avril 24, 2024

Batman Amère Victoire

Batman-Amere-Victoire

Auteurs: Tim Sale et Jeph Loeb

Editeur: Urban Comics

Genre: Super-Héros

Résumé :

Un an après « l’affaire Holiday », Gotham City est toujours le théâtre de règlements de comptes entre les familles mafieuses et les « patients » de l’asile d’Arkham. Si Alberto Falcone était considéré jusqu’alors comme le véritable tueur Holiday, une nouvelle vague de meurtres jette le trouble sur son arrestation. Pour restaurer l’ordre à Gotham, Batman aura besoin de toute l’aide possible, voire de prendre sous son aile un nouveau partenaire, Robin !

Avis :

Quand un énorme succès se produit, que ce soit dans le cinéma, dans la littérature ou même dans le jeu vidéo, il y a une démarche logique qui est de faire des suites ou des spin-off. Et bien souvent, un grand nombre de producteurs et de réalisateurs tombent dans le piège de la suite purement mercantile et donc d’une qualité très inférieure à l’original. Mais il arrive parfois que certaines suites soient supérieures à l’original. C’est le cas par exemple de Blade 2 ou encore du Seigneur des Anneaux les Deux Tours. Dans le monde du comics, les suites sont nombreuses, on peut le voir avec des histoires comme Kick-Ass ou encore toutes les histoires qui se suivent parmi les super-héros les plus vendus. Batman Amère Victoire est la suite directe de Batman Un Long Halloween créé par Tim Sale et Jeph Loeb. Et il fallait faire fort si les deux auteurs voulaient être au même niveau que leur première œuvre. Mais les deux gaillards en ont sous le capot, comme en atteste ce comics !

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Publié au départ entre 1999 et 2001 en 14 fascicules, on peut dire facilement que le scénario n’a pas pris une ride. Alors que l’affaire Holiday vient de se terminer et que le tueur est à Arkham, la guerre entre les mafieux de la ville et les super-méchants fait rage pour se tailler la part du lion. Batman et le commissaire Gordon doivent faire le deuil de leur ami Harvey Dent qui est devenu maintenant Double-Face. Mais en plus de cela, des flics sont tués les jours de fête par pendaison. Batman va essayer de mener l’enquête pour trouver le criminel, tout en gérant la guerre violente qui oppose le congrès des méchants contre les familles mafieuses. Très ancré dans la réalité, le scénario de ce Batman tient plus du polar noir, du policier que du fantastique. Certes, les grands méchants sont là et la présence de Poison Ivy ou de Grundy font qu’il y a quelques occurrences au fantastique, mais c’est surtout l’enquête qui sera prépondérante. En ce sens, on retrouve donc l’ambiance qu’il y avait avec Un Long Halloween et c’est vraiment prenant.

Mais au-delà de l’ambiance très sombre, on aura aussi un Batman très changé. Peu sûr de lui, de son utilité, il va se morfondre dans un silence et dans ses échecs consécutifs pour retrouver le tueur de flics. Enfermé dans sa solitude, le héros va devenir une ombre, magnifiquement mis en image par un Tim Sale inspiré. Entre les aplats de noirs, l’omniprésence des ombres dans lesquelles se cache Batman, cette nuit qui ne finit jamais, on est face à quelque chose de sombre, qui s’ajuste à la mentalité du héros. Ainsi, le super-héros n’est pas lisse, il a de la profondeur et elle va permettre aussi à d’autres personnages de briller. Alfred devient une valeur sûre, un mentor, qui continue d’aiguiller Batman dans ses choix, Robin va devenir la projection de Bruce Wayne enfant dans un passage absolument sublime en noir et blanc, Gordon va retrouver une lueur d’espoir dans ce monde si noir, Double-Face va devenir un monstre attachant, gardant sa schizophrénie pour perdre le lecteur et installer le doute dans la résolution du problème.

Tout cela est savamment mis en cases par Tim Sale qui signe des dessins d’une grande beauté où chaque personnage possède ses propres caractéristiques. Si certains grands méchants ne sont pas forcément omniprésents, une présence suffit pour les rendre intéressants. On pense à Poison Ivy qui n’apparait qu’une fois, mais qui démontre sa sensualité et sa folie. On pense aussi à l’Epouvantail, cachant sa folie derrière un masque de monstruosité. Les plus mis en avant seront bien évidemment Double-Face, absolument génial de folie et de cruauté, le Joker qui est monstrueux et fou jusque dans ses traits et son faciès ou encore Grundy, difforme, bête mais terriblement touchant. A côté de ça, les gentils semblent plus effacés, comme Batman qui est souvent dans l’ombre, un Robin qui arrivera sur la fin et un Alfred qui sera en quelque sorte l’ange-gardien, le confident de Batman. Le Commissaire Gordon voit son rôle étoffé et il demeure très touchant notamment lorsqu’il perçoit la lumière dans sa vie personnelle. Du côté des gangsters, on ressent tout l’amour du dessinateur pour les classiques cinématographiques du genre. On ne peut s’empêcher de penser à la trilogie du Parrain par exemple. On regrettera peut-être la présence de Sofia Gigante en chef de famille qui n’est pas du tout charismatique, trop mastoc. Et n’oublions Catwoman, parfaitement agaçante mais diablement sexy.

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Au final, Batman Amère Victoire est un polar sombre, puissant et efficace. De sa narration très adulte à son enquête noire, on est vraiment dans le haut du panier pour une histoire de l’homme chauve-souris. On peut dire aisément que cette suite est à la hauteur du Batman Un Long Halloween et on ne peut qu’être ébahi devant tant de talent pour donner de la profondeur à un personnage sombre.

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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