septembre 28, 2025
BD

Fahrenheit 451

Auteur : Ray Bradbury, Victor Santos

Editeur : ActuSF

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Guy Montag est pompier. Son rôle, c’est de bruler les derniers livres qui restent, car ils ont été interdits. Mais sa rencontre avec une petite fille, Clarisse, va le faire vaciller dans ses convictions. Et si les livres n’étaient pas aussi dangereux qu’on le dit ? Et si c’était même le contraire ? Le soir chez lui, il retrouve sa femme, qui passe ses journées à regarder les écrans de télé accrochés aux murs de leur maison…

Avis :

Publié en 1953, Fahrenheit 451 va faire un immense tollé, asseyant Ray Bradbury à la table des grands auteurs de science-fiction, place qu’il avait déjà bien approché avec ses Chroniques Martiennes. Le roman sera un best-seller, et deviendra au fil du temps un véritable sujet d’étude, parfois allant s’immiscer dans les cours de de français de certains lycéens. Et forcément, cela a fait des émules, avec des producteurs qui ont voulu mettre cette histoire en images via le cinéma. En cette année 2025, c’est au tour de Victor Santos de franchir le cap de l’adaptation avec une BD qui vient ouvrir une toute nouvelle collection chez ActuSF, Ithaque, qui suivra donc une ligne éditoriale dans le neuvième art. Un choix logique et judicieux, puisqu’on est pleinement dans de la science-fiction, du culte, et surtout dans une qualité indéniable, l’auteur fournissant un vrai travail fidèle.

Nous sommes donc dans un futur dystopique, où les pompiers n’éteignent plus les feux, les maisons étant ignifugées. Bien au contraire, ils sont missionnés par le gouvernement pour brûler les livres, qui sont alors considérés comme un danger pour la population, outil de révolte et de mauvaises pensées. Guy Montag est pompier, mais il se pose des questions sur l’utilité de son métier, surtout lorsqu’il voit des gens mourir pour leurs livres. De façon insidieuse, il va commencer à lire un livre sous l’impulsion de sa petite voisine, une rêveuse qui aime observer les gens et la nature. Mais en tombant amoureux de la littérature, il devient alors un paria, et il va devoir se cacher s’il veut assouvir cette nouvelle passion dévorante. Malheureusement, il va mettre sa femme, accro à la télé-réalité, dans la confidence, et cette dernière voit cela d’un très mauvais œil.

Découpée en trois chapitres, cette version bande-dessinée de Fahrenheit 451 vise l’efficacité, et adapte ses codes pour être le plus fidèle possible au roman. Le premier chapitre montre donc Guy Montag, un pompier sans histoire, qui va faire la rencontre d’une jeune fille rêveuse, libre, et qui le surprend, car elle observe tout autour d’elle, et il émane d’elle une certaine poésie. Cette liberté de penser charme notre héros, qui va alors se poser des questions sur le gouvernement mis en place, et sur les règles strictes qui régissent son monde. Il y a alors des débats houleux avec ses collègues, notamment un grand bourrin qui estime que s’il faut brûler les livres, c’est pour une bonne raison, et ce dernier aime tyranniser ce pauvre Guy, qui va sombrer peu à peu dans la méfiance, jusqu’à commettre l’irréparable, poser les yeux sur un livre.

Ce démarrage s’avère très touchant, car si le héros est naïf, il va aussi être bouleversé par une vieille dame qui va se sacrifier au milieu de ses livres, en larmes. Cette vision est l’autre élément déclencheur qui lui fait dire qu’il y a forcément quelque chose de puissant dans les livres, contre l’ordre établi, et cela l’interpelle et l’intéresse. Cette première partie permet aussi de poser les bases d’un monde complètement abruti. On le voit avec ces pompiers bourrins qui passent leurs heures creuses à jouer aux cartes sans réfléchir, ou encore avec la femme de Guy Montag qui passe sont temps devant sa télévision, à participer à des émissions de télé-réalité. Il ne faut pas oublier que le roman date de 1953, et en ce sens, on peut clairement dire que Ray Bradbury était un sacré visionnaire, montrant comment certaines émissions peuvent rendre apathique et débile.

Le deuxième chapitre sera le plus faible des trois. Ici, le héros devient un paria. Il cherche des réponses à l’interdiction des livres, et veut accéder au savoir caché entre les lignes. Pour cela, il va se rendre chez un ancien professeur, qui va lui dire de fuir, et de trouver des communautés nomades au sein des forêts. Plus centré sur l’action et la libération d’un esprit critique et poétique, ce deuxième chapitre marque aussi l’arrivée d’une grosse bestiole, un chien renifleur à moitié mécanique, et si l’on reste sur un dessin très strict où tout est suggéré, il manque une véritable violence dans la traque et la fuite en avant de notre héros. De plus, le côté poétique du début n’est plus présent, jouant alors sur l’urgence et la survie, mais les graphismes s’y prêtent assez mal. Heureusement, la troisième partie redresse grandement la barre.

Dans ce troisième chapitre, Guy va trouver une première communauté, faite principalement d’anciens professeurs qui ont fuit le régime en place, et vivote en errant de ville en ville pour ne pas se faire arrêter. Notre héros va alors pouvoir poser toutes les questions qui le turlupinent et découvrir le sens caché de chaque livre. On retrouve ici le côté poétique du roman, avec ce point de vue qui exprime que chaque livre que l’on lit infuse en nous, reste en nous et devient donc une partie de nous. Sans en faire des caisses, la fin du récit donne un bon message d’espoir, estimant que si l’objet livre disparait un jour complètement, ce sera pour mieux réapparaître après la guerre, puisque tout un chacun est un livre à part entière.

Au final, Fahrenheit 451 en BD, c’est clairement validé. Si l’on peut éprouver une certaine réticence aux graphismes qui sont assez cubiques et pas forcément jolis dans le sens esthétique du terme, ils vont parfaitement avec l’ambiance de l’histoire et forment un ensemble cohérent. Le plus important étant que l’histoire de base est respectée, avec un fond visionnaire et terriblement d’actualité, et que cette adaptation en BD donne une furieuse envie de se jeter sur le roman, et ça, c’est plutôt signe d’une réussite.

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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