avril 18, 2024

Big Racket – Vengeance au Plomb

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Titre Original : Il Grande Racket

De : Enzo G. Castellari

Avec Fabio Testi, Salvatore Borghese, Vincent Gardenia, Renzo Palmer

Année : 1976

Pays : Italie

Genre : Polar

Résumé :

A Rome, une organisation mafieuse dirigée par Rudy le marseillais rackette les commerçants avec une violence inouïe. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Nico Palmieri (Fabio Testi) manque de se faire tuer et fait un bref séjour à l’hôpital. Il décide alors de combattre cette bande criminelle par tous les moyens. Avec l’aide de citoyens, il forme une milice armée qui entreprend de nettoyer la ville par la violence.

Avis :

Le cinéma de chaque pays est influencé par son histoire à un certain temps. Ainsi, lorsque l’on s’intéresse à un pays bien précis et que l’on retrace sa filmographie, on verra des films plus ou moins inspirés mais surtout dans l’ère du temps, marquant ainsi une époque, une histoire. Dans les années 70, l’Italie n’est pas au mieux de sa forme. En effet, elle subit les revendications politiques des brigades rouges et vivra ce que l’on appellera ses années de plomb. Cette période noire va inspirer les cinéastes de l’époque et l’Italie va fournir une flopée de polars très sombres, âpres, reflétant un climat tendu et violent. Big Racket est un film assez méconnu dans la filmographie d’Enzo G. Castellari, réalisateur des Guerriers du Bronx ou de La Mort au Large, et pourtant, il possède de gros atouts et fort heureusement que Artus Films l’a remis au gout du jour.

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A Rome, une organisation mafieuse tenue par un marseillais fait du racket aux commerçants, leur assurant une protection contre de l’argent. Mais dans les faits, cet argent protège les commerçants contre leurs racketteurs, qui n’hésitent pas à tout casser, brûler et violenter quand ils n’ont pas ce qu’ils veulent. L’enquêteur Nico Palmieri se met en quête de trouver ce marseillais et d’en apprendre plus sur cette organisation qui terrorise tout Rome. Alors qu’il se fait blesser que son associé se fait abattre et qu’on lui retire l’affaire, il décide de former une petite milice pour se faire justice et nettoyer la ville de ces malfrats.

Le film de vengeance est un genre assez sulfureux qui pose beaucoup de questions. Il faut dire que l’auto-justice n’est pas quelque chose de politiquement correct et certains films possèdent une morale assez douteuse. La mort de quelqu’un peut-il assouvir notre peine ou notre colère ? Ne serions-nous pas comme notre ennemi en agissant comme lui ? Quoiqu’il en soit, le revenge movie connait beaucoup d’adeptes et permet de se poser de bonnes questions éthiques. Parmi les plus récents, on peut citer le Death Sentence de James Wan ou encore l’excellent The Horseman, thriller australien trop peu connu. En 1976, alors que l’Italie connait des heures sombres, Enzo G. Castellari propose Big Racket, un film de revanche et de vengeance qui reste très étonnant, surtout dans sa violence graphique.

Car c’est bien ça qui frappe en premier. Le film ne lésine pas sur les moyens pour plus ou moins choquer le spectateur. On commence doucement avec du saccage en bonne et due forme puis on continue avec de la violence physique et verbale ainsi que des menaces sur des enfants. Allant jusqu’au bout de l’ignominie, le film va fournir des scènes de viols abominables, quasiment en frontal, montrant ainsi la folie qui habite ces hommes. On pourrait rapprocher cela à un certain Orange Mécanique, qui propose une violence toute aussi crue. Néanmoins, cette violence n’est pas gratuite puisqu’elle sert à montrer la folie de ces bandits et jusqu’où ils sont prêts à aller. D’ailleurs, une histoire de drogue sera là pour expliquer cette violence exacerbée. Le film propose donc une vision choc et se révèle intéressant aussi au niveau de la mise en scène qui est très inspirée et envoie des plans que l’on ne voit plus aujourd’hui, renvoyant ainsi au giallo, avec des vues entre des bâillements de porte ou deux piliers de béton rapprochés.

Mais en plus de cela, le film est sévèrement burné, nerveux et ne laisse pas une minute de répit au spectateur. Entre des fusillades, des combats à mains nues ou encore des scènes de destruction, le film possède un rythme presque effréné. Il se pose tout de même de temps en temps afin de proposer une intrigue, un peu faiblarde, mais renforçant les liens entre les deux policiers. Fabio Testi est d’ailleurs remarquable dans le rôle principal, personnage à la fois attachant et dur. On regrettera simplement dans le film les morts quelque peu surjouées avec des comédiens qui se roulent par terre durant quelques secondes alors qu’ils ont pris une flopée de balles dans le ciboulot. On pourra aussi pester contre ce personnage qui arrive sur la fin pour constituer l’armada du flic, alors qu’on ne l’a pas vu de tout le film, mais cela reste un détail. La séquence finale est par contre très intéressante, avec ce qu’il faut de fusillades et une réalisation inspirée compensant un twist prévisible à des kilomètres.

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Au final, Big Racket est un film qui aujourd’hui encore impressionne par ses choix de réalisation et son scénario violent et sans concession. Le film ne passerait certainement pas au cinéma aujourd’hui, du fait de sa violence exacerbée et de certaines scènes assez difficiles dont deux viols qui se terminent relativement mal. Un film jusqu’au boutiste qui envoie bouler pas mal de codes et qui ose, ce qui est rare dans le cinéma actuel, et c’est avec une grande joie qu’Artus permet de voir ce genre de films quelque peu oublié ou pas connu, permettant de voir un cinéma âpre, cru, mais nécessaire.

Note : 17/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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