mars 28, 2024

8 Mile

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De : Curtis Hanson

Avec Eminem, Brittany Murphy, Kim Basinger, Mekhi Phifer

Année: 2002

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

A Detroit, en 1995, Jimmy Smith Jr. a des rêves plein la tête, mais il lui manque encore les mots pour les exprimer. Sa vie d’adolescent se déroule entre banlieue blanche et quartiers noirs, le long de cette ligne de démarcation que l’on nomme 8 Mile Road. En dépit de tous ses efforts, Jimmy n’a jamais franchi cette barrière symbolique et continue d’accumuler les déboires familiaux, professionnels et sentimentaux.
Un jour, il participe à un clash – une joute oratoire de rappeurs – où il doit faire face à Papa Doc, le chef de la bande des  » Leaders du Monde Libre « . Paralysé par le trac, il reste muet et doit quitter la scène sous les huées de la foule. Cette nouvelle humiliation l’oblige à un salutaire examen de conscience. Quelques jours plus tard, Jimmy se retrouve forcé de tenter un come-back

Avis:

Début des années 2000, l’univers du hip-hop américain est bouleversé par l’arrivée d’un nouveau nom, Eminem. Dans cet univers black, produit par le célèbre Dr. Dre, le petit blanc va faire un carton fracassant, avec un sacré record à son actif, puisqu’il est le seul rappeur à avoir remporté trois années de suite le Grammy Award du meilleur album rap. Alors des destins comme celui-ci, forcément, ça attire l’œil d’Hollywood et 2003, le rappeur se lance dans un nouveau défi et passe devant la caméra d’un certain Curtis Hanson.

Curtis Hanson, c’est l’homme derrière deux films que j’adore « L.A Confidential » et « La main sur le berceau« . C’est un réalisateur qui change régulièrement d’univers, passant aisément du thriller au film d’aventure, du policier à la comédie potache et en 2003, il rajoute un style à son arc, en passant au film de banlieue façon ghetto et le moins que l’on puisse dire, c’est que le film est une belle petite réussite, qui va révéler une sensibilité insoupçonnée chez l’un des artistes les plus sulfureux de l’industrie du rap.

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Detroit 1995, Jimmy Smith Jr. essaie comme il peut de survivre. Son quotidien est partagé entre un boulot qu’il n’aime pas, un beau-père qu’il ne supporte pas, la glande avec ses potes dans les quartiers et le hip-hop. Jimmy écrit et rappe, il est même très bon. Son meilleur pote voit en lui un gros potentiel. D’ailleurs, son pote organise des battles de rap dans une boite assez connue. Il incite Jimmy à y participer, et y arrive même un soir, mais paralysé par le trac, Jimmy quitte la scène sans même avoir prononcé un seul mot. Une humiliation de plus. Jimmy va alors continuer de zoner, jusqu’à ce qu’enfin, il prenne confiance en lui et finisse par défier Papa Doc, le leader du groupe les  » Leaders du Monde Libre « .

Qui aurait imaginé que le rappeur de Detroit Eminem se révélerait être un excellent acteur ? Alors qu’il est sommet de sa gloire et qu’il pourrait se reposer sur ses lauriers, le rappeur se lance dans le cinéma (son seul film à ce jour, où il incarnait un personnage), et le résultat est là et le film est une petite bombe hip-hop.

« 8 Mile« , c’est un peu la vie d’Eminem mise en images et interprétée par lui-même. Même si tout le film n’est pas autobiographique, que certains passages sont inventés, romancés ou valorisés, car le rappeur ne voulait pas faire pitié et assure que la vérité est bien plus dramatique, le film fait énormément écho à sa propre vie, ne serais-ce que par rapport aux dates et aux lieux qui sont pour beaucoup les mêmes que le rappeur fréquentait quelques années plutôt.

« 8 Mile« , c’est un film que j’aime bien. Je peux même dire que c’est l’un des films que je préfère (avec « Hustle & Flow » de Craig Brewer et « Rize » de David Lachappelle) se déroulant dans le monde du hip-hop. L’histoire est pourtant assez simple et s’apparente plus à une tranche de vie. Le film est une succession de rencontres plus ou moins importantes, qui vont pousser le personnage à prendre confiance en lui et enfin démontrer l’entendu de son talent. Ce que j’aime, c’est que le réalisateur a réussi à capter ce monde particulier, à le rendre crédible et attachant. Alors que beaucoup auraient pu tomber dans le trash, ou nous raconter une histoire tape à l’œil pour faire parler du film, il a choisi de faire un film plus simple et du coup plus prenant. « 8 Mile » n’est pas racoleur, c’est même un film assez sensible. Bien sûr, le film n’évite pas les clichés, mais ce n’est pas agaçant, car ils sont bien employés et servent les personnages, l’histoire et le film. Autre chose que le film évite avec succès, c’est qu’il ne tombe dans la gloire à Eminem. Le film n’est pas prétentieux ou mégalo et le personnage reste simple, réel et on se prend d’affection pour lui.

Idem dans la mise en scène, le film est très simple, très épuré, qui a son caractère, mais qui n’en abuse pas. Ici aussi le film évite le tape à l’œil et le réalisateur se concentre sur l’histoire et comment la servir au mieux. Les battles par exemple sont très intimes, et développent une ambiance terrible. Parfois, le film est sombre, et les moments sont durs, mais à aucun moment on ne tombe dans le misérabilisme, il y a toujours une forme d’espoir qui surgit de chaque scène, l’envie de s’en sortir, de ne pas s’apitoyer sur soi.

Pour les amoureux du hip-hop, du rap ou de la soul, vous devriez être servi, car la bande son est à l’image du film, une petite bombe pour les oreilles et l’on retrouve des titres d’Eminem bien sûr (à savoir qu’il a même remporté l’Oscar de la meilleure chanson pour Lose Yourself, ce qui fait de lui le seul rappeur à détenir cette récompense), mais aussi des morceaux de Xzibit, Macy Gray, Nas ou 50 Cent et Jay-Z.

Enfin, « 8 Mile« , c’est la révélation étonnante qu’est Eminem acteur. C’est vrai qu’il joue son « propre rôle », mais pourtant, il est terriblement naturel. Il est vraiment touchant et assure à chaque instant, que ce soit dans les scènes de battle, dans le drame, ou encore la comédie, car le film a quelques moments comiques. Le film est aussi étonnant dans son casting. Un casting solide. Si on n’est pas surpris de la présence des excellents Mekhi Phifer, Omar Benson Miller, Anthony Mackie, Evan Jones, et même la regrettée Brittany Murphy, on sera très surpris de trouver la bien trop rare Kim Basinger dans le rôle de la mère de Jimmy ou Michael Shannon, le beau-père insupportable.

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Bref, « 8 Mile » est un film que j’aime et qui douze ans après sa sortie ne me lasse toujours pas. J’aime toujours autant le revoir, j’aime toujours autant écouter sa BO. En fait, plus je le regarde et plus je me rends compte qu’aussi bien dans ce qu’il raconte, que ce qu’il nous montre Curtis Hanson a réalisé un film intelligent qui ne vieillit pas.

Note : 17/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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