mars 19, 2024

The House That Jack Built – L’Art de Lars

De : Lars Von Trier

Avec Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman, Siobhan Fallon

Année : 2018

Pays : Danemark, France, Suède, Allemagne

Genre : Thriller

Résumé :

États-Unis, années 70.
Nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d’art en soi. Alors que l’ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide – contrairement à toute logique – de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d’explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack.

Avis :

Lars von Trier est l’un des réalisateurs les plus controversés qui soit. Cinéaste à l’univers bien à lui, cela fait maintenant une bonne quarantaine d’années que Lars von Trier impose son cinéma de manière radicale au point que chaque nouveau film du réalisateur danois est autant attendu que redouté. Chacun de ses films est un évènement qui fait couler beaucoup d’encre. Chacun de ses films est une source de scandale, mais aussi de fascination et de passion et autant dire que « The house that Jack Built » ne va pas déroger à cette règle.

Il y a quatre ans de cela, Lars von Trier se ratait à moitié avec son poétique et provocateur « Nymphomaniac« , film qui a ô combien divisé. Pour ma part, j’ai bien été embarqué par ces deux films et c’est bien dommage que la dernière heure et demie du deuxième opus soit un ratage sans limite, qui jette beaucoup de discrédit sur l’ensemble de l’œuvre. Bref, donc après son sexuel « Nymphomaniac« , Lars von Trier est de retour avec un certain et puissant, voire même terrifiant, Matt Dillon, pour nous plonger au plus près d’un homme qui se révèle serial killer et artiste. Avec ce nouveau film, Lars von Trier nous invite dans un film qui joue sur plusieurs tableaux. « The house that Jack Built » est à la fois un thriller on ne peut plus morbide, et un drame tripé qui pose énormément de questions sur la création (on pourra même y voir un parallèle avec l’œuvre de Lars et surtout son rapport avec les médias. Lars règle quelques comptes). Drôle et triste, le film s’avère aussi difficile d’accès et bien trop long, mais quoi qu’il en soit, la proposition est osée et malgré l’ennui sur la longueur, plus de deux heures et demi quand même, « The house of Jack Built » vaut amplement qu’on s’y arrête.

Etats-Unis, les années 70, Jack, la quarantaine bien passée, est ingénieur et mène une vie sans souci, ni accroche. Enfin, ça, c’est jusqu’à ce que se produise l’incident numéro 01. Un incident qui le révèle à lui-même et qui va faire basculer sa vie monotone à jamais…

Lars von Trier qui s’attaque à mettre en scène un serial killer, forcément le projet a de quoi donner des frissons et ça dans tous les sens du terme et franchement le choquant spectacle vaut le détour. Alors bien sûr, il faut savoir où l’on met les pieds, et même comme ça, le film demeure déroutant.

Loin de ce que l’on connaît sur les films de serial killer, Lars von Trier nous livre là un ovni qui n’est pas prêt de quitter nos mémoires et ça, qu’on l’ait apprécié ou non. Sorte de « road trip » mental de son tueur, le scénario que nous invite à suivre le cinéaste est pour le moins étrange et déroutant. « The house that Jack Built« , ce sont plusieurs films qui se mélangent en un seul, ce qui donne des mélanges aussi fascinants que parfois très éprouvants (encore une fois, dans tous les sens du terme).

« The house that Jack Built » est un film qui commence de manière « normale », et dans un sens, il va être très linéaire, racontant ce premier meurtre et l’engrenage qui s’en suit. Lars von Trier utilise beaucoup de discussions hors champ entre le tueur et quelqu’un d’autre, Psy ? Un autre tueur ? Une future victime ? Dieu ? Une conscience ? Vous le saurez sur la fin et vous en conclurez ce que vous voudrez. Si les scènes de meurtre sont pour la plupart assez atroces, sentiment qui va être encore plus développé sur certaines car le réalisateur ose y apporter une touche d’humour noir, le plus intéressant de ce « The house that Jack Built« , c’est bien ces conversations entre l’assassin et cet homme (incarné par Bruno Ganz s’il vous plaît). À travers ces conversations, Lars von Trier abordera la vie et la mort, il aborde le bourreau et la fascination que cet homme a pour tuer. Il abordera l’art, la création comme où commence la création et comment la juger. D’ailleurs, c’est dans ces dialogues-là que Lars von Trier y réglera deux ou trois comptes, allant jusqu’à intégrer des images de ses différents films.

Mais si ces conversations presque omniprésentes sont excellentes dans les questions et réflexions qu’elles véhiculent, c’est aussi l’un des défauts du film et plus particulièrement dans les choix de mise en scène de son réalisateur pour habiller les dites conversations. Parfois, pour ne pas dire souvent, Lars von Trier étire ces conversations et on peut avoir tendance à se perdre dans son film. Parfois, certaines conversations sont complexes et parfois, on a bien du mal à savoir où veut en venir le réalisateur. De plus, pour habiller ces conversations, Lars von Trier nous refait le coup des cartons, enchaînant les tableaux, les écrits, les montages vidéo. Le tout fonctionne très bien au début, mais il peut aussi vite devenir barbant, cassant quelque peu le rythme. Du coup, « The house that Jack Built » se fait long, très long, trop long, surtout en son milieu, où son intrigue peine à avancer. Mais étrangement, le tout demeure intéressant, voire même très prenant. Une sensation qui est sûrement laissée avec cette dernière et incroyable demi-heure, où le film change de ton de manière radicale. Un final fou, tripé, mystique, ésotérique. Un final inattendu qui ne laissera personne indifférent, provoquant tout un tas de réactions opposées (faut voir ce qui a pu se passer en salle et surtout à la sortie entre les adorateurs qui hurlent déjà au chef d’œuvre et ceux qui l’on eut terriblement douloureuse).

Dérangeant, très dérangeant, drôle, tragique, tripé, fou, mystique, le dernier Lars von Trier est une expérience tout à fait personnelle. Film osé, puissant parfois, ennuyant d’autres fois, doté d’une mise en scène qui aura ses envolées comme ses coups de mou, « The house that Jack Built » n’a pas encore fini de faire parler de lui ! Et si pour ma part, j’ai aimé, voire même beaucoup aimé le film, je ne serais aussi le conseiller, tant ce dernier est particulier. Certes et indéniablement « The house that Jack Built » vaut son coup d’œil, voire même plus d’un coup d’œil pour en comprendre et découvrir toutes les subtilités, mais dans un autre sens, le spectacle est si particulier et très difficile d’accès qu’il vaut mieux, savoir où l’on met les pieds et y réfléchir à deux fois.

Note : 15/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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