
Avis :
Il y a des groupes qui font preuve d’un sacré courage, notamment quand ils veulent aborder un genre du métal qui est très exigeant en matière de production et de technique. Par exemple, faire du Métal Symphonique n’est pas une mince affaire quand on débute et que l’on n’a pas un brin d’argent. Il en va de même pour le Celtic/Folk Métal, qui demande des instruments particuliers, et de ce fait, des conditions d’enregistrement optimales. Pourtant, certaines formations n’hésitent pas à se lancer là-dedans par passion et volonté de se faire remarquer. Minotaurus est un groupe allemand fondé en 1994 qui va tenter de se démarquer via ses instruments médiévaux et ses thèmes qui prennent racine dans la Fantasy classique, allant de Tolkien à Moorcock. Victims of the Underworld, qui nous préoccupe entre ces lignes, est leur sixième effort studio.
Bien évidemment, avec le temps qui passe, le groupe a changé plusieurs fois de line-up, avec des ruptures qui peuvent se voir en 2013, puis en 2016, et cela correspond à chaque fois à la sortie d’un nouvel opus. Pourtant, pour ce dernier album sorti en 2019, les liens semblent tenir, et les neuf musiciens paraissent toujours ensemble. Cela permet alors de créer de la cohérence au sein de ce disque, même si on lui trouvera quand même de nombreux défauts, et pas des moindres. Et la première chose qui frappe avec le premier titre, qui porte le même nom que l’album, c’est qu’au niveau de la production, on reste sur un minimalisme qui colle mal avec le genre. En soi, ce n’est pas mauvais, mais ça reste très linéaire, et cela est dû à un chanteur qui semble peu inspiré, ou dans l’incapacité de pousser plus.
Victims of the Underworld a beau bénéficier d’un bon refrain et d’une envie d’aller de l’avant, on s’ennuie à l’écoute, car on reste sur un mid-tempo qui ne propose aucune variation. Immortality suit le même chemin, mais il possède en son milieu quelques passages plus intéressants. On a une chanteuse qui vient titiller nos esgourdes et le guitariste va se lancer dans un petit solo. Cela permet d’apporter de la profondeur au morceau qui, même s’il n’est pas fifou, se démarque du précédent. Born From Roots souffre aussi de ce chant un peu lent et sans réelle tessiture. Lorsque la chanteuse prend la relève, c’est un peu mieux, même si on rentre dans les clichés du genre. De plus, ça manque d’instruments folkloriques, qui se font bien trop discrets. Witches Dancing sera un peu mieux, avec notamment une jolie mélodie qui joue avec un sentiment mélancolique.

Est-ce que ça suffit à nous convaincre ? Pas vraiment, même si on prend du plaisir à l’écoute. Cependant, on peut en attendre plus d’un groupe qui semble seulement taillé pour animer des fêtes médiévales. Thor I’m Asking You sort un peu des sentiers battus, notamment parce qu’il offre une introduction intéressante, et un vrai travail à la guitare. Encore une fois, l’ensemble est un peu gâché par le chant trop linéaire et sans texture. Mais le groupe va exceller dans un registre, la ballade. Barker’s Revenge sera un vrai moment touchant et beau. Bien évidemment, cela est dû au violon qui se fait entendre, mais aussi à la voix du chanteur qui est bien plus sympathique lorsqu’il faut se calmer un peu. Bref, il s’agit-là du meilleur titre de l’album. Il est dommage que Wrought Iron retombe sur un truc classique qui manque de profondeur.
En abordant Raven’s Fate, on revient à quelque chose de plus épuré, et qui convient parfaitement au groupe. On rejoint un peu la ballade, mais avec un joli pont, et surtout, une seule voix féminine. Il se dégage de ce titre un charme fou, qui permet de montrer toutes les capacités de la formation allemande. Hymn for the Nation démarre avec un riff saturé qui donne le ton, mais il sera ensuite englobé dans une mélodie très Power, et même si on aurait aimé quelque chose de plus pêchu, on reste sur quelque chose de plaisant et de réussi. Enfin, Never Surrender va faire retomber un peu le soufflé, la faute à une rythmique pas très engageante, à un chant masculin qui manque de conviction et une conclusion qui déçoit, alors qu’il aurait fallu donner envie de se replonger dans cette histoire.
Au final, Victims of the Underworld, le dernier album en date de Minotaurus, n’est pas un mauvais album, même s’il est perclus de défauts. En fait, le principal problème de cet album, c’est qu’il n’a pas assez de rondeur et d’ampleur dans ses sonorités. Il lui aurait fallu plus de grandiloquence, plus d’envie de pousser au niveau du chant, pour vraiment nous scotcher. C’est dommage, car les ballades sont très bonnes, et d’un point de vue technique, c’est plutôt fort. Dommage qu’il n’y ait pas plus d’instruments folkloriques aussi… Bref, un album sympathique auquel il manque tout de même quelques petites choses pour le rendre plus attachant.
- Victims of the Underworld
- Immortality
- Born From Roots
- Witches Dancing
- Thor I’m Asking You
- Barker’s Revenge
- Wrought Iron
- Raven’s Fate
- Hymn for the Nation
- Never Surrender
Note : 13/20
Par AqME