mai 3, 2024

Pharaon – David Gibbins

Auteur : David Gibbins

Editeur : Pocket

Genre : Thriller

Résumé :

1 334 ans av. J.-C. Akhénaton règne sur l’Égypte, tandis que le jeune Toutânkhamon se prépare à lui succéder. Mais Akhénaton disparaît… et, avec lui, son héritage, qui serait mystérieusement englouti par les sables gisant sous le site du Caire actuel et les grandes pyramides de Gizeh…
1 885 ap. J.-C. Un homme à moitié fou affirme l’existence d’un labyrinthe enfoui sous Le Caire, et d’un réseau de canaux, palaces et tombes. On ne le croira pas pendant près de 30 ans… jusqu’à la découverte du tombeau de Toutânkhamon en 1924.
De nos jours. L’archéologue Jack Howard et son équipe fouillent l’un des plus impressionnants sites sous-marins jamais découverts. C’est alors qu’ils entendent parler de l’histoire de l’ingénieur fou.

Avis :

En l’espace de six ouvrages, David Gibbins est parvenu à proposer une approche méticuleuse du monde de l’archéologie. S’appuyant sur des faits avérés et des théories plausibles, ses intrigues insufflent un parfum d’aventures au fil de mystères séculaires. On songe à la découverte de l’Atlantide, à des énigmes religieuses ou aux secrets de la cité de Troie. Afin de donner le change, Jack Howard s’avance comme l’archétype du scientifique aux multiples talents. Plongeur émérite, archéologue de renom, il est devenu un personnage notable de ce type d’ouvrages, semblable au Dirk Pitt de Clive Cussler. Comme le titre le laisse présager, Pharaon propose une incursion dans l’Égypte antique, du moins est-ce là les intentions initiales.

De manière générale, lorsqu’on se penche sur une époque, un lieu ou même un sujet, l’objet du récit est censé occuper le cœur de l’histoire, sinon de focaliser l’intérêt du lectorat. En d’autres termes, si un roman évoque la Chine ancestrale, on ne s’attend pas à se retrouver plongé dans la France du Moyen-Age. Le trait est un peu forcé, mais l’on constate ce problème avec la présente intrigue. En lieu et place de partir sur les traces d’Akhenaton, on se perd rapidement dans le désert du Soudan. Dans une certaine mesure, il est toujours intéressant de mettre en parallèle deux à trois époques, de créer des lignes narratives qui permettent d’appréhender un lieu commun en fonction d’une temporalité dissemblable.

Qu’il s’agisse d’une volonté ou d’une maladresse, Pharaon délaisse bien vite le propos initial pour le reléguer à un simple prétexte. Au départ, on distingue pourtant une alternance équilibrée entre les différents points de vue. Cependant, la progression oublie l’Égypte antique et la période contemporaine. Pour rappel, cette dernière constitue le fil directeur du récit. Or, la partie dédiée à la guerre des mahdistes supplante toute autre considération à tel point qu’on peut remettre en cause la pertinence de l’idée de base. Les séquences qui impliquent Jack Howard ne présentent qu’une importance minoritaire, soit moins du tiers du roman.

Dès lors, il faut se contenter de descriptions laborieuses et de détails surfaits quant à l’organisation d’une mission de sauvetage et au contexte houleux du Soudan à la fin du XIXe siècle. On a aussi droit à plusieurs digressions sur les antécédents des militaires et leurs parcours respectifs. Cela sans oublier une multitude d’éléments techniques et d’hypothèses géopolitiques qui ne trouvent guère d’écho dans la suite des évènements. Malgré la densité du texte, la plupart des passages font office de remplissage. L’architecture des chapitres pâtit d’une structure aléatoire et lancinante. À de trop nombreuses reprises, on a l’impression de consulter un cours d’histoire, sans vie. On est bien loin des précédentes aventures de Jack Howard…

Afin de rattraper cette approche chaotique et décevante, on aurait pu espérer un raccourci narratif avec la présence de l’aïeul du protagoniste, John Howard. À croire que l’auteur a oublié cette possibilité, car il est à peine évoqué en fin d’ouvrage. Les mystères qui entourent Akhenaton en restent au stade de la simple exposition, tandis que les pérégrinations des personnages principaux prêtent à peu de conséquence. Cela vaut autant pour leurs ambitions scientifiques que pour la confrontation avec certains éléments perturbateurs. Au-delà d’une progression décousue, les tenants et les aboutissants ne peuvent même pas satisfaire à une simple nouvelle.

Au final, Pharaon est une incursion décevante à bien des égards. Cette septième aventure de Jack Howard se révèle trompeuse quant à son contenu. À la rigueur, le roman aurait pu emprunter le titre de Khartoum afin d’éviter une désillusion de cette envergure. De l’Égypte antique, on n’entrevoit qu’un horizon de sable à la frontière soudanaise, ainsi que de furtives allusions en début d’ouvrage. Pour ne rien arranger, la progression s’avère laborieuse, percluse d’errances et de détails sans intérêt. L’atmosphère du Moyen-Orient n’est jamais prégnante ou évocatrice d’un dépaysement aventureux. En somme, un thriller historique hors sujet et poussif, affublé d’explications faciles et contestables.

Note : 08/20

Par Dante

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