Avis :
Surnommé l’homme tranquille du rock n’roll dans les années 80, Mark Knopfler fait partie des rares artistes à faire partie de l’ordre de l’empire britannique. Né en 1949, le guitariste fonde en 1977 avec son frère, un groupe qui va faire devenir l’un des piliers du rock des années 70/80, Dire Straits. Reconnu après ce qui deviendra leur plus grand succès, Sultans of Swing, le groupe vendra des millions d’albums et sera l’un des groupes phares avec les Rolling Stones, Pink Floyd ou encore Led Zeppelin. A l’image de David Gilmour, Mark Knopfler va entamer une carrière solo vers la fin des années 90. Bien entendu, les fans seront aux anges et le chanteur, auteur, compositeur, guitariste fera irrémédiablement penser au groupe et à ses grandes heures de gloire. Néanmoins, sa carrière solo aura moins de succès que celle du groupe, même si les techniques s’en rapprochent et que dans le fond, cela reste du Dire Straits. Après un album assez décevant en 2012 avec Privateering, Mark Knopfler revient en 2015 avec Tracker, un album bien plus complet, plus intéressant, qui comporte des faiblesses, mais qui sont compensées par d’excellents titres et une générosité qui fait plaisir à voir et à entendre.
Le skeud commence avec Laughs and Jokes and Drinks and Smokes, un titre très long qui dépasse les six minutes. Néanmoins, il est loin d’être ennuyeux et on sent de suite les références du chanteur et ses origines écossaises. Le titre sent le rythme irlandais, on imagine bien les vertes plaines du nord de l’Angleterre et en plus de cela, le morceau est très plaisant, assez dynamique et possède une véritable identité. C’est d’ailleurs l’un des principaux reproches que l’on peut faire à cet album, il manque parfois une identité aux titres, qui restent techniquement irréprochables, mais qui sont parfois ennuyant ou alors très classiques, voire trop. A l’image de Basil, qui arrive ensuite et qui est bien trop calme pour emporter toutes les adhésions. Alors certes, il est très beau, la guitare est parfaite, mais il reste bien trop sage. On retrouvera cela avec River Towns, le morceau suivant, qui est bien trop calme mais qui en plus possède un passage que je trouve assez ringard. J’ai énormément de mal avec le saxophone dans le rock et notamment dans les ballades rock, puisque j’ai l’impression d’écouter le générique de Santa Barbara qui a gâché une partie de mon enfance chez ma grand-mère avant d’aller à l’école. Rien de bien méchant, mais cela entache l’aspect rock du titre, au même titre que l’accordéon présent dans le morceau Lights of Taormina. Parmi les titres qui ne sortent pas du lot et qui ne restent pas en tête à cause d’une structure classique et surtout d’une linéarité assez pénible, on peut citer Mighty Man, qui n’a rien de puissant ou encore Silver Eagle qui reste dans un ton monotone et chiant.
Mais l’album possède aussi son lot de bonnes surprises avec des titres qui rappellent allègrement la belle époque de Dire Straits. Le premier à évoquer ce moment, c’est Broken Bones, avec des claquements de mains pour scander un rythme parfait qui ne nous lâchera pas jusqu’à la fin des cinq minutes du morceau. C’est dynamique, très rock, bien foutu et on sent une réelle maîtrise dans la guitare. Mais finalement, il y a vraiment deux titres qui ressemblent vraiment à l’ancien groupe du musicien, ce sont Beryl (référence à la romancière Beryl Bainbridge) qui ne dure que trois minutes mais qui donne l’impression d’être revenu plus de trente en arrière et cela fait un bien fou, et Hot Dog, le dernier morceau de l’album, qui est dans le même genre, mais en plus dynamique. Il est bon de signaler aussi que Mark Knopfler se sert d’instruments devenus trop rares comme le banjo que l’on peut entendre dans Special 38, un titre court là-aussi, mais très intéressant. Enfin, difficile de ne pas évoquer la sublime ballade Wherever I Go en duo avec Ruth Moody, un très beau morceau relativement plaisant. Et c’est là que l’on peut se poser la question sur la durée des chansons. En effet, on peut constater que tous les morceaux courts sont excellents, dynamiques, techniques, alors que les morceaux longs ont tendance à être un peu plus pénibles, un peu plus redondants. Ne faudrait-il pas réduire la durée de certains titres pour les rendre plus efficaces ?
Au final, Tracker, le huitième et dernier album de Mark Knopfler, est un album qui est meilleur que le précédent mais qui contient encore beaucoup de scories pour un musicien de cette envergure. Se reposant sur ses lauriers, le musiciens livre quelques pistes intéressantes et prenantes et d’autres plus molles et bien moins enjouées, sans identité. Un skeud pas désagréable, mais qui aurait pu être bien meilleur s’il n’avait pas été aussi long.
- Laughs and Jokes and Drinks and Smokes
- Basil
- River Towns
- Skydiver
- Mighty Man
- Broken Bones
- Long Cool Girl
- Lights of Taormina
- Silver Eagle
- Beryl
- Wherever I Go feat Ruth Moody
- 38 Special
- My Heart Has Never Changed
- Terminate of Tribute to
- Heart of Oak
- Hot Dog
Note: 12/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=NDuAPhHBbuk[/youtube]
Par AqME