septembre 26, 2025

Insomnia – Froid comme la Norvège

De : Erik Skjoldbjaerg

Avec Stellan Skarsgard, Sverre Anker Ousdal, Maria Mathiesen, Gisken Armand

Année : 1997

Pays : Norvège

Genre : Thriller

Résumé :

Jonas Engstrom, policier suédois en poste à Oslo, arrive dans une ville du nord de la Norvège pour enquêter sur le meurtre d’une jeune femme. Au cours d’une opération destinée à piéger le coupable, il tue accidentellement son collègue et ami Erik Vik, tandis que l’homme recherché parvient à s’enfuir.

Avis :

On peut dire ce que l’on veut sur le cinéma européen, mais de nombreux films à succès sont en fait des remakes de longs-métrages qui sont sortis en France, en Allemagne, en Espagne ou dans bien d’autres pays du vieux continent. On ne compte plus les cinéastes américains qui ont vu des films européens, et qui ont demandé ensuite d’en faire des remakes, grâce (ou à cause) d’un scénario novateur, d’une ambiance froide ou d’une mise en scène exemplaire. En 2002, Christopher Nolan commence à faire parler de lui avec Insomnia, qui n’est autre qu’un remake d’un film norvégien du même nom. Tourné en 1997 et sorti en 1998 de par chez nous, Insomnia d’Erik Skjoldbjaerg va marquer les esprits, au point de permettre au réalisateur de partir aux States pour tourner un film avec un gros casting, Prozac Nation.

Un film qui, visiblement, ne marchera pas forcément, le cinéaste préférant alors retourner chez lui pour être plus libre de ses mouvements. Mais revenons à nos moutons avec Insomnia, qui donnera une envie de remake à Christopher Nolan. Ici, on va suivre un policier suédois qui est installé en Norvège, et qui doit mener une enquête autour du meurtre d’une jeune femme. En menant l’enquête, il tue accidentellement son associé dans la brume en le confondant avec l’assassin. Dès lors, il lui est impossible de trouver le sommeil, et sa vie va être chamboulée entre deux choses, trouver des méthodes pour s’innocenter, et retrouver l’assassin afin de l’arrêter, car il se pourrait bien qu’il soit le seul témoin de cette bavure.

« la froideur qui se dégage de la mise en scène »

La première chose qui frappe avec ce film, c’est la froideur qui se dégage de la mise en scène, ainsi que la retenue des deux acteurs. Pendant le générique, on assiste au meurtre de la jeune femme, comme s’il était filmé avec une vieille caméra, et on remarquera de suite que ce crime a tous les atours d’un accident. On ne voit que la victime, qui se laisse plus ou moins faire, et qui ne semble pas affolée par ce qu’elle subit. Le réalisateur donne le ton, avec par la suite la présentation de deux policiers, un plus affable que l’autre, dans une Norvège froide et pluvieuse. Le policier principal, tenu par Stellan Skarsgard, semble dépressif, et ses méthodes sont pour le moins expéditives. En arrivant sur place, il détecte rapidement que le cadavre a été nettoyé par le tueur, et semble dégoûté d’être sur cette enquête.

Très clairement, la volonté du réalisateur est de nous plonger dans un quotidien presque dépressif, avec un homme mal dans sa peau, blasé de tout, et qui va sombrer peu à peu avec une forme de racisme, les collègues norvégiens ayant du mal à accepter un policier suédois. De plus, on sent qu’il y a des antécédents entre cet homme et la police locale, chacun y allant de sa petite anecdote ou de sa moquerie. En faisant de cette façon, le réalisateur impose un background intéressant à son personnage, qu’il va faire sombrer petit à petit dans la folie. Histoire d’appuyer cette histoire d’insomnie qui va peser sur le policier, on va assister, impuissant, à une bavure qui coûtera la vie au collègue du personnage principal. Dans une brume épaisse, le film propose un premier plot twist qui viendra renforcer un sentiment d’angoisse et de renfermement.

« Le rythme est assez langoureux. »

Par la suite, on pourrait croire que le film délaisse alors l’enquête pour s’attarder sur ce pauvre policier insomniaque, qui va devoir aussi s’innocenter quant au meurtre de son acolyte. Il devient alors un hors-la-loi qui franchit quelques limites, et on va ressentir une certaine antipathie envers cet homme qui s’enfonce alors dans des méthodes ragoûtantes pour arriver à ses fins. Plusieurs fois il est à la lisière de la folie, du mensonge et du dépassement des limites, comme lorsqu’il commence à toucher cette mineure dans sa voiture, alors même qu’il doit l’interroger pour retrouver le meurtrier. Le film n’hésite pas à nous poser comme spectateur impuissant d’une descente aux enfers d’un homme qui semble torturé par des démons intérieurs. Et la froideur de l’ensemble appuie cette sensation d’inéluctabilité. Ajoutons à cela quelques passages un peu sales comme l’autopsie ou le meurtre du chien, et la boucle est bouclée.

Après, tout n’est pas parfait non plus dans ce film. Le rythme est assez langoureux. Malgré sa petite heure et demie, il y a des longueurs, et parfois, suivre un personnage antipathique n’est pas une sinécure. De plus, l’enquête manque parfois de tension. On sait rapidement qui est le tueur, et on ne ressent pas vraiment de pression sur cet homme. La menace qu’il pèse n’est pas bien lourde, et on a parfois du mal à comprendre la relation qui s’installe entre lui et le policier. Alors, cette retenue est peut-être dans les mœurs scandinaves, mais on sent qu’il manque un petit truc en plus pour vraiment nous marquer et nous embarquer. Heureusement que l’interprétation des comédiens est excellente, car sinon, l’ennui aurait pointé le bout de son nez…

Au final, Insomnia est un film très intéressant encore aujourd’hui, et rentre parfaitement dans le cadre du polar scandinave comme on peut le retrouver en littérature. La mise en scène est assez simple, voire naturaliste, mais elle permet de poser une ambiance lourde et pesante, avec un policier à la lisière de la folie. Néanmoins, le film se perd un peu dans son intrigue, et dans la relation entre le tueur et le policier, et on décèlera quelques longueurs qui empêcheront de se plonger pleinement dans cette histoire à la fois glauque et presque mélancolique. Mais il n’est pas étonnant pour autant que cette intrigue ait attiré l’œil de Christopher Nolan, qui en fera alors un remake cinq ans plus tard.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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