Titre Original : The Invisible Woman
De : A. Edward Sutherland
Avec Virginia Bruce, John Barrymore, John Howard, Charles Ruggles
Année: 1940
Pays: Etats-Unis
Genre: Comédie, Fantastique
Résumé :
Pour se venger de son patron, une femme décide de répondre à une petite annonce pour devenir invisible. Elle va alors aider le savant fou qui a créé la machine pour devenir invisible contre des malfrats qui désirent ce pouvoir.
Avis :
S’il y a bien un monstre à part dans la mythologie Universal des années 40, c’est bien l’homme invisible. S’éloignant volontairement de l’aspect monstrueux de Dracula, le monstre de Frankenstein ou encore de l’Etrange Créature du Lac Noir, il s’affranchit aussi du Loup-Garou, ne vivant pas son invisibilité comme une malédiction, mais plutôt comme une bénédiction qui va le rendre ivre de pouvoir. Façon habile de traiter du pouvoir qui montre à la tête, l’Homme Invisible était une réelle réussite de par son histoire, son traitement mais aussi par ses effets spéciaux révolutionnaires pour l’époque. D’ailleurs, fait assez rare pour le souligner, la suite, Le Retour de l’Homme Invisible, est aussi une réussite, poursuivant judicieusement ce qui avait été entrepris au départ, tout en changeant le style du métrage. Ainsi, nous n’étions plus dans un film d’épouvante, mais bel et bien dans un film fantastique et policier.
Et ce n’est pas avec la Femme Invisible que la saga va connaître une chute de niveau, puisque encore une fois, en changeant son fusil d’épaule, la licence repart sur de nouvelles bases et propose réellement un grand changement. En effet, ce film n’est ni un film d’épouvante, ni un film fantastique pur, c’est une comédie qui exploite de façon intelligente l’invisibilité de son personnage principal. Démarrant dans la maison d’un dandy qui commence à être ruiné à cause de sa faculté à faire toujours la fête, le film propose des chutes et une musique accompagnant celles-ci, reprenant un humour propre cette époque. Si aujourd’hui cela a bien vieilli, le film arrive à garder un côté désuet charmant, mais aussi et surtout une naïveté que l’on n’a plus aujourd’hui. D’entrée de jeu, le film pose les bases de son axe choisi, l’humour et le potache. On retrouvera cela dans les dialogues aussi, qui sont relativement ciselés, incisifs sur certains points et qui mettent en évidence un second degré flagrant et rafraîchissant.
Le fait de poser une femme comme personnage invisible est aussi un choix fort judicieux. On s’écarte grandement de la volonté de pouvoir de l’homme pour s’accentuer vers la vengeance et la démarche sociale. Car derrière ses atours de comédie familiale, La Femme Invisible fait passer un message social important et place la femme au cœur de cette prise de conscience. En fait, la jeune femme qui souhaite devenir invisible travaille pour un vendeur de robes qui est odieux avec ses « mannequins » et on sent que la femme est rabaissée dans la société, faisant un travail pour toucher quelques sous afin de survivre. En ayant marre d’être une femme objet, elle va alors se rebeller et profiter de son invisibilité pour donner une leçon à son patron. Une leçon qui sera à l’image du film, naïve et pleine de candeur, mais qui fait son office et qui montre aussi toute la finesse d’une femme face à la violence d’un homme qui aurait de suite réglé son compte à l’employeur en question. Et c’est peut-être là que cette comédie marque des points puisqu’elle remet la femme au centre de l’intrigue et prouve non seulement sa gentillesse, mais aussi son intelligence.
Enfin, si l’intrigue reste tout de même assez bringuebalante, la faute notamment à l’arrivée de gangsters qui seront plus des bras cassés qu’autre chose, le film garde son charme grâce aux effets spéciaux qui sont encore aujourd’hui très bons. S’ils sont un peu moins exploités sur ce film par rapport au précédent (qui jouait beaucoup sur les apparitions grâce à la fumée ou à la pluie), ils n’en demeurent pas moins surprenants et font leur office presque 80 an plus tard. On sera cependant déçu du passage final avec les gangsters où l’humour devient un peu lourdaud, avec notamment des changements de voix ou encore un combat qui n’a pas vraiment d’intérêt et qui fait perdre des points au métrage, retombant dans quelque chose d’infantile et d’usant à la longue. Alors certes, ce n’est pas grand-chose, mais le film aurait peut-être gagné à être soit plus sensuel, soit plus direct sur son final.
Au final, La Femme Invisible est encore une fois une belle surprise dans les suites de L’Homme Invisible. Tournant le pouvoir à l’opportunité pour assouvir quelques revanches personnelles, le film change de style par rapport à la saga et s’octroie le plaisir d’être une comédie fantastique avec un joli message sociétal, remettant la femme au centre de l’intrigue et de la société. Il en résulte un film qui a des faiblesses, comme un humour un poil trop enfantin, mais qui demeure plaisant à suivre et qui possède une fraîcheur que beaucoup de film d’aujourd’hui ont perdu.
Note : 13/20
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Par AqME