
Auteur : Steve Berry
Editeur : Pocket
Genre : Thriller
Résumé :
70 après Jésus Christ. Jérusalem est assiégée par l’armée Romaine. Le Second temple, construit lors du retour de captivité des juifs de Babylone en hommage au Temple de Salomon, est détruit. Les reliques sacrées qu’il renferme sont rapatriées vers Rome avant de disparaître. 1504, âgé de 51 ans, Christophe Colomb effectue son quatrième et dernier voyage vers le Nouveau Monde. Accompagné de son fidèle homme de confiance, Luis de Torres, premier juif à avoir foulé le sol américain, il fait halte en Jamaïque pour une raison aujourd’hui encore tenue secrète.2013. Tom Sagan est un ancien journaliste d’investigation de tout premier plan, dont la carrière a été brisée par un scandale. Il vit aujourd’hui dans la maison de ses parents, en Floride. Un jour, un homme fait irruption chez lui, arme au poing, et lui montre une photo de sa fille séquestrée. Elle lui sera rendue saine et sauve uniquement si Tom accepte d’obéir à une requête pour le moins étrange : faire exhumer la dépouille de son père, Abiram. C’est le début pour Tom d’une course contre la montre qui va bientôt le mettre sur la piste des secrets de Christophe Colomb et du Temple de Jérusalem.
Avis :
Traits d’union entre une période contemporaine et certains pans historiques méconnus, voire occultés, les romans de Steve Berry disposent d’un fond dense et réaliste, servi par des hypothèses plausibles. Ce qui les différencie d’ouvrages similaires où l’on détourne des faits avérés vers des considérations ésotériques mal maîtrisées, sinon incohérentes. D’une intrigue à la suivante, l’auteur développe son discours sur des éléments contextuels vérifiables. Parfait mélange entre fiction et réalité, ses récits suscitent le doute et, parfois, l’étonnement. Cela vaut, en particulier, sur la manière dont le passé traverse les époques et s’en retrouve altéré, plus par l’ingérence de certains individus intéressés que par le poids des années, voire des siècles.
Entre deux enquêtes de Cotton Malone, Steve Berry se lance dans des intrigues indépendantes qui délaissent son personnage fétiche. Pour autant, celles-ci présentent les mêmes spécificités structurelles et thématiques. En l’occurrence, Le Temple de Jérusalem se penche sur deux sujets qui, de prime abord, peuvent paraître aux antipodes. À savoir, les voyages aux Amériques de Christophe Colomb et les trésors du Temple juif. Durant une majeure partie de l’histoire, il est difficile de distinguer un lien ou une occurrence commune. Certes, cette constatation demeure récurrente dans cet exercice littéraire. Dans le cas présent, il suscite pourtant plus de perplexité que de curiosité.
Cela tient à certaines explications qui, sans être invraisemblables, laissent dubitatifs. L’auteur se sert des nombreuses zones d’ombre dans la vie de l’explorateur pour créer une affiliation opportune. Il n’est pas question de débattre de la véracité des bases historiques qui permettent d’étayer cette hypothèse, mais d’avancer des justifications souvent trop évasives et faciles pour poursuivre l’aventure. Si la progression du récit reste fluide et l’écriture dynamique, l’évolution narrative fait montre d’une certaine linéarité. En effet, elle demeure balisée par des situations attendues et des retournements prévisibles, pour ne pas dire alambiquées.
De même, il est à déplorer de nombreux passages dispensables qui n’ont d’autres buts que d’étirer l’histoire plus que nécessaire. Le parcours géographique des différents intervenants est prétexté par de providentielles découvertes. Dès lors, le jeu de pistes s’assimile à une chasse au trésor qui n’évite pas quelques pièges et facilités. Preuve en est avec le dénouement qui semble être une redite de la conclusion d’Indiana Jones et la dernière croisade, dans les mécanismes et l’exposition de l’action. Ce qui confère des atours caricaturaux aussi surprenants qu’inappropriés, a fortiori dans un roman de Steve Berry.
Il convient également d’évoquer de gros problèmes dans l’alternance des points de vue. Ceux-ci se produisent le plus souvent entre des coupures de presse ou des documents historiques. Ils constituent une sorte d’intermèdes pour basculer d’un personnage au suivant. Autrement dit, les séquences commencent avec un protagoniste. Puis, sans transition ni explication, elles se terminent avec un autre individu. Ce choix se retrouve aussi dans l’enchaînement d’articles contemporains avec des textes d’époque. Cette confusion se confirme dans la construction des dialogues, dont les échanges manquent souvent de clarté.
Au final, Le Temple de Jérusalem s’avance comme un roman en demi-teinte. Au regard de la constance dont l’auteur fait preuve dans ses sorties littéraires, le présent ouvrage est moins percutant qu’à l’accoutumée. L’idée de base demeure intéressante, mais elle progresse dans une intrigue conventionnelle et sans grandes surprises. On peut également s’attarder sur une caractérisation qui manque de reliefs avec des personnages peu mémorables, voire agaçants et caricaturaux. Cela sans oublier un changement de points de vue hasardeux, et ce, malgré la simplicité sous-jacente de son histoire. En somme, on dispose d’un récit distrayant, mais qui présente plusieurs maladresses dans sa construction et son évolution. Un livre assez basique et anodin dans la bibliographie de Steve Berry.
Note : 12/20
Par Dante