Résumé :
Dans le désert du Kurdistan, des archéologues déterrent une cité ensevelie il y a plus de dix mille ans, la plus ancienne trace de civilisation humaine. Le journaliste américain Rob Luttrell est dépêché sur place. Mais ce qui devait être un reportage de routine prend vite une tournure inquiétante: Sabotages, menaces, assassinats..; Quelqu’un est prêt à tout pour empêcher la vérité de ressurgir. Décidé à mener l’enquête, Rob n’aura pas trop de l’aide de la séduisante archéologue française Christine et du commissaire de Scotland Yard Forrester pour mettre fin à la terrible malédiction liée à un mystérieux Livre noir… Des temples d’Anatolie aux îles britanniques en passant par les jardins d’Urfa, un thriller magistral qui mêle science et livre de la Genèse pour percer le mystère des origines…
Avis :
Depuis le Da Vinci Code, la notoriété du thriller ésotérique ne faiblit pas. À quelques exceptions prêtes, nous avons droit à des livres inspirés, à la documentation fournie, ainsi qu’un sens du suspense évident. La malédiction du livre noir ne déroge pas à la règle. Fort des acquis de ses prédécesseurs, Tom Knox s’accapare les ficelles du genre au profit d’un récit original aux thématiques ouvertes et, finalement, assez rares dans le domaine littéraire.
Dès les premières pages, le style enlevé permet une immersion sans fioriture au sein de l’intrigue. Les descriptions sont fluides, courtes et incisives. Cette efficacité sert grandement la mise en place de l’ambiance entre la froideur britannique (cadre urbain) et les contrées chaudes et reculées de Turquie. Ce contraste confère à l’histoire une patte esthétique assez déconcertante, mais non dénuée de charme. Hormis la séquence pluvieuse et grossière du Nord de la France (plus précisément la Picardie), l’environnement évite les clichés maladroits.
Pour appuyer cette dualité et cette confrontation permanente, l’auteur a choisi une double intrigue qui, même s’il n’y a pas de point commun évident entre elles, est reliée de manière à les réunir plus tard. À ce titre, l’histoire est bien ficelée et ménage le suspense au fil des pages. Ce constat vaut surtout pour les découvertes archéologiques et les thématiques qu’il aborde. Ce n’est pas tant les techniques du métier qui nous intéressent ici, mais plutôt les théories et les implications engendrées par Göbekli Tepe.
Outre ce mystérieux site archéologique à la mythologie aussi impénétrable que ses pierres, on découvre également une religion méconnue et très peu usitée (voire pas du tout) dans le domaine littéraire : le yézidisme. Sans s’attarder en détails inutiles, cette croyance monothéiste se base sur la vénération de Malek Taus, l’ange-paon, que certains considèrent (à tort ?) comme Satan. Si la tradition orale occupe une place prépondérante dans leurs coutumes, ils disposent de deux livres sacrés : le livre des révélations et… le livre noir.
À cela, il faut compter sur les convoitises d’un groupe occulte obsédé par ce dernier ouvrage et sur les sacrifices, humains de préférence. À ce titre, l’auteur revient à des notions plus contemporaines que l’ésotérisme en oscillant parfois vers le sadisme. Entre enquête policière, investigations journalistiques, un troisième aspect point le bout de son nez : le sacrifice. Toujours en conservant son style très agréable, Tom Knox dépeint certains tableaux dantesques avec un goût du détail qui égale l’ignominie des exactions perpétrées. Ne gâchons pas la surprise, mais les amateurs d’horreur (plus particulièrement de torture-porn) trouveront leur compte. Pour ne citer qu’un exemple, le sacrifice de l’aigle de sang est sans pareil.
Néanmoins, la caractérisation des personnages pêche un peu. Certes, les protagonistes sont attachants et sont suffisamment dissemblables pour servir l’intrigue. Malgré cela, leur évolution pendant la progression se révèle assez laborieuse. Nous ne sommes pas en présence d’individus fades et insipides, mais l’ensemble demeure très manichéen avec peu de place pour l’ambiguïté et les contradictions. Il s’agit là certainement du point faible (si l’on peut l’appeler ainsi) du livre.
Premier roman de Tom Knox, La malédiction du livre noir est un thriller ésotérique qui nous emmène sur les traces de Göbekli Tepe, site archéologique Turque, dont la datation et le mystère perdurent encore à ce jour. Si les déserts paraissent hostiles et sans vie, ils n’en demeurent pas moins des lieux fertiles pour des auteurs de talents. En partant d’un postulat original et en se référant à quelques hypothèses émises sur l’endroit, Tom Knox tisse la toile d’un thriller rondement mené et avec une excellente maîtrise.
Note : 15/20
Par Dante