Titre Original: Kaze No Tani No Naushika
De : Hayao Miyazaki
Année : 1984
Pays : Japon
Genre : Animation
Résumé :
Sur une Terre ravagée par la folie des hommes durant les sept jours de feu, une poignée d’humains a survécu. Menacée par une forêt toxique qui ne cesse de prendre de l’ampleur, cette poignée de survivants attend le salut de la princesse Nausicaä, capable de communiquer avec tous les êtres vivants.
Avis :
Hayao Miyazaki est un maître d’œuvre dans le domaine de l’animation japonaise. Cofondateur des studios Ghibli, responsable de plusieurs chefs d’œuvre de l’animation japonaise et du manga, mais aussi dessinateur de génie, Nausicäa est le premier film du réalisateur. Réalisé en 1984, le film ne va pas connaître de sortie en salles, pire, il ne sera distribué qu’au Japon et aura droit à une minable sortie en version coupée, avec une bonne grosse demi-heure en moins. Il faut dire que le moule des dessins animés est d’une heure trente, sans quand les enfants s’ennuient, du moins, c’est ce que les grands de ce monde pensent. Il faudra attendre 1998 pour que Miyazaki trouve une gloire mondiale, grâce à Princesse Mononoke qui va connaître un succès mondial. Du coup, les films s’enchainent, comme les sorties, et l’avènement du manga fait jour. Seulement, les plus gourmands, les plus avides, souhaitent voir les premiers films de Miyazaki dans leur version intégrale. Et c’est en 2006 que le film va connaître une deuxième jeunesse. Mais encore faut-il que le film soit aussi bien que les suivants ? N’a-t-il pas pris un petit coup de vieux ? Allons donc visiter cette forêt toxique et rencontrons la princesse Nausicäa !
L’intro est OK !
Le scénario de ce film est assez complexe de prime abord. En effet, on y voit un homme dans une combinaison avec deux grands oiseaux entrant dans un village visiblement mort. Par la suite, on va voir une jeune fille sur un planeur qui va dans une espèce de caverne et qui trouve une mue d’un gros insecte. En sortant, elle voit alors que le mystérieux homme se fait pourchasser par l’insecte géant en question. Elle va alors le calmer et aider l’homme qui est en fait un chevalier qu’elle connait bien. Alors que tout va pour le mieux et que la vallée où Nausicäa est la princesse prospère, un vaisseau d’une autre tribu s’écrase à côté du village et une espèce d’œuf se trouve dans sa cale. C’est alors que le village est pris d’assaut par les Tolmèques, une civilisation guerrière qui souhaite faire naître la créature dans l’œuf, un guerrier de feu indestructible pour remporter une guerre contre une autre tribu. Nausicäa, ayant un don pour communiquer avec les gens et les animaux va alors tout faire pour retrouver la paix et apaiser le conflit entre les deux tribus. Mais le plus grand danger est peut-être bien la forêt toxique qui se développe et les insectes qui se font de plus en plus violent. C’est le scénario de Nausicäa de la Vallée du Vent qui part dans tous les sens et qui montre un monde post-apocalyptique violent où le seul havre de paix est menacé, non pas par la forêt toxique ou les insectes, mais bel et bien par l’être humain et une guerre stupide. Et c’est là le message principal du film de Hayao Miyazaki. En effet, montrant une planète au bord de l’implosion, avec des êtres humains qui tentent vainement de survivre, et dont l’occupation première serait l’expansion de cette forêt et des insectes, mais qui préfèrent se mettre sur la gueule pour une question d’idéaux et de territoire. On remarquera que depuis 29 ans, le message reste toujours aussi fort et que rien ne change autour de nous. La guerre fait rage, les humains se mettent sur la gueule, la planète est en train de crever mais personne ne fait rien. Du coup, ce premier film possède un message très fort et surement beaucoup plus virulent que les films suivants, même si l’écologie demeure encore une fois le sujet principal et favori du maître de l’animation.
Maintenant, si on regarde le film de plus près, il n’a pas beaucoup vieillit. Bien au contraire, et contrairement aux films d’animation américains ou européens, l’animation reste de haute qualité et les mouvements demeurent très fluides. D’ailleurs, on n’a pas l’impression d’assister à un film qui a été fait en 1984. En même temps, il s’agit de la magie du dessin à la main et non pas assisté par ordinateur. La richesse du monde est aussi très intéressante, présentant des insectes bizarres, à la forme agressive, mais qui reste incompris, hormis par la princesse qui arrive à communiquer avec eux. On retrouve cette haine pour ce que l’on ne comprend pas et le refus de connaître ce qui est étrange, ou encore la peur de l’étranger. On se rapproche du coup du film Phénoména de Dario Argento ou encore, si on veut chercher plus loin de La Nuit des Morts-Vivants de George Romero. Le plus petit défaut serait dans les visages des personnages, notamment des habitants de la vallée qui se ressemble un peu tous et c’est bien dommage. Et l’autre petit point faible, c’est l’absence de grand méchant charismatique, car la méchante reine tient un rôle un peu trop ambigu, et son commandant demeure plus drôle que réellement méchant. On n’évitera pas non plus l’aspect magique et poétique de Miyazaki, qui apporte dans ce monde perdu une once d’espoir et montre les créatures abjects physiquement que sont les insectes comme des animaux doux et aux pouvoirs magnifiques. La musique, toujours sublime dans les films des studios Ghibli reste bien dans la veine des années 80, avec pas mal de morceaux au clavier et parfois, cela fait bizarre d’entendre cela de nos jours. Néanmoins, cela colle parfaitement au film.
Cameron était un voleur pour Titanic, la preuve en image !
Au final, Nausicäa de la Vallée du Vent est un excellent film d’animation qui possède un message fort et dont la force réside dans son intemporalité. En effet, il est toujours d’actualité et montre l’aspect le plus imbécile et le plus vil de l’espèce humaine. Le design demeure toujours au top et comment ne pas tomber amoureux de ce petit renard-écureuil qu’est Teto. Bref, un film long, dense et à l’univers riche qui vaut vraiment le coup d’œil et qui n’a pas pris une ride. Résolument l’un de mes films d’animation préférés à ranger aux côtés du Tombeau des Lucioles et du Voyage de Chihiro !
Note : 18/20
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