Auteur : Philippe Raxhon
Editeur : City Editions
Genre : Thriller
Résumé :
En l’an 65 à Rome, le philosophe Sénèque écrit une dernière lettre avant de se suicider. Quand près de 2000 ans plus tard, la jeune chercheuse italienne Laura Zante découvre cette lettre, elle fait appel à François Lapierre, historien à la Sorbonne pour l’authentifier.
Mais ce qui semble n’être qu’un simple travail archéologique va déclencher un engrenage sanglant qu’ils n’auraient jamais pu imaginer. Les deux historiens deviennent des cibles à abattre et tous ceux qu’ils impliquent dans leurs recherches sont froidement éliminés.
Pourquoi les services secrets et une mystérieuse organisation occulte sont-ils prêts à tout pour mettre la main sur cette découverte ? Lapierre et Zante se lancent dans une aventure qui va les conduire de Paris à Rome, entre intrigues politiques et superstitions religieuses. La clé de l’énigme est un incroyable secret, un effrayant complot dissimulé depuis des millénaires…
Avis :
S’immiscer dans un genre aussi fourni que le thriller ésotérique nécessite un concept initial solide et un sens de la narration évident. Face à la profusion d’auteurs plus ou moins éclairés, il est parfois difficile de trier le bon grain de l’ivraie. Ce n’est pas parce qu’un livre devient un best-seller qu’il est forcément de qualité, mais l’inverse se confirme également. De petites incursions indépendantes ne signifient pas de manière unilatérale qu’elles sont les prémices à la révélation de talents littéraires. Chaque découverte est unique. Elle entraîne avec elle son lot d’atouts et de maladresses. On peut néanmoins avoir de bon a priori sur un ouvrage lorsque celui-ci est repris dans le catalogue de City Editions.
Précédemment publié sous le titre La Source S en 2018, Le Complot des philosophes malmène l’histoire telle qu’on la connaît. Il ne s’agit pas uniquement de religion, mais d’une conception beaucoup plus large d’esprit où ce qui peut être acquis comme tel est finalement biaisé par une réalité trompeuse, pour ne pas dire mensongère. En cela, l’idée de départ du présent roman demeure intéressante afin de mieux appréhender cette propension facile à triturer les ficelles du récit au bénéfice d’une élite minoritaire, et ce, quelle que soit l’époque visée. Le propos est intrigant et mérite que l’on s’y attarde, ne serait-ce qu’à travers le fonctionnement de la mémoire collective et de l’héritage culturel en tant que facteurs d’influence.
Cependant, on se heurte bien vite à de trop nombreuses errances et maladresses au fil de sa progression. Le cœur du récit s’évente dès les 50 premières pages. L’idée n’est pas d’entretenir le mystère par un suspense savamment dosé, mais de confronter sans nuance aucune le lecteur à une approche « différente » de la réalité. Dès lors, on s’attarde davantage sur les conséquences et les retombées d’une telle révélation au lieu de l’approfondir. Le propos a beau être crédible et nouer un lien avec certaines hypothèses sur le christianisme, il n’en demeure pas moins avancé de manière trop abrupte dans la forme. Il faut donc se contenter de nombreuses tergiversations et d’amalgames historiques à la pertinence toute discutable.
Ce premier aspect est un choix assumé. Il peut néanmoins plaire à une partie du lectorat pour explorer d’autres pistes de réflexion. Toujours est-il que la succession des chapitres et la prose sont d’une rare redondance dans la présentation des séquences. L’ouvrage souffre en effet d’un syndrome d’obsession alimentaire qui fait s’enchaîner des échanges sous le prétexte d’un dîner au restaurant, d’un repas familial ou d’un déjeuner entre deux recherches. Tout est bon pour justifier un encas et une profusion de détails sur les plats en question. Cela en devient tellement prépondérant que cet aspect supplante toute autre considération de l’intrigue.
Quand les différents intervenants ne mangent pas, ils s’extasient sur le physique de rêve de Laura Zante, la touche féminine du récit. Là encore, on se répète inlassablement sur ses courbes aguicheuses, sa beauté naturelle, les traits de son visage ou ses cheveux. La gent masculine se résume à une succession de prétendants aux hormones dégoulinantes de propos mielleux. On peut également déplorer une présentation du milieu universitaire assez incohérente où les allusions complaisantes côtoient des commentaires critiques et d’autres qui font preuve d’apitoiement. L’incursion est maladroite et se révèle hors contexte.
Au final, Le Complot des philosophes part d’une bonne idée initiale dont l’intérêt se délite pourtant presque immédiatement. La structure narrative n’est guère maîtrisée, la présence d’antagonistes s’avère surfaite et assez chaotique, tandis que le rapprochement des périodes historiques visées manque d’éléments de justification. Entre séduction physique et intellectuelle, le duo de tête n’est guère mémorable. Quant aux descriptions des environnements, elles se contentent du minimum syndical pour mieux s’extasier devant un filet de canettes ou d’une assiette de pâtes au parmesan. Ce n’est pas le fond qui est à déplorer, mais la forme usitée pour le présenter.
Note : 07/20
Par Dante