avril 30, 2024

Les Fleurs de Sang – Épouvantable Épouvantail

Titre Original : Dark Night of the Scarecrow

De : Frank de Felitta

Avec Charles Durning, Robert F. Lyons, Claude Earl Jones, Lane Smith

Année : 1981

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Une petite ville des Etats-Unis devient le théâtre d’une histoire terrifiante dans laquelle un groupe d’hommes met en place une véritable chasse à l’homme, afin de venger le meurtre d’une petite fille par un habitant un peu simple d’esprit. Malheureusement, ces derniers vont se rendre compte une fois leur méfait accompli que l’homme en question était innocent des accusations portées contre lui. Des évènements plus qu’étranges vont alors survenir durant les sombres et silencieuses nuits de cet été étouffant…

Avis :

Aussi bien dans le septième art que dans la littérature, l’épouvantail s’avance comme une figure horrifique récurrente, presque incontournable dans un contexte et un cadre précis, comme le milieu rural. Bien avant les exactions de la franchise Scarecrow, commises par Asylum, Les Fleurs de sang fut l’une des premières occurrences dans le domaine, sans compter L’Épouvantail de mort qui surviendra l’année suivante. Modeste incursion télévisuelle, le présent métrage s’écarte sciemment de certains slashers du début des années 1980 qui, à l’époque, présentent une importance toute particulière dans le cinéma de genre.

De prime abord, le téléfilm de Frank de Felitta laisse pourtant à penser à un traitement similaire. On tient un background qui, une fois n’est pas coutume, n’est pas évoqué sur fond de légendes urbaines, mais exposé de manière explicite. Le pitch annonce également un lot de victimes en devenir. Seulement, elles ne sont pas prises au hasard des caprices d’un psychopathe, mais suivent un schéma logique. Certes, ce n’est pas une première et l’on s’ancre dans une histoire de vengeance assez simpliste dans ses fondamentaux. Pour autant, la prévisibilité et les limites du scénario sont compensées par une approche presque inattendue en de telles circonstances.

« Les Fleurs de sang interpelle par sa manière d’appréhender la tonalité horrifique de son intrigue. »

On insuffle tout d’abord un parfum d’injustice qui nuance les actes de l’antagoniste. Cela ne tient pas uniquement à l’intolérance de la population locale ou même à une exécution purement sommaire et gratuite. L’impuissance initiale découle surtout des errances et de la passivité des autorités. Cela sans compter les approximations d’une affaire qu’on devine menée avec négligence, car là n’est pas le propos du film. Pour autant, Les Fleurs de sang interpelle par sa manière d’appréhender la tonalité horrifique de son intrigue. Il est vrai que l’on peut arguer la modestie des moyens pour suppléer à un traitement frontal et violent, autrement plus explicite.

Comme évoqué précédemment, le nombre de morts reste volontairement restreints. La progression permet aussi d’équilibrer les incursions qui préparent les exécutions. Celles-ci étonnent dans une certaine mesure, car elles sous-tendent une part de suggestivité propre à l’interprétation des faits. En l’absence de l’épouvantail devant la caméra, la fin plus ou moins fortuite des principaux intéressés est susceptible de se rapprocher de malencontreux accidents ; a fortiori dans des environnements à risques. Dès lors, une mécanique se tisse pour expliquer les évènements sous l’angle du rationalisme. Est-ce dû aux actes prémédités d’un procureur peu scrupuleux ou ceux d’un parent désœuvré ?

« Il est vrai que la violence reste en retrait. »

Le doute est permis, surtout lorsqu’on distingue un rapport au deuil assez soutenu. De la culpabilité des uns, découle un sentiment paranoïaque qui manipule leurs réactions et comportements. Une telle approche détourne habilement les réserves avancées en amont du projet pour se concentrer sur une double lecture, aussi rare qu’inattendue. Il est vrai que la violence reste en retrait. On peut même regretter que la présentation initiale se pare d’atours marketing équivoques. De même, le discours se heurte à un dénouement qui semble renier ce traitement. Cela se traduit par une scène de conclusion qui sombre sans transition aucune dans des considérations paranormales ; à peine esquissée jusqu’alors.

Au final, Les Fleurs de sang s’avère un téléfilm intrigant dans sa démarche. Malgré le dénuement des moyens à l’œuvre, Frank de Felitta propose une incursion beaucoup moins basique qu’escomptée. On apprécie les notions de justice, le refus de la différence et le deuil avancés tout au long de l’histoire. De même, la peur du crime qui se mue progressivement en culpabilité à peine voilée ajoute à la densité du texte sous-jacent. On regrette néanmoins des dialogues sommaires qui contrastent avec le bon a priori général, ainsi que certaines approximations d’écriture et la discrétion de l’épouvantail au vu de ce qu’il advient en dernière ligne droite. En somme, un thriller honnête, mais un film d’horreur maladroit, guère passé à la postérité.

Note : 12/20

Par Dante

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