Avis :
Quand on remonte les origines du thrash métal, on se rend compte que le genre nait au tout début des années 80. Au départ très underground à cause de ses riffs agressifs et des hurlements des chanteurs, le thrash a su se diversifier et est petit à petit devenu un genre à part entière de la scène métal, offrant même les meilleurs groupes du monde à l’image de Metallica ou encore Slayer et Megadeth. Mais on parle là de groupes américains alors que l’Allemagne n’était pas en reste durant cette période, puisqu’en plus d’accueillir Destruction et Sodom, les années 80 voyaient émerger Kreator. Officiant dans un thrash métal proche du speed, Kreator ne s’est pas imposé rapidement, malgré une multitude d’albums à leur actif. En effet, le succès critique mondial n’arrivera vraiment qu’en 2009 avec l’album Hordes of Chaos, qui fut unanimement applaudi. Pour la première fois, le groupe sortait de l’ombre de ses grands frères et montrait tout ce que Mille Petrozza avait dans le bide. Gods of Violence est le quatorzième album de la formation et il arrive cinq ans après Phantom Antichrist mais fait surtout suite au dernier Metallica qui a fait son petit effet. Est-ce que Kreator va alors dépasser le maître avec ce skeud ?
La réponse est oui. Autant être aussi direct que l’est cet album, puisque chacune des onze pièces de l’effort est une petite perle de thrash métal qu’il faut absolument écouter. Le skeud démarre avec Apocalypticon, une introduction grandiloquente avec un riff entrainant et surtout une batterie qui scande un rythme presque militaire. Pas de doute, le ton est donné et on va avoir droit à un déluge de violence, mais aussi et surtout de maîtrise technique irréprochable. Et World War Now n’attend le dégel pour démarrer, s’enclenchant immédiatement sur des riffs lourds et ultra rapides afin d’imposer une ambiance puissante et de montrer que le groupe est en grande forme. Mille Petrozza assure toujours au chant, que ce soit sur les parties plus rapides, proche d’un punk hardcore, que sur des parties plus calmes. Mais bien entendu, que serait Kreator sans des breaks à la fois doux et nerveux, permettant ensuite de lancer un solo dantesque et d’une grande richesse. Ce schéma, s’il se répète au fil des pièces de l’album, demeure intéressant et permet de changer à chaque fois de rythmique ou d’ajouter quelques subtilités supplémentaires. Ainsi, Satan is Real et ses cloches annoncent un titre fort et très évocateur avant de partir sur des grattes lourdes, mais moins rapides que précédemment. Encore une fois, on sent toute l’étendue du talent des musiciens et même sur une rythmique plus scandée, le groupe touche juste et propose un morceau très réussi. Et que dire de Totalitarian Terror, qui démarre comme une furie avant de proposer un refrain presque pop rock, tout en gardant à l’esprit la violence qui fait l’essence même du groupe.
Le groupe trouve son juste équilibre avec le titre éponyme de l’album, Gods of Violence. Longue introduction à la guitare sèche, petites insertions arabisantes, entame chantée avec des chœurs pour appuyer des propos meurtriers (We Shall Kill), cette pièce maîtresse de l’album est d’une maîtrise absolue et offre tout le panel de ce que peut produire le groupe. On retrouvera cette énergie avec une intro particulière avec Lion With Eagle Wings, qui s’avère être un énorme morceau, bourré de bravoure et riffs nerveux et puissants. Hail to the Hordes est un titre quant à lui épique, qui ne fait pas dans la demi-mesure et pourrait parfaitement se retrouver dans un film lors d’une grande bataille. Cependant, Kreator sait aussi faire des choses plus simples, à l’image de Fallen Brother, titre hommage à Lemmy Kilminster, le frontman de Motörhead. Simple dans le sens où les rythmiques changent peu dans ce titre, et le départ ressemble un poil à Rammstein dans la force des riffs et le tempo utilisé. La comparaison avec l’autre groupe teuton s’arrête là puisque le reste sera du pur Kreator. Enfin, difficile de ne pas citer le dernier morceau, Death Becomes my Light, qui permet au chanteur d’explorer sa voix en version chantée, chose très rare, et c’est avec une introduction de toute beauté que le titre commence avant de partir vers quelque chose de plus puissant et de réellement envoûtant.
Au final, Gods of Violence, le dernier album de Kreator, est une véritable révélation. Non seulement c’est maîtrisé du début à la fin, mais en plus c’est d’une qualité technique ébouriffante et d’une richesse infinie. S’il a fallu du temps à Kreator pour percer les frontières et devenir aussi connu, il est certain qu’avec cet album, le groupe va devenir une référence du thrash, dépassant certainement d’autres formations qui ne proposent plus grand-chose d’intéressant aujourd’hui. Nous sommes certainement face à l’un des albums de cette année.
- Apocalypticon
- World War Now
- Satan is Real
- Totalitarian Terror
- Gods of Violence
- Army of Storms
- Hail to the Hordes
- Lion With Eagle Wings
- Fallen Brother
- Side by Side
- Death Becomes my Light
Note : 19/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1l6gsOrVL2c[/youtube]
Par AqME