Titre Original : Escape From Alcatraz
De : Don Siegel
Avec Clint Eastwood, Stephen Bradley, Patrick McGoohan, Roberts Blossom
Année: 1979
Pays: Etats-Unis
Genre: Action, Policier
Résumé :
Frank Morris s’est évadé de plusieurs prisons. En 1960, il est écroué et transféré au célèbre pénitencier d’Alcatraz construit sur un piton rocheux face à la côte. Il réussira, une nouvelle fois avec deux complices, à s’évader de la prison la plus surveillée des Etats-Unis.
Avis :
Don Siegel est un réalisateur venu du montage, une profession qu’il a exercée pendant près de dix ans avant de se lancer dans ses propres longs-métrages. On notera qu’à son actif, il a tout de même « Casablanca » de Michael Curtiz, rien que ça… De 1946 à 1982, Don Siegel va réaliser de nombreux films et faire une très belle rencontre, qui donnera naissance à une très belle collaboration, puisqu’en 1968, sur le film « Un shérif à New-York« , le réalisateur engage un jeune acteur prometteur, Clint Eastwood. Ensemble, ils vont tourner cinq films, dont les plus que cultes « Sierra Torride« , « L’inspecteur Harry » et « L’évadé d’Alcatraz« . Le film marquera leur dernière collaboration au bout d’une bonne dizaine d’années.
Dans le cinéma américain, on peut dire que choisir un film de ou avec Clint Eastwood est un peu comme un gage de qualité, l’acteur ayant rarement déçu et plus particulièrement dans ces années-là où il a enchaîné des films assez incroyables et jouissifs.
Quand les détenus ont du mal avec les règles, et que le système carcéral n’arrive à rien avec eux, ils sont transférés à la prison de très haute sécurité d’Alcatraz. Cette prison est une île et a la réputation d’être l’une des plus dures du pays. Personne ne s’est jamais évadé d’Alcatraz et le directeur est bien décidé à ce que cet état de fait ne change jamais. Après s’être évadé de plusieurs prisons, Frank Morris est transféré sur le rocher. Alors qu’il est résigné à faire sa peine, plusieurs événements l’amènent à réfléchir autrement. Et après quelques repérages, Frank pense avoir trouvé le moyen parfait pour s’évader d’Alcatraz.
« L’évadé d’Alcatraz« , c’est que l’on appelle une valeur sûre, car le film de Don Siegel est une réussite totale, ou presque, à un ou deux détails près.
La première chose qui frappe quand on entre dans le film, c’est le côté anxiogène et étouffant que dégagent les images. Don Siegel a parfaitement su travailler son ambiance et ainsi, « L’évadé d’Alcatraz » bénéficie d’un univers à part par rapport à d’autres films qui évolue dans un univers carcéral. Et pourtant, le film n’évite pas les clichés mais en même temps, ils sont incontournables. On retrouvera donc tout ce qui fait le film de prison, rivalités entre bandes et ethnies, homosexualité, même les scènes de douches, et les matons très désagréables. Pour beaucoup d’autres films, on aurait pu trouver cela agaçant, mais ici, Don Siegel a une façon assez intelligente de se servir de certains de ces clichés et au final cela fait avancer l’intrigue.
Le scénario que présente Don Siegel est minimaliste, tendu, bien écrit et structuré. C’est un bon scénario qui ne va faire que monter petit à petit. Le réalisateur a très bien su rendre l’obsession de l’évasion que chaque détenu caresse en douce, sans jamais trouver la bonne solution pour pouvoir s’échapper ou avoir le courage d’essayer. Le réalisateur dose très bien cette envie. Il la décrit parfaitement sans trop en faire, mais en insistant suffisamment pour créer un climat redoutable, ce qui amène d’autant plus de tension pendant ladite évasion. Il a très bien su rendre aussi le côté interminable des journées qui passent, qui se ressemblent toutes les unes après les autres. De plus, les décors, les murs, les petites cellules, les couleurs utilisées sont autant d’arguments qui rendent Alcatraz rude, rigide, difficile à vivre et tourmentée.
Ce qui est excellent avec ce film, c’est que son scénario se tient tout seul. Il n’a pas besoin de spectaculaire pour captiver son spectateur. C’est de manière précise, détaillée (le plan de l’évasion et sa réalisation sont passionnants), tout en étant divertissant, qu’il nous emmène vers cette fin magnifique pleine d’espoir, mais qui laisse planer un petit doute très appréciable. Oui, le film relate la seule évasion connue du rocher, et les membres n’ont jamais été retrouvés, d’où le doute.
Un peu à l’image de cette évasion, la réalisation de Don Siegel est méthodique et soutenue. Le film n’a pas pris une ride, tout fonctionne encore à merveille. Le réalisateur nous place à la hauteur de son personnage principal et c’est à ses côtés que l’on découvre l’endroit, ses règles et ceux qui les imposent. Le réalisateur a le souci du réalisme, de l’authenticité et ça se sent à l’écran. Tourné réellement sur le rocher, dans l’enceinte même d’Alcatraz, d’où l’ambiance si réussie, le film flirte quelque fois avec un aspect documentaire très plaisant. Don Siegel divertit sans aucun problème, tout en nous parlant d’une époque et d’un endroit à part, en dehors du monde et du temps. Et c’est ce qui fait l’une de ses forces.
« L’évadé d’Alcatraz« , c’est Clint Eastwood qui le campe et l’acteur est remarquable. Remarquable de patience, de calme et d’assurance. Le réalisateur a pris le parti de ne pas trop nous présenter le personnage dans son passé. On ne sait pas trop ce qu’il a fait pour être sur le rocher. On sait juste qu’il s’est évadé de plusieurs prisons. Il impose donc un côté mystérieux, qui rend le personnage d’autant plus touchant, car on ne sera le juger. Ce procédé est vraiment intelligent, car le réalisateur et son acteur nous laissent finalement seul juge en ce qui concerne son personnage, qu’on entrevoit froid, mais sympathique avec ce passé qu’on ignore, et qu’on ne peut qu’imaginer. Eastwood a comme compagnon de prison l’excellent Larry Hankin qui trouve un rôle presque bouleversant. On mettra juste un petit bémol en ce qui concerne Patrick McGoohan qui incarne le directeur de la prison, un homme cruel et sadique qui use de son petit pouvoir. Si l’acteur est très bon à plusieurs reprises, parfois, il a tendance à en faire un petit trop et tombe presque dans la caricature et c’est dommage.
Don Siegel nous tient donc en haleine jusqu’à son final et peut-être même plus encore. Cet « Évadé d’Alcatraz » est aussi divertissant, qu’intéressant et tendu. Et surtout, il est tenu par un Clint Eastwood qui assure à tous les instants.
Note : 16/20
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Par Cinéted