Résumé :
Une évasion générale se déroule à Arkham. Batman va sur les lieux pour régler le problème, mais il ne sait pas qu’il tombe dans un piège.
Avis :
Comme bon nombre de licences à succès, Batman n’a jamais brillé par ses adaptations vidéoludiques. On songe à des jeux bâclés par une flopée de problèmes liée au gameplay ; sans compter une patte esthétique minime, pour ne pas dire scandaleuse. Quant à parler de l’atmosphère sombre des comics, on n’évoque même pas l’intention de la développer. Pour n’en citer que quelques-uns : Batman Dark Tomorrow, Batman of the future : Return of the joker… Des titres qui rivalisent de nullité au même titre que Batman & Robin dans le domaine cinématographique. Alors la venue d’Arkham asylum ne se contente pas de faire table rase du passé, il nous le fait oublier de la plus belle des manières !
Dès les premiers instants, l’on sent une volonté de coller au plus près de l’esprit torturé et délétère du matériau de base. Une introduction percutante et nuancée sur la capture du joker, une situation qui tourne court et une évasion généralisée font un excellent point de départ. Si l’intrigue reste assez simpliste dans ses fondamentaux (rétablir l’ordre et botter les fesses des criminels), elle n’en demeure pas moins prenante et plaisante à suivre. La mise en scène n’y est sans doute pas étrangère puisqu’elle délaisse l’esbroufe au profit d’un traitement posé et soigné afin que la partie narrative s’incorpore parfaitement au cœur du jeu.
Une expérience qui nous entraîne dans les méandres de l’asile d’Arkham. Les développeurs ont concentré leurs efforts sur l’île pour laisser l’illusion d’un « monde ouvert » tout en réduisant le champ des possibilités. L’emploi de la carte pour suivre les objectifs principaux ou se repérer, l’ajout de quêtes annexes, les moyens évoquent des titres plus vastes tels qu’Assassin’s creed. Si les ambitions sont équivalentes, la superficie du terrain est plus restreinte sans pour autant donner le sentiment d’être piégé aux limites de frontières invisibles. Des labyrinthes de couloirs étroits aux cours extérieures des bâtiments (réparties en plusieurs zones), Arkham asylum possède des influences évidentes, mais n’en retire que le meilleur.
Les développeurs se sont attachés aux multiples compétences de Batman pour fournir un gameplay riche et cohérent. On jongle avec un naturel déconcertant entre les phases d’action et l’infiltration, le tout saupoudré d’un soupçon d’investigation et de piratage de certains systèmes (assez répétitif, cela dit). Sans pour autant être facile dans sa progression, la prise en main est aisée alors que les évolutions de notre personnage sont distillées à intervalles réguliers pour ne pas perdre le joueur sous un flot de possibilités qu’il ne fera qu’effleurer. Ici, tout à son importance, quitte parfois à imposer une orientation précise au lieu de laisser une réelle liberté pour aborder une situation donnée.
Les combats mêlent avec une certaine habileté l’attaque et la défense pour des assauts aussi fluides que dynamiques. Parfaite alchimie entre la portée de coups percutants et de contre-attaques salvatrices, les affrontements se révèlent des plus jouissifs. Mais ceux-ci ne sont qu’une facette de la toute-puissance éprouvée lorsqu’on incarne le chevalier noir. Une approche mesurée permet d’apprécier l’ensemble des possibilités du gameplay. Se servir du grappin pour atteindre des corniches surélevées, planer avant d’assommer un adversaire, le pendre par les pieds après s’être suspendu la tête à l’envers… On dispose vraiment d’un panel exhaustif et varié pour savourer le jeu de différentes manières.
Mais que serait Batman sans ses ennemis légendaires ? Là encore, on nous offre le meilleur avec, en guise de chef d’orchestre déjanté, le joker et ses facéties de psychopathes. On notera également la présence remarquée de Poison Ivy, Harley Quinn, l’épouvantail, Killer Croc ou Bane. Des antagonistes charismatiques qui possèdent autant de forces que de points faibles. Seul bémol, les affrontements auraient à être plus corsés. Autant leur design que les doublages sont de qualité pour donner naissance à chaque intervenant. À cela, s’ajoutent des enregistrements d’entretien à écouter dans leurs biographies pour en apprendre davantage sur eux.
Des suppléments qui traduisent la complémentarité dont fait preuve le jeu au regard des comics. À ce titre, l’on nous offre pléthore de bonus qui viendront grossir une durée de vie déjà conséquente. Il faut compter une douzaine d’heures en ligne droite pour terminer l’aventure principale. Outre les enregistrements précités à trouver et les améliorations de Batman, vous pouvez dénicher les symboles de l’esprit d’Arkham pour découvrir le passé de l’île, mais aussi résoudre les énigmes de l’homme-mystère (environ 240 !). Une fois le tour d’Arkham effectué, vous pouvez également vous pencher sur les nombreux défis qui demandent patience et rigueur pour culminer au tableau des scores.
Au final, Batman Arkham Asylum est la meilleure adaptation de Batman dans l’univers du jeu vidéo. Respectueux des comics, le titre de Rocksteady allie la finesse d’un gameplay fluide et accessible à l’atmosphère sombre et délétère du chevalier noir. Nanti d’une véritable cohérence dans l’architecture de l’asile ou de son environnement, on se plaît à varier les plaisirs entre une approche furtive et attaquer de front pour essayer les tactiques les plus efficaces. Si la trilogie de Christopher Nolan avait marqué la renaissance de Batman au cinéma, Arkham Asylum se charge de lui offrir ses lettres de noblesse dans le domaine vidéoludique. Indispensable pour les fans et les amateurs de bon jeu.
Note : 18/20
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Par Dante