Titre Original : Dying of the Light
De: Paul Schrader
Avec Nicolas Cage, Anton Yelchin, Alexander Karim, Irène Jacob
Année: 2014
Pays: Etats-Unis
Genre: Thriller
Résumé:
Evan Lake est un agent de la CIA désormais affecté à des tâches administratives et souffrant de graves troubles neurologiques. Un faisceau d’indices lui laisse à penser que son ennemi juré, un jihadiste qui l’a retenu en otage plusieurs années avant, serait encore en vie. Contre l’avis de sa hiérarchie et avec l’aide d’un jeune agent, il va retourner sur le terrain afin de traquer le fantôme de son passé.
Avis:
Paul Schrader est l’un des papes du cinéma américain. C’est une véritable légende du cinéma qui est aujourd’hui quelque peu oublié. Et c’est bien dommage, car on doit tellement à Paul Schrader, que ce soit par ses réalisations, « Hardcore« , « American Gigolo« , « La féline« , « Auto Focus » ou de par ses scénarios. C’est à lui que l’on doit en partie des films comme « Taxi driver », « Raging Bull« , « La dernière tentation du Christ« , « À tombeau ouvert » de Scorsese, ou encore le « Yakuza » de Sydney Pollack ou le « The Mosquito Coast » de Peter Weir. Bref, Paul Schrader est un très bon réalisateur et c’est donc toujours avec curiosité qu’on se lance dans l’un de ses films.
Sorti directement en DVD, « La sentinelle » est un film qui avait tout pour être génial sur le papier. Schrader à la réalisation, Nicolas Cage et Anton Yelchin devant la caméra. Le scénario est écrit par Paul Schrader lui-même. Puis le film est produit en partie par Nicolas Winding Refn (qui, dans un premier temps, était même pressenti pour le réaliser avec Harrison Ford et Channing Tatum comme têtes d’affiche). « La sentinelle » était donc parti pour être très bon, et même si le film jouit de quelques éléments sympathiques, malheureusement, il va être loin d’être comme on le rêvait, la faute à un montage assez laborieux, qui n’arrive jamais à élever cette histoire qu’on a presque déjà vue. Bref, quand on voit le résultat, on comprend que Paul Schrader, Nicolas Cage, Anton Yelchin et Nicolas Winding Refn ont appelé au boycott du film. Car oui, pour l’histoire, Paul Schrader a complétement perdu le contrôle de son film, qui s’est vu coupé, tranché et remonté à la guise des studios.
Evan Lake est un agent de la CIA qui est aujourd’hui affecté à quelques tâches administratives ennuyeuses. Ayant plus de trente ans de service et entrant dans l’âge, ses supérieurs l’ont donc recasé. Lake fut enlevé, séquestré et torturé il y a vingt-deux ans maintenant, par un homme qui répond au nom de Muhammad Banir. La CIA le croit mort, mais Lake n’en a jamais été convaincu. Et pendant toutes ces années, même s’il fut pris pour un fou parfois, il n’a eu de cesse de le rechercher. Banir étant atteint d’une maladie rare, il finit par ressortir à cause du traitement qu’il prend. Enfin, c’est ce que croit Lake, il lui faut donc prouver ce qu’il avance.
Ce qui est déconcertant et agaçant avec ce film, c’est qu’il a de très bonnes bases dans son intrigue. « La sentinelle » parle avant tout de vengeance et de rédemption. Doit-on pardonner ou bien se venger ? Et comment pardonner à son ennemi. Paul Schrader aborde aussi avec ce film la maladie, puisque le personnage de Nicolas Cage est atteint d’une maladie rare et grave, qui ne lui laisse plus énormément de temps pour retrouver celui qui lui a infligé ces tortures. Le traitement de la maladie est intéressant, surtout quand on la superpose sur un personnage comme celui que tient Nicolas Cage. Un excellent agent de la CIA dont les états de service sont une véritable leçon et un exemple à suivre. On trouve dans ce film un Nicolas Cage vieillissant qui aborde un rôle assez singulier pour lui.
On a donc de très bons éléments dans ce « La Sentinelle« , mais malheureusement tout ce bon travail est abattu par le reste. « La Sentinelle« , c’est une montagne de défauts dont on a bien du mal à s’expliquer pour certains. L’intrigue, qui est certes déjà vue, est totalement plombée par un rythme lent et surtout un manque de vie des personnages. La mise en scène est très plate et molle et le film manque cruellement d’émotion, de sentiment et de rage, surtout après avoir nourri un tel désir pendant toutes ces années. Paul Schrader n’arrive pas à nous donner envie de nous impliquer dans son film et finalement, on le suit comme on suit un simple feuilleton TF1 un après-midi de semaine. De plus, plus l’intrigue avance et plus le film a des incohérences. Les coupes se font sentir, il y a certains moments qu’on ne comprend pas spécialement et puis il y a ce final en guise de grand n’importe quoi, qui achève le film de Paul Schrader.
Et c’est d’autant plus dommage que les comédiens, sans qu’ils soient extraordinaires, sont toutefois impliqués dans leur rôle. Nicolas Cage trouve un rôle quelque peu différent de ce qu’il fait habituellement et on prend vraiment du plaisir à le découvrir dans ce genre de personnage. Et même si le film n’avait pas été charcuté et enlevé des mains de son réalisateur, on aurait pu trouver là l’un des meilleurs rôles de Cage depuis le « Joe » de David Gordon Green.
Bref, « La sentinelle » est donc un beau ratage, dont on ne peut sauver que peu d’éléments malheureusement. Alors qu’il avait pas mal d’arguments pour lui, c’est triste de voir ce que les studios en ont fait. « La sentinelle » est donc un film que l’on suit comme un vulgaire feuilleton. On ne s’implique pas, on ne le vit pas et quand il se finit, mis à part ce Nicolas Cage vieillissant, on ne retiendra pas grand-chose.
Note : 07/20
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Par Cinéted
Une réflexion sur « La Sentinelle »