avril 19, 2024

Forget-Me-Not

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Auteur : Kenji Tsuruta

Editeur : Casterman

Genre : Policier

Résumé :

Moue boudeuse, regard enjôleur, le T-shirt moulant une poitrine presque envahissante : telle est la délicieuse Mariel Imari. Détective privée domiciliée à Venise, la belle a un emploi du temps chargé, entre un célèbre voleur d’objets d’art qui lui pose des lapins, la quête du tableau Forget me not, son idylle avec le jeune brocanteur Veppo, et ses deux sœurs débarquées du Japon.

Avis :

La loi du marché du manga est encore plus impitoyable que celle de la BD en France. Il faut dire que si les ventes ne décollent pas, certains éditeurs n’hésitent pas à demander à leur mangaka de conclure une série, peu importe la façon. A contrario, si une série ou un univers fonctionne du feu de dieu, à ce moment-là, comme au cinéma, les éditeurs réclament des spin-off et des produits dérivés. Kenji Tsuruta est un mangaka relativement connu au Japon, notamment pour son œuvre Spirit of Wonder, qui fut publié en 1999 en France, et pour toutes ses autres œuvres qui gravitent autour d’un univers qu’il a créé. Univers onirique, à l’ambiance éthérée, qui se veut poétique et doux. Forget-Me-Not est paru en 2004 et est un one shot se situant dans cet univers, mais délaissant le poétique pour faire une sorte de pastiche d’Edgar et d’Arsène Lupin complètement raté et totalement inefficace.

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Mariel possède une forte réputation. Domiciliée à Venise, elle est une détective privée au caractère bien trempé et la vie plutôt bohème. Sa vie est partagée entre la poursuite du célèbre voleur Vecchio, de son amourette avec Veppo, mais aussi des quelques enquêtes qu’elle mène par-ci par-là. Mais la chose la plus importante pour elle, c’est de retrouver le voleur du tableau Forget-Me-Not, condition sine qua none pour qu’elle puisse hériter de la fortune de son grand-père.

Difficile de trouver un quelconque intérêt à cette œuvre. Dès le départ, l’auteur nous perd dans les dédales de Venise avec une jeune fille rêveuse, certes jolies, mais qui n’a rien de vraiment extraordinaire, hormis une façon de penser assez singulière. D’entrée de jeu, le ton est donné et on sera face à un essai de style plutôt déplaisant. Il faut dire que si l’ambiance éthérée sied parfaitement au roman policier, afin de créer une atmosphère angoissante, comme a pu le faire sir Arthur Conan Doyle, elle ne colle pas à l’envie d’en faire quelque chose de poétique. Et c’est bien là le principal défaut de ce manga, qui se perd en rêverie, en passages inutiles et en humour graveleux. Ce n’est pas parce que l’on voit l’héroïne à poil ou en petite culotte que l’on va l’aimer plus. Il est vrai que la contrainte du one shot est pénible pour développer un personnage, mais lorsque c’est le personnage central, il n’y a pas trop d’excuse.

Mais le plus affligeant avec Forget-Me-Not, c’est que l’on a l’impression que rien ne colle et qu’il manque carrément des passages pour tout comprendre. A plusieurs reprises les pages qui se suivent n’ont pas l’air d’être les bonnes, et on se reprendra à de nombreuses reprises à retourner en arrière pour voir si l’on n’a pas raté un passage. Les dialogues sont mal foutus, le lecteur sera perdu, non seulement dans une intrigue peu passionnante, mais aussi et surtout dans des dialogues sans queue ni tête. Faute de traduction française, volonté de faire des personnages qui sont rêveurs jusque dans leur façon de parler ? Point d’interrogation, mais vu la qualité hautement basse du produit, on pourrait pencher pour la deuxième solution.

Outre le fait que ce soit très court et pas intéressant, même le dessin ne sauve pas la mise de ce pauvre manga. Non seulement la couverture est mensongère laissant songer à quelque du domaine du fantastique, mais en plus, les personnages se ressemblent tous à l’intérieur. Le pire revient au chapitre où l’héroïne reçoit ses deux sœurs, qui sont des copies conformes. De ce fait, on ne sait jamais qui parle, provoquant une confusion désagréable. Si les décors sont plutôt jolis et bien dessinés, ce n’est pas la même chose pour les personnages. On flirte avec le réalisme et le cartoon. Si l’héroïne et quelques personnages récurrents bénéficient d’un traitement de faveur, les apparitions d’hommes frôlent le grotesque, avec des designs qui ne collent pas du tout à l’ambiance voulue.

Enfin, on peut aussi dire que les enjeux dramatiques ne tiennent pas la route. A aucun moment on ne comprend ce qu’il se passe A aucun moment on ressent quelque chose pour l’héroïne et les personnages qui l’entoure. A aucun moment le manga nous fait vivre une aventure ou nous interroge sur un suspect. Rien, absolument rien ne nous raccroche à la lecture, aussi bien sur la recherche du tableau, qui semble être une cause perdue, qu’aux autres enquêtes qui sont bâclées en quelques pages.

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Au final, Forget-Me-Not est une amère déception. Sorte de parodie des livres policiers et de faussaires, le manga s’enfonce continuellement dans la médiocrité, proposant une légèreté qui ne colle pas du tout à ce style. Relativement bancal sur le plan des dessins, ce one shot sera vite oublié et porte bien mal son nom.

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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