novembre 2, 2024

Southcliffe

D’Après une Idée de : Tony Grisoni

Avec Rory Kinnear, Sean Harris, Shirley Henderson, Eddie Marsan

Pays: Angleterre

Genre: Drame, Policier

Nombre d’Episodes: 4

Résumé:

La petite ville anglaise de Southcliffe voit s’abattre sur elle une vague de fusillades le même jour, causant la mort de nombreuses personnes. Un journaliste revient dans cet endroit qui l’a vu grandir. Il est témoin des différentes émotions ressenties par les proches des victimes à la suite de ces évènements : la peine, l’effroi, le deuil, la culpabilité et la rédemption…

Avis:

Tony Grisoni est l’un des scénaristes de prédilection de Terry Gilliam. C’est à lui que l’on doit les scénarios entre autres de « Las Vegas Parano » ou « Tideland« . Mais Tony Grisoni, c’est aussi un scénariste anglais qui a travaillé avec et pour de grands réalisateurs. Michael Winterbottom, Julian Jarrold, Kevin Macdonald et dernièrement Paolo Sorrentino sur la série « The Young Pope« . Bref, les écrits de Tony Grisoni parcourent le cinéma depuis la fin des années 80.

Mais si le scénariste est coutumier de films et autres téléfilms, avec « Southcliffe« , il s’essaie à la création, pour une mini-série de quatre épisodes.

Son intrigue s’annonçait dure et bouleversante à la fois. En plus de Tony Grisoni à la conception de la série, on trouve Sean Durkin à la réalisation. Sean Durkin a réalisé « Martha Marcy May Marlene » en 2011, un film que l’on conseille fortement. Et enfin, il y a ce casting peuplé d’acteurs anglais tous plus talentueux les uns que les autres, à commencer par le trop méconnu Sean Harris, ici en tueur impitoyable. Pour toutes ces raisons et d’autres encore, « Southcliffe » s’annonçait comme un grand moment de télévision et l’on en ressort partagé. Partagé entre une ambiance extraordinaire et une histoire terrible, d’une injustice effroyable, mais aussi avec une réalisation alambiquée et un montage des plus approximatifs et embrouillés, qui a tendance à atténuer les ressentis et finalement nous faire sortir de l’intrigue, tant les repères sont parfois très flous.

Southcliffe est une petite ville perdue dans le nord de l’Angleterre. À Southcliffe, rien ne se passe jamais, sauf ce matin-là. Bercé dans la brume du petit matin, des tirs se font entendre. Ces tirs, ils viennent de Stephen Norton, un homme sans histoires d’une quarantaine d’années qui vient d’entrer dans une folie meurtrière. Tirant au plus grand des hasards, Norton va abattre une vingtaine de personnes sur plusieurs kilomètres. La ville est sous le choc, et très vite, la presse s’empare de l’affaire. David Whitehead, journaliste londonien et ancien habitant de Southcliffe est envoyé sur place. Lui qui avait fui cette ville, va très vite être retrouvé par son passé.

« Southcliffe« , c’est une mini-série de quatre épisodes d’une cinquantaine de minutes chacun. Les Anglais ont un petit quelque chose en plus qui fait que très souvent, que ce soit leurs séries ou leurs mini-séries, les projets ont toujours quelque chose qui sortent de l’ordinaire et c’est toujours avec plaisir, suspens et passion qu’ils nous font entrer dans leur histoire et « Southcliffe« , du moins pour ces premiers épisodes, ne dérogera pas à cette règle. D’entrée de jeu, le ton est donné, la série est froide, glaciale même, la photographie est terne, le ton de la série est résolument fataliste. Les tirs retentissent et en l’espace de quelques minutes, Tony Grisoni et Sean Durkin nous accrochent.

Les deux premiers épisodes vont être terriblement intéressants, multipliant les points de vue sur l’affaire, présentant des personnages de très belle manière, on reste attentif au moindre détail, même si, tapis dans l’ombre, le montage de la série commence déjà à faire son œuvre. Mais bon, pour l’instant restons sur les points positifs de la série, car « Southcliffe » regorge de bonnes idées et de belles émotions.

Sur son fil rouge, la série de Tony Grisoni a de quoi toucher son public, puisqu’elle va traiter de sujets forts et difficiles. Le deuil évidemment et l’acceptation de l’horreur sont le cœur de la série. « Southcliffe » traite ce deuil de toutes les manières possibles. Ainsi, on suivra les différents points de vue des survivants ou encore les derniers instants, les derniers parcours des futures victimes. Dans un sens, à plus d’une reprise, « Southcliffe » rappelle le « Elephant » de Gus Van Sant, pour la fatalité qui s’abat sur certain de ses personnages. La série traite aussi de la culpabilité, avec le fait que personne n’ait vu venir le drame ou alors peut être que tout le monde avait un voile sur les yeux. Là encore, le showrunner, comme son réalisateur, ont très bien su saisir l’ambiguïté et la difficulté d’analyse de la situation et finalement, ils offrent un portrait touchant de la population de cette ville. Enfin, la série traitera de la rédemption, ou comment continuer à vivre après un tel drame. Comment et pourquoi vivre, quand tous les siens ont disparu ? Bref, du point vu de son scénario, « Southcliffe » est une série très riche et elle a su trouver le bon ton pour aborder ses sujets.

« Southcliffe« , c’est aussi une très belle ambiance. Une ambiance brumeuse, qui peut mettre mal à l’aise certaine fois. Sean Durkin arrive comme à nous piéger dans cette campagne anglaise. Et plus les épisodes défilent et plus on a l’impression que la vie s’est arrêtée à Southcliffe. Chaque épisode nous réserve des scènes prenantes.

Mais malheureusement, les épisodes sont aussi parcourus de longueurs. Le rythme de la série est très lent, et s’attarde parfois dans le contemplatif. Certes, les images sont belles, mais ce choix, ajouté à celui de casser le rythme de la série avec des flashbacks incessants, finissent aussi par nous sortir de la série à plusieurs reprises. De plus, la série multiplie les points de vue et les ressentis, si bien qu’on arrive à se perdre parfois, ne sachant plus à quel moment on se trouve. Ce sentiment s’accentue encore un plus sur le dernier épisode ou alors est-ce le fait que la série nous ait déjà ennuyé avec son rythme et sa narration embrouillée… Quoi qu’il en soit, on ressent un net décrochage et c’est bien dommage, car il reste cependant, à contre sens, un intérêt pour la série et malgré tout, on tient à finir l’œuvre, pour savoir où le showrunner veut nous emmener. Quelle en sera la conclusion ? Une conclusion qui sera aussi évidente que très belle, et finalement conclura « Southcliffe » sur une « bonne note ».

« Southcliffe » est donc une série de laquelle on ressort mitigé, car si les thèmes traités sont appréciables, l’ambiance brumeuse intéressante, la fatalité de la série bien mise en avant ainsi que les acteurs et les émotions véhiculées, « Southcliffe » ennuie, agace même, avec sa narration déconstruite et très approximative. Une narration qui nous fait nous poser des questions sur le pourquoi des choix de montrer tel ou tel événement à ce moment précis.

« Southcliffe » reste toutefois une série à découvrir, pour tous les très bons éléments qu’elle contient. Mais elle reste aussi une série où il vaut mieux savoir où l’on met les pieds, car peut-être que cela pourrait éviter des déceptions et des surprises.

Note : 11/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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