avril 26, 2024

Le Virus Morningstar 1. Le Fléau des Morts – Z.A. Recht

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Auteur : Z.A. Recht

Editeur : Eclipse

Genre : Horreur

Résumé :

La fin n’est que le commencement : les victimes reviennent d’entre les morts pour arpenter le monde des vivants. Quand une opération militaire de grande envergure échoue à contenir le fléau des morts, ce dernier se transforme en une pandémie mondiale. Désormais, une seule loi naturelle régit le paysage mondial : vivre ou mourir, tuer ou être tué.

Avis :

Dans un thème aussi balisé et surexploité que le zombie sous toutes ses formes, il est très difficile de se démarquer d’une masse grouillante d’étrons imbuvables en ce qui concerne les films. Mais les morts-vivants connaissent un tel engouement que les autres médias culturels n’ont pas su contenir l’invasion et la littérature n’est pas en reste. Une déferlante s’abat dans les librairies et, même si les univers paraissent similaires dans leurs fondamentaux, offre une gamme d’histoires immersive et bien écrite. Aux États-Unis, le phénomène est déjà bien ancré depuis les années 2000. Pour la France, il faudra attendre 2010 et la création des éditions Eclipse pour découvrir des romans qui, sans la défunte maison, n’aurait jamais franchi les frontières de l’hexagone.

Premier tome de la trilogie « Le virus Morningstar », Le fléau des morts dispose d’une approche tout en finesse de son sujet. Patient, méticuleux et appliqué, Z.A. Recht pose les bases de son œuvre aux origines de la contamination et non en pleine apocalypse. Des mails classés top secret (superbe maquette de l’ouvrage pour les distinguer du texte) aux premiers cas, les premières pages nous offrent un aperçu global et multidirectionnel de la pandémie. Les États-Unis, le Kenya et autres contrées plus ou moins hostiles sont au programme. En ce sens, cela rappelle fortement le contexte géopolitique de World War Z, à la différence prête que nous assistons aux prémices du drame.

Pour demeurer dans le domaine des comparaisons qui ne jouent pas en la défaveur des œuvres citées, l’aspect militaire reste tout aussi présent et soigné que dans Les chroniques de l’Armageddon (autre trilogie recommandable à plus d’un titre). La hiérarchie, les instances compétentes pour intervenir dans pareille situation (si tant qu’il en existe une), les armes et leurs fonctionnements… Les amateurs seront comblés face à tant de précision. De fait, le récit versera dans sa seconde moitié à se focaliser sur des groupes de survivants bien distincts. Il en découle un ton catastrophiste amoindri au profit d’une immersion croissante au fil des lignes.

Entre les vaines manipulations du gouvernement pour cacher la vérité, le taux de contamination grandissant et les attaques qui gagnent en intensité et en violence, le rythme s’équilibre non pas pour créer une tension constante, mais pour faire évoluer l’histoire à différents niveaux. L’environnement joue également sur ce tableau avec des paysages changeants et originaux dans ce contexte. Du canal de Suez à Mombasa, l’Afrique se révèle un terrain propice pour le début de l’invasion. Les frères Ford s’en seraient-ils inspirés pour The Dead ? En tout cas, l’atmosphère chaude et suffocante les rapproche.

Mais n’oublions pas les zombies qui, en dehors, de l’élément déclencheur sont clairement au centre de toutes les attentions. On dénombre les deux castes qui divisent les fans de chairs avariées : les mouvants, contaminés encore vivants et rapides. Une fois décédés, ceux-ci deviennent des rampants. En somme, l’image classique que l’on a du mort-vivant depuis Romero. Difficile de conjuguer ces deux « espèces » apparemment contradictoires, mais la présence du virus et des symptômes rendent vraisemblables cette dualité pour provoquer une complémentarité bienvenue. Ainsi, on contente l’ensemble des lecteurs en jouant sur les deux tableaux avec une certaine rigueur.

Au final, ce premier tome pose les bases d’une œuvre soignée et passionnée (tout en se montrant captivante). Certes, la trame narrative reste assez prévisible en dépit de la variété de situations qu’elle propose. Cependant, les multiples influences combinées à une volonté évidente de parfaire une histoire crédible font du Fléau des morts un roman de zombies intéressant, distrayant et surtout respectueux de ses origines. Nullement un produit opportuniste et mercantile, ce livre recèle nettement plus de bonnes idées que nombre de métrages au rabais. Il ne révolutionnera pas le genre (même s’il s’agit d’un des premiers ouvrages de ce type sur le marché en 2006), mais quand la qualité d’écriture rime avec efficacité, difficile d’y résister.

Note : 15/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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