De : Coralie Fargeat
Avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Hugo Diego Garcia
Année : 2024
Pays : Etats-Unis, Angleterre, France
Genre : Drame, Horreur
Résumé :
Avez-vous déjà rêvé d’une meilleure version de vous-même ? Vous devriez essayer ce nouveau produit :
THE SUBSTANCE
Il a changé ma vie. Il permet de générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite.
Respectez les instructions :
VOUS ACTIVEZ une seule fois
VOUS STABILISEZ chaque jour
VOUS PERMUTEZ tous les sept jours sans exception.
Il suffit de partager le temps. C’est si simple, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Avis :
Il y a six ans de cela, le premier long-métrage de Coralie Fargeat débarquait dans nos salles de cinéma. Ce premier se titrait « Revenge » et il annonçait d’emblée les envies de cinéma de sa réalisatrice. « Revenge« , un petit film assez terrible, qui proposait une vengeance pleine de sang et tout en excès. Depuis, on n’avait plus vraiment de nouvelles de la cinéaste. Coralie Fargeat a bien réalisé quelques épisodes de la série « Sandman« , mais ça avait l’air de s’arrêter là.
Après, il faut dire que la réalisatrice a eu du mal à passer le cap de la quarantaine comme elle le dit : « Je pensais que je ne pourrais plus être en mesure de plaire, d’être appréciée, aimée, remarquée, digne d’intérêt… À seulement 40 ans, on m’a poussée à croire que ma vie était finie… », et c’est peut-être ça qui l’a poussé à écrire un film où il va être question d’affronter « la vieillesse »…
« la folie débridée de Coralie Fargeat. »
Coup de folie du dernier Festival de Cannes où « The Substance » est reparti avec le prix du scénario, depuis, le film de Coralie Fargeat s’est fait sa très jolie réputation. Ici, on entendait parler d’une expérience totalement dingue de cinéma, et plus loin encore, on entendait parler d’un film qui pousse son idée jusqu’au bout, et plus loin encore, on entendait parler d’un come-back hallucinant et halluciné de Demi Moore, actrice qu’on ne voit plus vraiment sur nos écrans… Bref, depuis six bons mois, tout cela n’a fait que piquer ma curiosité et je dois dire que « The Substance« , même s’il ne serait pas aussi parfait que j’en avais entendu parler, se posera comme un film et une expérience qui va bien plus loin que mes attentes !
Élisabeth Sparkle a été une grande actrice et une grande vedette, mais ça, c’était il y a plusieurs années. Aujourd’hui, elle tient une émission d’aérobic, enfin, il faut mettre cette phrase au passé, car âgée de cinquante ans et plus assez bandante pour le public, ou le producteur, Élisabeth est virée comme une malpropre. Alors qu’elle a franchement du mal à affronter cette fin de carrière, un homme va lui proposer quelque chose qui va changer sa vie. Ce quelque chose, c’est une substance qui lui permettrait de « redevenir jeune » et être la meilleure version d’elle-même. Bien sûr, il y a des règles à cela, mais si on les suit, rien ne peut mal tourner…
« Ah ouais quand même ! », ça, ce sont à peu près les mots qui me sont venus en tête à la sortie de la folie débridée de Coralie Fargeat. Pourtant, comme je le disais plus haut, « The Substance » n’est pas non plus un film parfait, et c’est d’ailleurs par ses points négatifs que j’ai envie de commencer, parce qu’ils sont assez peu finalement. La première chose qui me vient, c’est la longueur du film, deux heures vingt. Si « The Substance » se suit avec beaucoup d’intérêt, mais il se fait trop long pour ce qu’il raconte. Divisé en trois grandes parties, si le film prend son temps pour développer ses sujets, il tient aussi des longueurs, notamment en milieu de film. Puis avec ça, il tient pas mal de moments qui vont se répéter.
« »The Substance » est un film qui pointe du doigt le jeunisme d’Hollywood »
Alors, c’est vrai que ces moments sont là pour expliciter la vie de son personnage, son enfermement, ou encore la mécanique que met en place la substance pour fonctionner, mais très vite, on comprend tout cela, et le fait d’y revenir plusieurs fois, ça donne comme une redondance au film, et ça crée des longueurs. Avec ça, du côté de son scénario, « The Substance » a des choses qui auraient mérité un plus d’explications d’un côté, et moins de facilité de l’autre, ainsi, on peut se poser la question de ce qu’ont à gagner ceux qui ont inventé cette substance, car jamais le film ne s’aventure là-dessus. Puis derrière ça, du côté des facilités, très vite, le personnage sait comment le tout fonctionne, sans plus d’explication que cela.
Mais voilà, ces petits points négatifs ne sont finalement que du menu fretin face à l’ampleur et la folie du film de Coralie Fargeat. La réalisatrice à décrocher le prix du scénario à Cannes et on peut dire que c’est amplement mérité, car « The Substance« , dans ce qu’il raconte, c’est un film d’une extrême richesse qui s’aventure sur plusieurs sentiers en même temps. On peut même dire que ces sentiers deviennent des routes, où à un moment donné tout converge vers la même destination pour le plus triste, le plus trash, le plus gore et le plus dingue.
Çà et là, car il ne faudrait pas trop en dire, « The Substance » est un film qui pointe du doigt le jeunisme d’Hollywood, c’est un film qui parle de la culture du corps, c’est un film qui parle de choix imposés ou choisis. Puis c’est un film qui se pose comme une critique de l’industrie hollywoodienne qui transforme ses vedettes en produit. En extrapolant aussi, le film peut se poser comme une critique de la jeunesse qui n’écoute rien et ne suit pas les règles. Avec ça, on y parle d’enfermement mental, de dissociation de personnalité, d’envie de réussite, de la noirceur des âmes…
« »The Substance« , c’est un film ultra esthétique »
Bref, il y a tellement de choses, tellement de sujets, et encore, chacun peut y voir aussi beaucoup d’autres choses, et ça, ça fait que « The Substance » est très loin du film que l’on attendait et il donne sacrément envie de s’y arrêter de nouveau, afin d’en prendre une couche, car c’est tellement riche qu’un visionnage ne suffit pas.
La richesse de « The Substance« , on la trouve aussi dans sa réalisation, car outre les petites longueurs, ce que j’ai envie de retenir, c’est la folie presque outrancière que Coralie Fargeat injecte dans son film. « The Substance« , c’est un film ultra esthétique, c’est un film extrême qui oscille entre une multitude de genres. Comédie, drame, satire, horreur, body horror, (à noter les FX incroyables du film qui sont de petits chefs-d’œuvre à eux seuls), caricature, clip, conte macabre, critique de société avec un aspect très politique, féminisme… Bref, ça ne s’arrête pas, c’est survolté, c’est dérangeant, c’est osé, on en prend plein les yeux, pour ne pas être plus vulgaire, et surtout, au-delà de ça, malgré les redondances, ça nous tient du début à la fin. Et en parlant de fin, la dernière partie est un véritable festival à elle seule, se posant comme la séquence la plus débridée l’année.
« The Substance« , c’est aussi le retour de Demi Moore au premier plan, et l’actrice est bluffante, tenant un rôle qui est très loin d’être facile. Aussi touchante qu’elle peut être dégoutante, elle fascine d’un bout à l’autre, tout comme Margaret Qualley qui incarne sa version jeune. Par contre, si Dennis Quaid est parfaitement répugnant dans le rôle de ce producteur horrible et horripilant, on pourra regretter qu’il n’y ait pas plus de rôles marquants finalement.
Lorsque l’on fait la somme de tout cela, « The Substance » est un film bluffant qui ne cesse de bousculer celui qui le regarde. En salle, rires, rires neveux, commentaires, fascination et dégoût sont au menu de cette folie qui n’a pas fini de faire parler d’elle. Avec « Revenge« , Coralie Fargeat avait montré qu’elle avait une envie de cinéma différent de ce que l’on a l’habitude de voir, surtout pour une cinéaste française, commençant à entrouvrir certaines portes, mais avec « The Substance« , elle fout un grand coup de pied dedans et livre un film dingue. Un film qui va jusqu’au bout de son expérience et c’est absolument dingue !
Note : 17,5/20
Par Cinéted