Titre Original : The Forger
De : Philip Martin
Avec John Travolta, Christopher Plummer, Tye Sheridan, Abigail Spencer
Année: 2014
Pays: Etats-Unis
Genre: Drame, Policier
Résumé :
Le plus célèbre faussaire au monde est contraint de pactiser avec la mafia pour bénéficier d’une remise de peine. En contrepartie, il s’engage à dérober un tableau inestimable de Claude Monet lors d’une exposition. Pour réaliser ce cambriolage parfait, il va devoir compter sur l’aide de son père et de son fils.
Avis :
Visiblement, en France, quand on est un réalisateur d’épisodes de série, et que l’on fait des films à ses heures perdues, il est compliqué de sortir en salles ou en temps et en heure en DVD et Bluray. C’est un peu le cas de Philip Martin, qui n’est certes pas le plus connu des réalisateurs américains, mais qui fait son petit bout de chemin depuis 2004. En effet, c’est cette année-là qu’il signe son premier film, Hawking avec Benedict Cumberbatch, encore inédit en France et qui doit sortir début 2017 chez nous, soit 13 ans après son tournage. Mais ce n’est pas tout, car en 2014, il a réalisé L’Affaire Monet (The Forger en VO) qui n’est arrivé chez nous que deux ans après. Réalisateur maudit ? Film bas de gamme ? Visiblement, rien n’est aussi simple et ce petit film va venir contrarier nos pensées tant il s’avère réussi sur le fond et sur la forme.
L’Affaire Monet raconte l’histoire d’un père qui va demander l’aide d’un malfrat pour sortir plus tôt de prison. En graissant la patte d’un juge, Raymond sort dix mois plus tôt mais doit faire affaire avec un voyou. Faussaire de génie, il doit alors dérober un Monet lors d’une exposition à Détroit. Seulement, Raymond n’est pas sorti de prison plus tôt pour rien. En effet, son fils de 15 ans est atteint d’une tumeur au cerveau de stade 4 et il veut être présent aux côtés de son fils pour en profiter le plus possible. Mélange donc de drame et de policier, L’Affaire Monet va se situer aux confluents du film de braquage basique et du père qui va tout faire pour satisfaire les dernières volontés de son fiston. Pour autant, avec ce genre de film, on peut craindre un mélodrame larmoyant renvoyant en second plan l’affaire de braquage. Sauf que Philip Martin va insuffler quelque chose de beau dans son film, dans les deux domaines.
En effet, en premier lieu, ce qui saute aux yeux, c’est la relation entre le père et son fils. D’abord conflictuelle, cette relation va devenir de plus en plus évidente, John Travolta étant bouleversant dans ce rôle de père courage qui veut tout faire pour son fils en fin de vie. IL y a un réel travail sur la passation de parentalité. On va suivre trois membres d’une même famille, avec le grand-père (Christopher Plummer hilarant et d’une grande générosité), le père et le fils tenu par un Tye Sheridan en retenu, prouvant qu’il est l’un des espoirs d’Hollywood. A travers cette famille, on va pouvoir cerner ce qui est l’essentiel, l’amour que l’on se porte, le soutien que l’on s’apporte. Il y a un très joli message sous-jacent à ce film et le réalisateur arrive avec brio à éviter tout pathos, malgré la chimio du garçon et ses moments de faiblesse. Bien au contraire, il rend son film lumineux avec un jeune garçon qui retrouve goût à la vie grâce à son père et à ses magouilles auxquelles il veut participer. On est très loin des larmes même si la fin, qui reste ouverte, touche énormément.
Le film n’oublie pas pour autant sa partie policier/thriller. Sans jamais trop en dévoiler, le film va parler un petit peu du passé du père à travers plusieurs rencontres. Si certaines bagarres sont à prévoir, le film laisse un peu d’espace pour parler du travail de faussaire. Loin d’en faire l’apologie ou de le diaboliser, le film met l’accent sur la beauté de la peinture, et notamment sur les sentiments qu’évoquent un tableau comme celui de Monet ou Gauguin. Encore une fois, même si le sujet est grave et dur (on parle de braquage et de vol de tableau pour un mafieux), le film demeure simple et se repose beaucoup sur les sentiments, les impressions. D’un point de vue purement technique, c’est peut-être là que le film pêche un peu. Non pas que ce soit mauvais, mais c’est quelconque. En fait, pour raconter cette histoire simple, le réalisateur opte pour une mise en scène simple. Il n’y a pas de plan marquant, la séquence de braquage reste sobre et ne met pas la pression et il n’y aura qu’une seule scène tendue de baston, lorsque le père veut l’adresse de la mère de son fiston. Cependant, le rythme du film est très soutenu et on ne s’ennuie jamais, le cinéaste trouvant toujours le juste équilibre entre moment d’émotion, moment drôle et moment un peu plus nerveux.
Au final, L’Affaire Monet est un très joli film doublé d’une belle surprise. Si on pouvait s’attendre à quelque chose de transparent ou de carrément mauvais vu le silence de la comm’ et sa parution tardive dans les bacs français, on se retrouve face à un très bon film qui parle des sentiments, de l’importance de la famille dans les moments difficiles et qui n’oublie pas de divertir avec un braquage intéressant. Si ce n’est certainement pas le film de l’année, il ne mérite en aucun cas son sort silencieux et on conseille vivement ce joli petit film.
Note : 15/20
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Par AqME