ça attire les oreilles et les critiques. Succès international, méga star au Japon, qu’est-ce qui se cache derrière ce groupe et plus particulièrement cet album ?
Le skeud commence avec Road of Resistance, un titre qui pourrait faire croire à une entrée en scène épique qui lorgne largement du côté du Power Metal. Mais il n’en est rien si ce n’est pour le style. En effet, le groupe préfère lâcher les grattes dès le départ et imposer un long morceau qui se veut grandiloquent. On sent bien évidemment toutes les influences du groupe Dragonforce dans ce titre (il faut savoir que le groupe connait un immense succès au Japon) et l’ensemble tient bien la route. C’est rapide, maîtrisé et force est de reconnaître que malgré les chants plutôt pop, c’est frais, puissant et très accessible. Durant tout l’album, on ressentira ces références au Power et au Speed métal, notamment avec des titres comme Amore, qui se plus édulcoré que l’autre morceau, mais qui propose une jolie variante au Power, avec quelque chose de plus mélodique tout en gardant une certaine rapidité dans l’exécution. Le solo de gratte est d’ailleurs dantesque et il démontre tout le talent du groupe en dehors des chanteuses. Alors oui, on pourra reprocher au groupe de faire quelque chose de très commerciale et de franchement trop accessible, mais ce serait être mauvaise sur les qualités intrinsèques du groupe qui fournit un travail incroyable au niveau technique et qui n’hésite pas à proposer des compositions complètement différentes l’une de l’autre. On notera aussi que le groupe fait irrémédiablement penser aux génériques d’animés, que ce soit dans son imagerie ou dans ses compositions, mais c’est clairement la langue qui veut ça, ainsi que la partie J-Pop, même si elle s’intègre bien dans le milieu métal.
Cependant, certains titres sont clairement puissants et sortent des sentiers battus. On peut citer le tube KARATE, qui est une alternance de Nu-Métal et de metalcore avec des riffs surpuissants et une partie plus planante ou encore Sis. Anger qui envoie du bois au niveau de la rythmique, partant réellement vers quelque chose de plus proche du metalcore ou du death. Le plus surprenant viendra de titres comme Awadama Fever ou encore YAVA ! qui s’octroient des insertions électroniques avec des riffs toujours aussi rageurs. Le mélange est détonnant, plus difficile d’accès que le reste des titres, mais le résultat est assez emballant, empruntant au métal industriel ou encore à certains mouvements post-punk. Autre titre incontournable du skeud, From Dusk Till Dawn. Morceau uniquement en instrumental, alternant entre moments aériens et moments purement métal, le titre est une vraie tuerie et n’hésite pas à planter des insertions Dubstep au milieu de tout ça. Il en résulte un titre complet, complexe mais diablement efficace et puissant. Enfin, difficile de passer à côté de Tales of the Destinies, un titre à la structure éclaté qui fait immédiatement référence à du métal progressif comme pourrait le faire Protest the Hero par exemple. Bien sûr, le groupe n’oublie pas de fournir quelques ballades sympathiques à l’image de No Rain, No Rainbow, même si le titre reste plus anecdotique que le reste.
Au final, on pourra dire ce que l’on veut de Babymetal, mais ce second album est d’une qualité indéniable. A la fois long, riche et varié, le groupe offre un melting pot quasiment parfait, n’hésitant pas à innover pour apporter un peu de neuf dans un milieu qui aime bien sa zone de confort et n’accepte pas forcément le changement. Bref, Metal Resistance fait partie de ces avant-gardistes qui feront avancer les choses petit à petit pour que le genre se renouvelle.
- Road of Resistance
- KARATE
- Awadama Fever
- YAVA !
- Amore
- Meta Taro
- From Dusk Till Dawn
- GJ !
- Anger
- No Rain, No Rainbow
- Tales of the Destinies
- THE ONE (English Version)
Note : 17/20
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Par AqME