
Avis :
Il y a des groupes qui percent plus vite que d’autres, et pourtant, ils officient dans un genre un peu de niche. Ad Infinitum est un groupe dont la chanteuse, Melissa Bonny, est suisse, et les autres membres sont allemands. Fondé en 2018, le groupe va rapidement sortir un single la même année, pour ensuite balancer son premier effort en 2020. Stakhanoviste accompli, le groupe va être un bourreau de travail, à un tel point qu’après une signature chez Napalm Records, ils vont faire un album quasiment tous les ans. D’ailleurs, à l’instant de l’écriture de ces lignes, leur quatrième opus vient de paraître. Bref, Ad Infinitum connait une belle ascension, mais cela n’est pas dû au hasard, puisque la chanteuse jouait déjà dans plusieurs groupes, comme Evenmore, et elle est marié au batteur d’Amaranthe, groupe qui aura un lien avec l’album qui nous préoccupe maintenant.
Ainsi donc, Chapter II – Legacy est le deuxième album de la formation, et c’est le premier sur lequel officie le bassiste Korbinian Benedict, que l’on peut retrouver avec le groupe Dominum. Et en l’état, on ne peut pas dire que cet effort chamboule notre quotidien. Oscillant entre Métal Symphonique et Alternatif (car la chanteuse n’a pas une voix de chanteuse lyrique), Ad Infinitum propose une musique hybride plaisante sur l’instant, mais qui ne reste jamais vraiment en tête. Il faut dire que les compositions sont simples, la durée des titres dépasse rarement les quatre minutes, et on a cette sensation d’un album fait pour plaire à la masse, et dans lequel il ne faut pas trop de riffs lourds, ou encore d’agressivité dans la voix. Certes, on aura du growl et des moments un peu rugueux, mais ce n’est pas ça qui prévaut sur le reste.
En attaquant Reinvented, on entend bien que le groupe veut mettre en avant un hybride avec des éléments qui peuvent faire penser à du Power/Sympho, et d’autres sonorités qui iront plus chercher vers l’alternatif. On notera un break qui se veut un peu virulent, mais qui découle rapidement sur le refrain, qui demeure très Pop sans jamais proposer quelque chose de neuf. Alors oui, les riffs sont assez agressifs, et globalement, ça rentre bien en tête, mais ça reste du tout-venant. Unstoppable se fera un peu plus lourd dans sa rythmique, et les guitares seront plus mises en avant. Mais on reste tout de même sur quelque chose d’assez classique qui ne viendra jamais nous chambouler. De plus, on sent quelques faiblesses au niveau de l’orchestration, qui manque d’envergure, d’épaisseur. On est loin derrière des groupes comme Nightwish ou Within Temptation.
Le démarrage d’Inferno est assez laborieux, mais heureusement, le refrain rattrape l’ensemble, car il est hyper catchy et fonctionne à merveille. Difficile de ne pas chanter « I’ll Be Inferno » à tue-tête. De plus, c’est le premier titre sur lequel on aura un vrai solo de guitare, montrant la technicité des musiciens, qui ne sont pas des manches. On aimerait plus de moments comme ça, qui délaissent un peu l’aspect Pop pour plus plonger dans un Métal lyrique grisant. Avec Your Enemy, le groupe montre enfin de quoi il est capable quand il pousse les potards un peu plus fort. Si le morceau n’est pas parfait, les riffs sont brutaux, et on aura même du growl, donnant plus de profondeur à l’ensemble. Là, on a un titre taillé pour la scène, et qui peut fait son effet. Malheureusement, le groupe retombe vite dans ses travers.

Avec Afterlife, l’illusion ne dure pas très longtemps, car après l’introduction qui laisse du champ aux grattes, on a droit à un échange laborieux entre Melissa Bonny et Nils Molin, le chanteur/poseur d’Amaranthe. Le featuring n’est pas surprenant, puisque la chanteuse est mariée au batteur du groupe suédois, donc forcément, les liens sont ténus. Bref, le titre est classique et sans aucune épaisseur. Breathe sera à peu près du même acabit, et malgré tout le mal que se donne la frontwoman, on reste sur quelque chose d’assez simple et de peu innovant dans le genre. Heureusement que les deux autres morceaux sont plus glorieux. Animals détient un aspect ultra ludique et sympathique. Quant à Into the Night, avec son aspect Eurodance, mettre du growl dans le chant est plutôt une bonne idée, offrant quelque chose de pêchu et qui tape assez fort.
Pour le dernier tiers de l’album, Ad Infinitum propose des choses assez plaisantes, mais qui ne révolutionnent en rien le genre. Son of Wallachia peut se targuer d’avoir un bon background et une orchestration assez satisfaisante pour nous emporter. My Justice, Your Pain envoie plus du pâté et permet de s’accrocher à des riffs puissants et une rythmique qui va plus vite. Haunted est également un morceau assez intéressant dans sa dichotomie, avec sa rythmique véloce et ses riffs lourds, alors que le chant demeure assez doux. Enfin, Lullaby comporte une bonne introduction et une mélodie qui matche rapidement, ce qui permet de clôturer l’album sur la meilleure des notes possibles.
Au final, Chapter II – Legacy, le deuxième album d’Ad Infinitum, est un skeud relativement plaisant, même s’il lui manque quelques éléments pour se faire vraiment marquant. On reste sur un Métal Sympho simple, qui ne joue pas forcément sur ses orchestrations, mais plus sur des compositions simples et quelques refrains catchy pour bien rester dans les têtes des auditeurs. En l’état, ce deuxième effort peut se voir comme une réussite pour un nouveau groupe qui monte, et on espère que les albums suivants un peu plus risqué et un peu plus nerveux.
- Reinvented
- Unstoppable
- Inferno
- Your Enemy
- Afterlife feat Nils Molin (Amaranthe)
- Breathe
- Animals
- Into the Night
- Son of Wallachia
- My Justice, Your Pain
- Haunted
- Lullaby
Note : 14/20
Par AqME