De : Megan Freels Johnston
Avec Deanna Russo, Emil Johnsen, John Redlinger, Sam Schweikert
Année : 2017
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Mary retourne vivre dans le quartier de son enfance, et découvre que la banlieue américaine est bien plus effrayante que dans ses souvenirs, et ce de bien des façons.
Avis :
Pour bien des américains, les banlieues représentent un sanctuaire doré où il fait bon de faire des barbecues avec ses voisins et se reposer en famille. Sauf que cette idylle est souvent égratignée dans les films, brisant souvent une façade qui cache des familles dysfonctionnelles, des secrets inavouables et parfois des psychés un peu délirantes. On retrouve cela dans des séries telles que Desperate Housewives, ou encore dans des films qui oscillent constamment entre comédie et thriller. C’est un peu ce que tente Megan Freels Johnston avec The Ice Cream Truck, qui nous plonge dans une histoire sordide au sein d’un quartier qui, d’apparence, semble être un petit paradis pour bourgeois. Voulant plonger le spectateur dans un cauchemar teinté de folklore presque Kingien (avec un vendeur de glace maléfique), on restera surtout sur un cauchemar tout court pour le spectateur qui se demande ce qu’il fout là.
L’histoire est on ne peut plus conventionnelle. Mary est une jeune mère de famille qui vient d’aménager seule dans sa nouvelle maison, en banlieue, attendant que son mari et ses deux enfants arrivent de Seattle. Elle fait la connaissance de ses nouvelles voisines, ainsi que du fils de l’une d’entre elles, qui va la draguer lourdement. Pendant ce temps, qui va mettre les hormones de Mary à rude épreuve, un vendeur de glace à l’ancienne s’amuse à zigouiller quelques personnes dans le quartier. On ne peut pas dire que le scénario soit mirobolant. Pire que ça, puisqu’il est totalement incohérent et sans aucun sujet de fond. Il n’y a d’ailleurs aucun lien entre l’histoire de Mary et son adultère, et ce tueur de sang froid qui semble buter au hasard des livraisons de ses glaces. Aucun lien n’est à tisser et c’est juste le hasard qui recoupe ces deux segments.
« Au lieu de partir sur un vrai film d’horreur, on va nager en plein Desperate Housewives. »
On aurait pu croire que ce vendeur a un lien avec Mary, puisque l’on apprend qu’elle revient dans le quartier de sa jeunesse, mais même là, rien n’est construit et rien n’est fait. Pire que ça, sur toute la durée du film, on va alterner entre trois pauvres meurtres mal mis en scène, et Mary qui se fait lourdement draguer par le fils d’une de ses voisines. Ainsi donc, au lieu de partir sur un vrai film d’horreur, on va nager en plein Desperate Housewives, avec une femme mariée et ayant deux enfants, qui va se laisser séduire par un jeune étudiant aux abdos proéminents. La relation est pénible, mais en plus de ça, elle est incapable de créer la moindre tension sexuelle. C’est juste long, lourdingue et mis en scène comme une sitcom américaine puritaine. En gros, on se fait littéralement chier.
En plus de cela, les personnages sont tout bonnement insupportables. Mary est une rédactrice freelance qui a le syndrome de la page blanche, et qui fait tout pour paraître plus jeune. Elle fume de la marijuana avec les jeunes, elle picole avec ses voisines et essaye de paraître cool avec les ados. Bref, on reste sur un personnage qui s’ennuie et refuse de vieillir. A ses côtés, le jeune dragueur est insupportable de vanité et de surjeu. Il roule les mécaniques de longue et n’a pas la moindre ligne de script pour le rendre intéressant. Et c’est la même chose avec les personnages tertiaires ou encore le tueur en série, qui hormis un look old school et son amour des glaces, n’a strictement aucune raison de tuer. Il est aussi lisse que la peau d’un bébé et ses maigres répliques sont d’une banalité affligeante.
« C’est d’une nullité affligeante. »
Il n’est même pas là pour punir l’adultère, les coucheries entre ados ou les fumeurs de joint, c’est dire l’inutilité de son personnage qui ne critique rien. Et puis il faut aussi pointer du doigt les incohérences de l’histoire, avec des personnages qui disparaissent, mais dont tout le monde se fout royalement. Si l’autre n’a pas vu sa petite amie depuis deux jours, c’est parce qu’elle lui fait la gueule. Un jeune couple se fait buter en journée, mais il n’y aucune alerte des parents quand ils rentrent le soir alors que l’on voit le glacier se barrer après ses méfaits. Alors le film tente une pirouette en toute fin de métrage, un twist imbuvable et impardonnable, nous faisant comprendre que tout cela se passait dans la tête de la nana, et c’est presque une injure aux spectateurs (oui, ça spoile, mais personne ne veut voir ce film).
Enfin, il est difficilement compréhensible qu’un tel film soit considéré comme un film d’horreur, ou même comme un thriller. Déjà parce que le côté horreur est en second plan. Ensuite parce qu’il n’est jamais intéressant et bien mis en valeur. On a donc un type qui bute des gens au hasard, tout le temps en hors-champ, et de manière très classique. Il égorge sa première victime. Il poignarde sa seconde puis met des coups de spatule à glace à la troisième. Ensuite, ce sera le grand vide jusqu’à la rencontre finale avec le couple et la vengeance de la final girl. Rien de bien neuf, et une fin totalement ridicule où la femme se planque dans le camion du type, et le tue à coup de mixeur dans la tête. C’est d’une nullité affligeante et on a la sensation que cette dernière scène a été faite en improvisation.
Au final, The Ice Cream Truck est un très mauvais film d’horreur, et un très mauvais film tout court. Film amateur et sans aucune ambition, scénario qui n’a aucun fond et qui ne veut rien critiquer, fin à la ramasse et insultante pour le spectateur, on peut clairement dire que Megan Freels Johnston s’est bien foutue de notre gueule. Un navet insupportable, mensonger sur son affiche et sur son synopsis, et qui n’a absolument rien pour lui.
Note : 01/20
Par AqME