Avis :
Formé en 1996 dans leur Finlande natale, Nightwish est considéré aujourd’hui comme LE groupe qui a démocratisé le métal symphonique dans le monde. Mais si le succès est immédiat dans leur pays, il leur faudra du temps pour conquérir le monde. En effet, c’est à partir de Oceanborn et Wishmaster en 2000 que le groupe connait un succès retentissant dans le monde entier. Ce qui fait la force du groupe, c’est le choix de placer une chanteuse lyrique, alors que le milieu du métal est très macho et masculin, sur le devant de la scène. Ainsi Tarja Turunen ouvre le bal avant de se séparer du groupe en 2005, choisissant de faire une carrière solo. C’est alors que les chanteuses vont aller et venir entre Anette Olzon qui fera deux albums pour le groupe (Dark Passion Play et Imaginaerum) et Floor Jansen qui est actuellement avec la formation. Mais le départ de la chanteuse d’origine a laissé des traces sur la formation, faisant depuis leur succès une sorte de métal symphonique assez po et très grand public. D’ailleurs, une partie des fans avait fait le choix de délaisser le groupe, le trouvant trop accessible et bien trop commercial. Mais c’était sans compter sur ce nouvel opus sorti fin mars, qui renoue avec le Nightwish d’antan.
Dès la playlist, on sait que Nightwish revient vers ses premiers amours. Le skeud est long, très long, quasiment 1h20 avec une dernière pièce qui dépasse allègrement les 24 minutes. Cela faisait bien longtemps que le groupe n’avait pas offert une telle générosité dans un album, mais encore faut-il que la qualité suive. Le skeud commence très fort, à la manière un peu d’une Rhapsody of Fire, avec un homme qui parle comme pour raconter une histoire et les riffs agressifs commencent avec une pléiade de violons qui lancent sur un rythme parfait. Alors il est vrai que la chanteuse possède une voix plus pop que Tarja Turunen, mais l’ensemble est parfait, elle ne force pas trop, c’est juste et colle parfaitement à l’univers de Nightwish. D’autant plus que le refrain en chœur est parfait et bien entrainant. Bref, Shudder Before the Beautiful est une excellente entrée en la matière avec en plus un solo de clavier parfait. D’ailleurs l’échange entre le clavier et la guitare dans le morceau est juste monumental. Dans le même style, en version agressif, Weak Fantasy s’impose de lui-même démarrant avec des guitares saturées puis enchainant avec moult instruments rappelant une chasse à courre avec des créatures mystiques. Si le titre s’avère un peu moins marquant que le premier, il reste dans le même style, n’ennuyant jamais malgré la longueur du titre et proposant surtout un refrain surpuissant et d’une grande violence, faisant dans le grandiloquent mais avec une maîtrise incroyable. On peut aussi citer dans le même genre Yours is an Empty Hope, qui se révèle lyrique mais aussi très puissant et qui pourrait parfaitement faire l’affaire dans un film de fantasy. On retrouve d’ailleurs l’alternance de chant entre la voix féminine et une autre plus grave et masculine. Enfin, on peut aussi parler de Endless Forms Most Beautiful, un titre qui envoie le pâté.
En fait, le groupe trouve un parfait équilibre dans cet album avec des morceaux qui ont tendance à devenir assez violent, tout en restant accessible tout de même, et des titres plus doux, mais avec une parfaite maîtrise du rythme et du lyrisme qui fait le charme du groupe depuis des années maintenant. A titre d’exemple, on peut parler d’Elan, qui demeure le morceau le plus pop de l’album. C’est relativement calme, plutôt joli, avec des instruments qui font de suite penser à l’univers médiéval et l’ensemble forme quelque chose de cohérent et qui tient la route malgré son aspect mercantile. Et l’intelligence du groupe est d’alterner les moments plus posés comme celui-ci avec d’autres titres plus importants ou plus agressifs. Ainsi, on peut aussi citer Our Decades in the Sun, un long titre de plus de six minutes qui ne décolle jamais mais qui reste d’une grande force lyrique et qui montre que même dans la douceur le groupe est toujours présent et en grande forme. Il s’agit du titre le plus touchant et le plus beau de l’album. Enfin, difficile de passer à côté du dernier titre de l’album, une grande pièce qui dure plus de 24 minutes et qui n’ennuie pas un seul instant. The Greatest Show on Earth alterne les phases douces avec les phases nerveuses dans une parfaite harmonie et s’octroie même le plaisir de quelques interludes avec des bruits de bêtes ou encore un narrateur qui finit de conter son histoire. Il s’agit-là d’un excellent morceau, montrant que Nightwish est encore bien vivant.
Au final, Endless Forms Most Beautiful, le dernier album de Nightwish est un excellent cru et surement le meilleur album métal entendu à ce jour cette année avec le dernier album de Marylin Manson. Offrant des morceaux aussi bien violents que doux, le groupe montre toute l’étendue de son talent pour fournir un album long mais qui n’ennuie pas un seul instant et qui fait preuve d’une grande imagination. Un album presque parfait (si on exclut l’avant-dernier morceau un peu fade) qui montre que le groupe est loin d’être mort et que ses détracteurs peuvent gentiment aller se faire foutre.
- Shudder Before Beautiful
- Weak Fantasy
- Elan
- Yours is an Empty Hope
- Our Decades in the Sun
- My Walden
- Endless Forms Most Beautiful
- Edema Ruh
- Alpenglow
- The Eyes of Sharbat Gula
- The Greatest Show on Earth
Note : 18/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=zPonioDYnoY[/youtube]
Par AqME