avril 26, 2024

Paterson – Poésie du Quotidien

De : Jim Jarmusch

Avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, Rizwan Manji, Trevor Parham

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame, Comédie

Résumé :

Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

Avis :

Le nouveau film de Jim Jarmusch sort ce mercredi dans nos salles. Le metteur en scène adulé de Dead Man revient en ce mois de décembre avec un somptueux cadeau porté par Adam Driver, le Kylo Ren de Star Wars – Le Réveil de la Force.

Une boucle monotone :

Paterson est un film très calme du cinéaste quelque part entre son Broken Flowers et un film de Woody Allen. Le relationnel entre les protagonistes est silencieux, toujours très posé, une sorte de romance de la vie calme et sereine, qui se répercute dans des dialogues lents et passionnants, eux aussi très proches des discours de Woody Allen. Paterson est fait de rencontres, d’évènements anodins, qui sortent pourtant de la torpeur quotidienne, porté par une ambiance lancinante telle une semaine qui s’éternise. Avec une photographie somptueuse, parvenant à capter les justes décors d’une ville tranquille, Jim Jarmusch raconte le quotidien de Paterson (Adam Driver), conducteur de bus et poète dans l’âme, rêveur inconditionné, prêt à écrire les plus belles histoires du monde. De par ces deux aspects, le cinéaste met en place une histoire lente et passionnante de la monotonie d’un individu lambda, une monotonie du quotidien exprimée en une semaine, dispersée en chapitre représentatif de chaque jour de la semaine. Le réalisateur dispose çà et là des répétitions voulues pour exprimer l’éternel recommencement des journées du protagoniste, ainsi des jumeaux reviennent toujours à l’écran, les mêmes personnes, les mêmes lieux, les mêmes habitudes, la boite aux lettres renversée, le bar, le chien, etc… Paterson revit chaque jour la même journée. Pour autant, des éléments viennent entacher la redondance habituelle de son existence, de même ses évasions poétiques permettent d’ouvrir d’autres portes.

 

Une belle représentation du temps qui passe :

Jarmusch met en scène une boucle passionnante, celle de l’existence. A travers ces rencontres intempestives, Jarmusch parle de sujets profonds comme le temps qui passe, l’amour, la vie, les passions et les rêves. La relation calme que le personnage entretient avec sa femme est une notion de sécurité alors que le véritable amour fusionnel se retrouve dans les pages de son cahier. Jarmusch oppose constamment cette opposition de la sécurité et de la folie, à travers l’amour donc et ces deux relations en contradiction, mais aussi à travers le travail et la différenciation évidente entre sa condition actuelle de chauffeur de bus, et celle d’écrivain qu’il désire atteindre. Paterson parle de rêves brisés et utopiques. Pour autant, le long métrage s’avère plus mélancolique que triste, plus positif que négatif. Paterson offre des scènes optimistes, des fulgurances dans lesquelles Jarmusch nous assure, à nous, spectateur lambda, que l’art et la connaissance sont à portée de mains, que chacun d’entre nous qui prend le pinceau, la plume ou la caméra est un artiste en soi. Que chaque condition est une expérience en soi et que la véritable histoire s’écrit sur une vie entière, une semaine n’étant qu’un condensé, un résumé de la grande aventure.

Et nous allons laisser Jim Jarmusch conclure pour nous : « Paterson rend hommage à la poésie des détails, des variations et échanges quotidiens. Le film se veut un antidote à la noirceur et à la lourdeur des films dramatiques et du cinéma d’action. C’est un film que le spectateur devrait laisser flotter sous ses yeux, comme des images qu’on voit par la fenêtre d’un bus qui glisse, comme une gondole, à travers les rues d’une petite ville oubliée. »

Note : 16,5/20

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Par Aubin

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