septembre 26, 2025

Sweet Seventies – Australie, Baleine et c’est assez

Titre Original : Swinging Safari

De : Stephan Elliott

Avec Guy Oearce, Radha Mitchell, Kylie Minogue, Julian McMahon

Année : 2018

Pays : Australie

Genre : Comédie

Résumé :

Une plage australienne de banlieue, au milieu des années 70. Le jeune Jeff, 14 ans, tente de trouver sa place dans un monde changeant plus vite encore que ses hormones, et tente de gérer son amour pour sa voisine Melly.

Avis :

En 1994, Stephan Elliott va marquer les esprits cinéphiles avec Priscilla, Folle du Désert. Le film va remporter plusieurs prix sur plusieurs festivals, et aujourd’hui encore, il résonne comme une formidable ode à la tolérance. Avec un début aussi tonitruant, on pouvait croire que le réalisateur allait confirmer par la suite, mais cela ne viendra jamais. En effet, certains de ses films ne sortiront même pas en France, comme Bienvenue à Woop Woop, et d’autres seront des échecs plus ou moins cuisants, à l’instar de Le Voyeur, thriller avec notamment Ewan McGregor. Il retrouvera les salles de cinéma à la fin des années 2000 et au début des années 2010, mais avec un succès tout relatif, ce qui fait que ses autres projets se retrouveront alors directement sur les plateformes de streaming par la suite. Et ils seront portés par un bouche-à-oreille très timide.

Son dernier long-métrage en date se trouve alors sur Prime Video, et malgré le casting impressionnant qui le peuple, le film restera très confidentiel. Sweet Seventies raconte alors la vie d’un quartier populaire en Australie, au bord d’une plage, au milieu des années 70, sous l’œil d’un jeune adolescent qui se rêve réalisateur. Comédie acide qui se veut aussi bien une critique des mœurs de ces années-là qu’un point de vue nostalgique sur une époque révolue, ce film aurait pu être très bien, s’il n’était pas encombré de personnages tous plus antipathiques les uns que les autres, baignant dans une sorte d’hystérie débile, entre alcool et jeux sexuels débridés. Il semble loin le juste équilibre entre comédie, hystérie et fond social que le réalisateur australien nous avait montré avec son deuxième film…

« le film va naviguer en eaux troubles »

Ici, tout débute avec la voix-off de l’enfant devenu adulte, qui va présenter les trois familles que l’on va suivre. En premier lieu, nous faisons la connaissance des Hall, une famille nombreuse qui a du mal à joindre les deux bouts, le père vendant des encyclopédies en faisant du porte-à-porte, et la mère sombrant petit à petit dans l’alcoolisme. Les gamins sont insupportables, livrés à eux-mêmes, mais ils participent aux films du personnage principal, faisant faire des cascades dangereuses au plus grand. Ensuite, on fait la connaissance des Jones, une riche famille composée d’une fille introvertie et mal dans sa peau dont est amoureux le héros, et de deux grands garçons complètement débiles. Le couple est égocentrique au possible, se moquant ouvertement des autres voisins. Puis enfin vient la famille Marsh, dont le père est plutôt baba cool, et la mère obsédée par la propreté, avec une fille nymphomane.

Bref, une fois tout ce petit monde présenté, le film va naviguer en eaux troubles, ne sachant trop comment raconter cette tranche de vie. On a droit à des jeux coquins entre voisins, et des gamins qui vont tout et n’importe quoi, jusqu’à mettre sa vie en péril pour avoir une bonne séquence à la caméra. On comprend assez rapidement qu’il s’agit d’un film qui veut raconter une époque révolue, mais aussi comment des gamins vont devoir devenir adulte afin de mieux comprendre leurs émotions. Tout tourne autour de cette fille en dépression, qui ne comprend pas à quoi sert la vie, et pourquoi nous sommes sur Terre. Ces parents sont dans le déni, estimant qu’elle le faire plus honte qu’autre chose, et d’une façon globale, cela nous met mal à l’aise, même si elle trouve des points d’accroche avec le personnage central qui raconte cette histoire.

« Stephan Elliott ne semble pas vouloir faire dans quelque chose de crédible. »

Puis intervient alors un évènement inattendu, une baleine bleue s’échoue sur la plage, devient l’attraction du moment, jusqu’à ce qu’elle pourrisse sur place et déverse une odeur nauséabonde dans tout le quartier. Elle est une métaphore de l’état psychologique de cette jeune fille qui n’arrive pas à comprendre pourquoi cette baleine a mis fin à ses jours. Le film se fait assez lourd, même s’il possède quelques moments assez grisants, et une atmosphère libertine qui correspond parfaitement à ces années 70, où la liberté sexuelle était de mise. Il est dommage que ça en fasse de trop à chaque fois, avec des personnages dans l’excès, à l’image de cette adolescente qui taille des pipes à tous les mecs du quartier, au point d’avoir une file d’attente devant chez ses parents. Et c’est bien là tout le problème de ce film.

Stephan Elliott ne semble pas vouloir faire dans quelque chose de crédible. Il veut brasser un maximum de thèmes, mais il va beaucoup trop loin au niveau des personnages, qui en deviennent des caricatures peu crédibles. Si cela marche avec le monde des drag queen, ce n’est pas la même chose quand on veut aller vers un univers plus terre à terre. On ne croit pas une seule seconde à cette tranche de vie, ni à ses gens qui sont tout le temps hystérique, ou dans les histoires. De plus, le montage n’est pas très intéressant. Constamment entrecoupé de titres de chapitres, ou encore de micros films faits par les gamins, l’ensemble se dévoile incohérent, et relativement fatigant à la longue. Alors tout n’est pas mauvais non plus, mais on sent qu’il manque une cohésion d’ensemble pour nous retenir.

Au final, Sweet Seventies n’est pas un film désagréable en soi, mais ça reste une comédie qui passe à côté de son sujet. Les personnages ne sont pas attachants (le seul qui semble normal reste le jeune narrateur) et ils baignent tous dans une sorte de malveillance qui demeure agaçante. De plus, la mise en scène n’est pas non plus excellente, la faute à un montage pénible, syncopé, qui n’arrive pas à rendre cette Australie accueillante, ou au mieux belle à regarder. Bref, Stephan Elliott délivre une comédie un peu fade, qui n’est pas exempt d’idées, mais qui manque de consistance et de cohérence.

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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