Avis :
Elie Yaffa n’est effectivement pas un nom de scène idéal. Mais pourquoi avoir choisi le pseudonyme Booba ? Il faut dire que le bougre ne brille pas par sa douceur et sa délicatesse dont fait preuve le célèbre ourson qui a bercé l’enfance de nombreuses personnes. Quoiqu’il en soit, que l’on aime ou que l’on déteste, on ne peut pas nier la constance du rappeur, qui revient avec son septième album studio après plus que vingt ans de carrière. Subversif, tenant des propos violents et faisant souvent l’apologie du pognon facile de la vie des rues, Booba s’est taillé une réputation sulfureuse et pour lequel on ne sait pas ce qui est vrai et ce qui est faux (tout comme ses biscotos). Alors que le remix de son précédent album est sorti il y a peu de temps, voilà que déboule D.U.C, un septième effort qui rappelle son surnom, le Duc de Boulogne (oui, on aurait plus cru à un acronyme genre Dans Un Cul, mais non). Alors le presque quarantenaire s’est assagi ? Son album sort-il des sentiers battus du rap de banlieue ? Et bien non ! Et pire que cela, il s’agit certainement d’une des plus mauvaises choses qui soient sorties cette année, avec un album fainéant, lourdingue, provocateur mais qui ne montre pas l’intelligence de son auteur.
Le skeud débute avec D.U.C, le morceau éponyme de l’album. Et il faut dire que cela débute assez mal. Chanson à la gloire de son auteur, le morceau fait la part belle à l’argent facile, à la drogue et aux filles objets. Au niveau de l’instrumentalisation, on reste dans la facilité avec du son électro à grands renforts de basses bien lourdes pour un rythme d’une grande lenteur et tout l’album sera dans la même mollesse. Mais le problème vient aussi de l’autotunage qui est bien trop présent. Ce genre de gadget qui permet de modifier sa voix quand on ne sait pas chanter est dans tous les morceaux, essayant vainement de donner un style américain à un produit purement français. Dans son ensemble, tout le skeud se ressemble et tous les morceaux semblent être les mêmes, aussi bien dans les thématiques que dans la musique. Encore une fois, ça parle de putes, de couilles, de fusil mitrailleur ou encore de drogue. Le problème, c’est que l’album dure longtemps le long de ses 19 titres et au bout d’un moment, on est envahi par une grande lassitude. D’autant plus que le rappeur ne possède pas une jolie voix et qu’il ne fait rien pour améliorer son cas. On peut parler du morceau Bellucci, qui démarre avec cet autotunage exaspérant et qui possède des paroles du plus grand ridicule. Prenons l’exemple de l’intro : « toujours frais j’reste à la surface, comme des glaçons dans mon Chivas ». Les autres exemples sont légions et il ne sert à rien de tout lister mais j’ai du mal à comprendre comment certaines personnes puissent comparer Booba à des écrivains comme Louis-Ferdinand Céline.
Il faut dire que le rappeur possède des thèmes récurrents au genre et on n’aura aucune surprise. Mais le plus inquiétant, c’est que le type commence à se faire vieux et qu’au contraire de certains rappeurs comme IAM, il ne s’assagit pas, pire que cela, on dirait un gosse de 16 ans en pleine crise de croissance qui écrit les paroles. Entre l’apologie de la drogue, de la violence et des combats de rue, le rappeur ne raconte rien hormis son fantasme violent. Le problème, c’est qu’il reste très écouté dans les banlieues, dans les cités, et que ses paroles ne sont pas à pour favoriser un message positif. Ayant fait le buzz avec les paroles suivantes : Ai-je une tête à m’appeler Charlie ? Réponds-moi franchement. Tu as mal parlé tu t’es fait plombé. C’est ça la rue, c’est ça les tranchées, on ne peut pas dire que le rappeur appelle à la tolérance et à la mesure des actes. Selon lui, il est donc logique de se faire tuer pour des paroles ou des dessins. Chouette attitude pour un mec qui ne fait qu’inventer un monde violent où l’intelligence ne sera plus. Après, vu la qualité de l’album, c’était surement le seul moyen pour lui de faire parler de son skeud, mais cette attitude navrante se révèle dangereuse, favorisant le communautarisme. Enfin, puisqu’il dit clairement qu’il est pour ça… Et on ne parle même pas de l’égo démesuré du mec, se demandant pourquoi il est toujours en vie si les meilleurs partent en premier. Je pense avoir la réponse…
Au final, D.U.C, le dernier album de Booba est une bouse infâme, mais surtout dangereuse. Faisant l’apologie de la violence, du communautarisme, de la drogue, de l’argent facile, le tout avec une instrumentalisation navrante et toujours identique, on ne peut pas dire que ce skeud soit fait pour apaiser les tensions ou pour prôner quelque chose de positif. Et je trouve dommage venant d’un quarantenaire ayant de la bouteille de ne pas faire quelque chose de respectueux et surtout d’intelligent. Véhiculant une image de balourd plus proche du singe que de l’homme, il faut fuir à tout prix cet album néfaste.
- U.C
- Tony Sosa
- Bellucci feat Future
- Loin d’Ici
- Caracas
- Mon Pays
- All Set feat Jeremih
- Les Meilleurs feat 40 000 gang
- Move Lang feat Bridjahting et Gato
- LVMH
- G-Love feat Furruko
- Billets Violets
- Raptis feat Mavado
- Jack Da
- Kopp
- Temps Mort 2.0 feat Lino
- 3G
- La Mort Leur va si Bien
- OKLM
Note : 00/20
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Par AqME