De : Tripp Reed
Avec Max Martini, Betsy Russell, Benito Martinez, Jon Mack
Année : 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
L’aventurier Darren McCall mène une expédition d’envergure dans la jungle afin de mettre la main sur un poignard légendaire. Une fois découvert, la dague est tirée de sa place initiale et provoque irrémédiablement le réveil de créatures végétales sanguinaires qui dévorent tout sur leur passage.
Avis :
Dans le cinéma de genre, la confrontation avec les forces de la nature peut donner lieu à des catastrophes d’une ampleur apocalyptique. D’autres productions encore mettent à mal la chaîne alimentaire avec des attaques de prédateurs ou de bestioles hybrides plus ou moins farfelues. Il est plus rare que l’antagoniste soit une espèce végétale. Cependant, on observe quelques exceptions, comme La Petite boutique des horreurs, La Révolte des triffides ou Les Ruines, très bonne incursion horrifique au demeurant. Avec Mandrake, on se situe dans un cadre similaire à celui du film de Carter Smith. À savoir, une jungle impénétrable qui recèle de sombres secrets.
Avec un tel registre, le contexte n’est jamais pour déplaire puisque les lieux constituent un danger à part entière, sans compter sur la faune locale et les autochtones. Lorsqu’on maîtrise à minima l’environnement, il est ainsi possible de jouer sur différentes strates de menaces. Inutile d’avancer que le métrage de Tripp Reed ne se situe pas dans cette catégorie. Les lieux, comme l’amorce d’une recherche archéologique (qui relève surtout de la chasse au trésor), ne sont que de grossiers prétextes pour justifier la manifestation d’une malédiction. En l’occurrence, celle-ci se traduit par le réveil d’une mandragore géante.
« les trucages ne sont guère à la hauteur des idées »
Là encore, on pourrait apprécier le concept, ne serait-ce que pour sa capacité à se camoufler entre les arbres ou sa manière d’occire de vils pilleurs de tombes. Sur ce dernier point, il est vrai que l’on peut distinguer des mises à mort aussi singulières que douloureuses. Cependant, les trucages ne sont guère à la hauteur des idées pour étouffer ou démembrer les victimes. Les effets numériques restent basiques au possible. Il n’est pas rare de constater une intégration douteuse sur fond vert ou des animations incohérentes, et ce, malgré le caractère tentaculaire des branchages. Mention spéciale à cet œil gigantesque qui vient crever l’écorce d’un arbre…
Quant au design de la mandragore géante, la créature relève autant de cette étonnante plante que d’un monstre des marais, eu égard à son gabarit. Cependant, il faut attendre les dernières confrontations pour se rendre compte de son apparence et de ses capacités. Pendant la majeure partie du film, il faut se contenter d’appendices végétaux un peu trop curieux. On regrette aussi la menace des autochtones qui soufflent le chaud et le froid. Bien que l’on distingue des éléments propres aux films de cannibales, on reste dans un style très soft, à base d’incantations et de peintures sacrificielles. Leurs intentions demeurent également inconstantes, au regard des évènements et de leurs connaissances.
« Il n’y a aucun sentiment de progression »
Par ailleurs, on peut avancer une exploitation des espaces extérieurs qui fait peine à contempler. Si le lieu d’action doit être assez vaste, le rendu à l’image donne l’impression que les protagonistes tournent en rond autour du même parterre d’arbres pendant toute la durée du métrage. Il n’y a aucun sentiment de progression, aucune gestion de l’environnement pour susciter une sensation de perdition, à tout le moins d’égarement. Et il ne faut pas en attendre davantage de la part du casting ou de situations qui vont de mal en pis dans l’indifférence générale. Cela vaut autant pour les incursions forestières que pour l’attaque du camp de base.
Au final, Mandrake est un survival bancal, malingre et mal fagoté. Le métrage de Tripp Reed dispose d’idées initiales intéressantes et peu usitées. Néanmoins, elles sont rapidement sabordées par l’aspect fauché de la bobine et le manque de compétences de l’équipe de tournage, acteurs inclus. Les effets spéciaux font montre du minimum syndical et n’échappent guère à un résultat déplorable dans la plupart des séquences. Cela sans oublier des passages convenus, des moments sans tension ni enjeux. À l’image de l’environnement, il reste une créature originale, mais très mal exploitée. Une compensation aussi modeste qu’insuffisante pour interpeller l’amateur de séries B.
Note : 07/20
Par Dante