avril 19, 2024

Le Rituel – Adam Nevill

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Auteur : Adam Nevill

Editeur : Bragelonne

Genre : Horreur

Résumé :

Lorsque quatre copains de fac partent camper dans la nature sauvage scandinave, ils espèrent simplement échapper au quotidien et renouer des liens. Mais en quelques heures leur randonnée tourne au scénario de cauchemar.
Perdus et affamés dans des bois inexplorés depuis des lustres, la situation leur échappe à une vitesse vertigineuse. Mises en scène macabres et sacrifices païens en l’honneur d’une créature millénaire : face à l’innommable, la folie guette ceux qui font désormais partie du Rituel…

Avis :

Adam Nevill est parvenu à se faire un nom grâce à ses romans horrifiques et fantastiques. Appartement 16, son précédent ouvrage, s’insinuait dans le domaine éculé de la maison hantée. Il en ressortait une intrigue longue plombée par une écriture trop laborieuse. Avec Le rituel, l’auteur délaisse les vieilles bâtisses grinçantes pour explorer des contrées plus sauvages et angoissantes : la forêt scandinave. Pour ce faire, le pitch de départ évoque les grandes lignes du survival en milieu hostile façon Délivrance. Ce changement radical de registre permet-il une appréciation moins partagée qu’auparavant ?

Avec un tel environnement pour une histoire, on dispose d’une ambiance déjà établie pour démarrer sur des bases saines. La densité de la flore va en s’accroissant au fil d’un périple qui sera loin d’être de tout repos. Des arbres gigantesques, une végétation qui multiplie les contraintes, la forêt officie comme le principal adversaire des randonneurs. L’auteur joue sur les contrastes, les changements de terrains (dénivelés, absence de sentiers…) et la perte de repères pour développer une atmosphère qui confère davantage au huis clos plutôt qu’à de vastes étendues sauvages. Grâce à cette sensation d’isolement, il se dégage une incroyable vulnérabilité face à une menace bien plus pernicieuse.

Cette impression de mort latente (la nature semble s’être figée pour toujours dans sa torpeur) est avancée avec patience. Pour cela, la randonnée fait montre d’une certaine variété pour éviter toute redondance. Il est vrai que certaines descriptions ont tendance à s’appesantir sur ce qui entoure le malheureux quatuor. Toutefois, on se laisse happer dans leurs tourments avec une curiosité teintée d’appréhension. La maison abandonnée, la clairière, les sous-bois… Tout contribue à former une sorte de microcosme préservé auquel on aurait insufflé une touche de mysticisme, comme si les croyances d’antan perduraient sans leurs adeptes.

Sur ce point, l’histoire s’inspire fortement du Projet Blair Witch. La sensation de huis clos et de perdition malgré la taille de la forêt, le danger invisible qui guette aux alentours, les reliques de rites anciens… Autant d’éléments, de détails, qui concourent à entretenir un climat délétère, presque désespéré. L’aspect survivaliste occupe une place importante pour fournir la crédibilité nécessaire à l’intrigue. Rationnement, planification du parcours, inventaire des outils en leur possession, ainsi que des opportunités qui s’offrent eux. L’auteur ne laisse rien au hasard pour que son histoire ne sombre pas dans la facilité.

On est également surpris par la qualité de la caractérisation. Là où on aurait pu craindre un traitement par-dessus la jambe avec des caricatures propres au genre, chaque protagoniste dévoile sa personnalité et sa face cachée au fil des difficultés à surmonter. Cette évolution sensible exacerbe les comportements afin de définir les limites de chacun. Les motivations pour un tel voyage, ainsi que les grandes lignes de leur vie, s’insèrent parfaitement au sein de l’intrigue. Seul bémol, les antagonistes (une bande de jeunes désœuvrés, fans de Black metal en mal de sensations fortes) de la seconde partie atténuent cette excellente impression.

Au final, Le rituel surprend de par la qualité de son récit. Sa construction se montre plus dynamique et efficace qu’Appartement 16 ; alors que le thème principal est beaucoup mieux exploité. Si l’on déplore de modestes longueurs ou la personnalité des petits trouble-fêtes en fin de parcours, la variété des situations offre une aventure inquiétante et maîtrisée. Adam Nevill dépeint un environnement sans complaisance tout en nourrissant l’atmosphère qu’il dégage d’une bonne dose de mysticisme. Une histoire horrifique qui lorgne du côté du Projet Blair tout en se montrant un survival classique, mais efficace.

Note : 15/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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