Titre Original : Ice Age : Collision Course
De : Mike Thurmeier et Galen T. Chu
Avec les Voix de Ray Romano, John Leguizamo, Denis Leary, Adam Devine
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Animation
Résumé :
L’éternelle quête de Scrat pour attraper son insaisissable gland le catapulte dans l’espace, où il déclenche accidentellement une série d’événements cosmiques qui vont transformer et menacer le monde de l’Âge de Glace. Pour survivre, Sid, Manny, Diego et le reste de la bande vont devoir quitter leur foyer et se lancer dans une nouvelle aventure pleine d’humour au cours de laquelle ils vont traverser d’incroyables paysages exotiques et rencontrer des personnages tous plus étonnants les uns que les autres.
Avis :
Le monde de l’animation, même s’il est parcouru de quelques films plus personnels, voire auteurisants, est sujet aux mêmes contraintes que le cinéma live. C’est-à-dire que lorsqu’une franchise fonctionne, on pond des suites à tour de bras sans jamais, ou presque, se soucier des incohérences scénaristiques ou de la légitimité d’une suite. Si l’Age de Glace pourrait être un excellent exemple avec pas moins de cinq épisodes sortis à ce jour, c’est aussi le cas pour moult suites de chez Pixar ou encore chez Disney avec des films sortant en DTV, histoire d’alimenter un marché qui rapporte en surfant sur un phénomène rentable. Mais pour en revenir au rejeton de chez Blue Sky, L’Age de Glace fait partie des films d’animation les plus rentables du moment avec pas moins de 2,8 milliards de bénéfice sur toute la licence, ce qui représente un sacré pactole. Et si la saga arrivait à garder un certain degré de qualité, le quatrième film avait un peu refroidi tout le monde malgré une technique irréprochable. Alors que faire d’une cinquième suite qui pourrait bien être la fin selon les créateurs de la saga ?
Le plus compliqué avec l’Age de Glace, c’est de trouver un sujet, un prétexte, pour tenir sur un film tout en y apportant des réflexions sur divers sujets qui puissent parler aux adultes. Ainsi, après avoir sauvé un bébé humain, combattu la fonte des glaces, affronté des dinosaures et fracassé du pirate suite à la dérive des continents, voici nos acolytes face à une pluie de météorites qui risque fort de détruire toute vie sur la planète. Un scénario de fin du monde donc, qui n’est pas sans rappeler Armageddon, dont plusieurs références sont faites au cours du film. Cependant, cette catastrophe ne va pas prendre tout le film. En fait, il s’agit d’une menace et il faut trouver une solution pour sauver sa peau. Ainsi, le film gagne en enjeu dramatique et interpelle le spectateur sur la manière dont va se dérouler la suite du métrage pour combattre cette menace venue de l’espace. Néanmoins, même si cela est intelligent, forçant les personnages à interagir ensemble pour réussir quelque chose de grand, le film loupe le coche à cause de problèmes familiaux trop complexe à comprendre pour les enfants.
En effet, si les scénaristes ont tenu compte du vieillissement des personnages, il en oublie aussi le jeune public qui ne pourra qu’à moitié se satisfaire d’une déferlante d’action parfois illisible. A titre d’exemple, le plan-séquence réintroduisant Buck (que l’on a pu voir dans le troisième opus) est vertigineux mais relativement brouillon dans sa démarche, rendant l’ensemble presque vomitif et sans vraiment de sens, si ce n’est mettre en avant des méchants presque inexistants. Et c’est dommage que cette séquence soit presque ratée, car la technique du film est impressionnante, et les images sont sublimes. Mettant plus de couleurs dans le métrage, l’équipe technique s’est donné beaucoup de mal pour créer Géotopia et ses animaux multicolores évoluant dans une atmosphère hippie. Les moments dans l’espace avec Scrat sont aussi magnifiques, en plus d’être très drôles, notamment lorsque ce dernier se bat contre la gravité pour chercher son gland. En ce sens, le spectacle est assuré pour les enfants et le message d’entraide passe assez bien sur la fin, mais le rythme scandé du film risque fort d’en perdre plus d’un.
Car cette fois-ci, si Scrat prend part à l’évolution du scénario, il n’en demeure pas moins que ses apparitions se résument à des mini sketchs (souvent très drôles), mais brisant un rythme préétabli et ténu. Ces brisures sont surprenantes et parfois malvenues malgré l’humour qu’apporte cet écureuil. Enfin, les messages globaux sont assez difficiles d’accès et s’adressent surtout aux parents. En effet, Manny se pose beaucoup de questions sur la future vie de sa fille qui va quitter le cocon familial avec son amoureux et sur les valeurs qu’il lui a inculqué. A-t-il bien rempli son rôle de père ? Sa fille ne sera-t-elle pas en danger loin de lui ? D’un autre côté, c’est Diego, le tigre à dents de sabre, qui se demande s’il peut fonder une famille avec Kira et s’il sera un bon père. Seul Sid le paresseux recherche toujours l’amour et le trouvera peut-être au cours de cette quête malgré sa maladresse maladive. Du coup, les différents messages sont très adultes et les moments de palabre évoquant ces sujets peuvent rapidement perdre un jeune spectateur. Puis il est difficile de s’identifier aux personnages secondaires qui perdent en intensité ce qu’ils gagnent en loufoquerie, histoire de meubler le vide qui les habite. Entre Scrat, Buck la belette schizophrène ou encore les deux frères opossums complètement givrés, c’est un peu trop l’hystérie pour trouver une pointe de sérénité dans le récit.
Au final, L’Age de Glace les Lois de l’Univers est un film relativement agréable et familial même s’il est bien en-dessous des deux premiers films de la saga. Si le niveau technique est au top et que l’ensemble se suit sans trop de problème, les différents messages sont plus à la portée des adultes que des enfants et le rythme souvent cassé par les apparitions de Scrat risque fort d’en déconcentrer plus d’un. Néanmoins, dans sa globalité, il en ressort un film inégal, certes, mais plaisant et divertissant et finalement, c’est tout ce qu’on lui demande.
Note : 14/20
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Par AqME