mars 19, 2024

Résilience – Yannick Monget

Auteur : Yannick Monget

Editeur : Editions de la Martinière

Genre : Thriller

Résumé :

Le plus grand danger n’était pas notre puissance mais notre aveuglement…

Lorsque le monde s’écroule tel un château de cartes technologique apparaît la véritable menace : avec l’effondrement de ses infrastructures, l’homme risque de perdre la maîtrise de la totalité de ses réacteurs nucléaires.

Résilience nous fait assister aux derniers jours de l’humanité, colosse aux pieds d’argile encore accroché à ses certitudes, ainsi qu’au combat mené par les survivants plusieurs années après l’effondrement de la civilisation. Ce récit terriblement efficace construit autour de plusieurs intrigues nous entraîne dans un enchaînement haletant et implacable à la confluence du thriller géopolitique, du roman d’aventures et de l’anticipation hyperréaliste.  Entre jeux de lobbies, insoupçonnables dessous du nucléaire civil et pressions politiques, cette course contre la montre décrit avec une étonnante justesse un univers où l’irresponsabilité n’a d’égal que l’aveuglement de ceux qui manipulent l’atome en menaçant le destin de la planète tout entière.

Avis :

Quel que soit son genre de prédilection, le roman a pour vocation de transmettre un message à travers la fiction et le divertissement. Mais trop rares sont les œuvres engagées qui n’hésitent pas à évoquer des opinions tranchées au risque de susciter la polémique ou l’indifférence. Mais cette volonté tiendrait davantage de contraintes éditoriales plutôt que du simple fait de l’auteur. Avec Gaïa, Yannick Monget tentait de sensibiliser son lectorat aux problèmes écologiques qui touchent la Terre. Malgré un fond passionnant et une intrigue entraînante, le dénouement maladroit laissait une impression en demi-teinte. Pour son nouveau roman, il s’attaque cette fois-ci au nucléaire.

On délaisse donc la science-fiction, mais on conserve le ton post-apocalyptique sous la forme d’un thriller d’anticipation. Du moins est-ce là une seule facette du livre, car la trame se déroule sur deux axes temporels distincts. L’un se situe deux ans après l’effondrement de notre civilisation et l’autre retranscrit les faits survenus 100 jours avant le point de non-retour. Cette double histoire (les deux récits sont d’importance équivalente) permet d’apprécier les causes et les conséquences de l’ultime catastrophe. Si l’auteur joue la carte du suspense à bien des égards, ce n’est pas l’aspect sensationnaliste qui attire le lecteur ici, mais le réalisme sur lequel il base la totalité de son intrigue.

En effet, Résilience s’avance comme un roman et un livre de faits tant la documentation y est prépondérante. Il est vrai que de nombreux points et détails techniques ont tendance à prendre le pas sur l’histoire. En un sens, cela peut évoquer l’œuvre de Tom Clancy, même si le sujet est différent et le contexte géopolitique moins présent. Toujours est-il qu’il ne s’agit en rien de digressions destinées à grossir un ouvrage déjà épais. Sans doute est-ce la volonté d’éveiller les consciences qui permet d’avoir un regard nouveau sur cet aspect didactique. Il demeure néanmoins une indéniable maîtrise d’une thématique sensible et délicate à développer sans un minimum de connaissances.

Certains dialogues sont inspirés directement de conversations ou de débats réels, tandis que les données relatives au nucléaire et à d’autres informations annexes se révèlent stupéfiantes à plus d’un titre. La raison ? Une démonstration brillante et simple sur les errances des politiques, ainsi que sur l’influence des lobbyistes et les aberrations qui ont conduit le nucléaire comme porte-étendard des « valeurs énergétiques d’avenir ». Le récit s’appuie sur des faits peu connus du grand public ou dénigrés pour corroborer aux thèses officielles. Il en résulte une magistrale exposition des dangers du nucléaire sans la moindre complaisance.

Autre point sur lequel Résilience se démarque : sa manière d’aborder le monde après l’effondrement. Une majeure partie se déroule dans un cadre autarcique où une poignée de survivants évoluent dans des bases antarctiques. Outre l’ironie de trouver refuge sur le continent le plus hostile de la Terre, on nous dépeint par la suite un environnement en ruines où ne subsistent que les radiations (ou presque). Là aussi, on évite tout rebondissement spectaculaire et néanmoins peu probable pour se concentrer sur l’exploration de zones familières devenues inhabitables. Une manière de concevoir ce que des endroits comme Tchernobyl ou Fukushima peuvent donner à l’échelle planétaire…

Au final, Résilience gomme les quelques errances du précédent roman de Yannick Monget pour en faire un livre d’utilité publique incontournable. Certes, la vocation écologique et sensibilisatrice n’échappera à personne. Néanmoins, celle-ci est réellement pertinente au regard des arguments et des faits avancés. À l’appui, une documentation dense et exhaustive sur l’histoire du nucléaire, le fonctionnement des centrales, sans oublier un soupçon de sécurité informatique et de virologie (ce dernier point a son importance, mais reste secondaire). Il en ressort une lecture fascinante pour un constat alarmant. Si besoin était, Yannick Monget confirme son statut d’auteur engagé avec un livre sans concession. Un excellent thriller d’anticipation aussi inquiétant que convaincant dans ses propos.

N.B. Malgré les nombreux détails et anecdotes qui parsèment l’intrigue, la fin d’ouvrage apporte encore plus de précisions sur le nucléaire en indexant certains « incidents » peu connus ou volontairement occultés. De plus, l’on a droit à des explications supplémentaires sur certains termes techniques.

Note : 18/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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