mai 4, 2024

Street Fighter

De : Steven E. De Souza

Avec Jean-Claude Van Damme, Raul Julia, Wes Studi, Byron Mann

Année : 1995

Pays : Etats-Unis

Genre : Action

Résumé :

En Asie du Sud-Est, le Général Bison menace de faire éclater une Guerre Mondiale si on ne lui accorde pas 20 milliards de dollars, en échange de la vie de 63 membres des nations alliées qu’il a pris en otage. Pour le stopper ces plans, le colonel William Guile s’organise de son côté…

Avis :

Durant les années 90, les sociétés de jeux vidéo japonaises vont expérimenter ce que l’on appelle aujourd’hui le transmédia. Cela consiste à adapter un jeu vidéo sur d’autres médiums culturels, comme les mangas, les animés ou encore le cinéma. Les exemples sont multiples, et on peut citer en vrac Super Mario Bros le Film, ou encore Double Dragon. En voyant cela, Capcom va tenter des choses avec sa licence Street Fighter, puisque le deuxième opus va faire les beaux jours des salles d’arcade, puis il va devenir un incontournable de la Super Nintendo. Et donc, après un manga et un animé, la franchise va être adaptée au cinéma, sous la houlette de Steven E. De Souza, jusqu’alors scénariste assez réputé, qui veut se tâter à la réalisation, et deux producteurs qui font partie de Capcom, afin de mieux superviser le tournage.

Aujourd’hui, Street Fighter est connu dans le monde entier comme étant un énorme nanar où il y a peu de choses à sauver. Il fait partie, au même titre que de nombreuses adaptations de jeux vidéo dans le septième art, de ces films qui se veulent tellement proches de l’univers du jeu, qu’ils en oublient la cohérence, et une approche un peu moins débile. Et près de trente ans plus tard, le film ne se réhabilite pas, bien au contraire, devenant un calvaire à la fois rigolo et ringard. Pour preuve, son histoire tient sur un timbre-poste, et mélange tous les genres connus, allant du film de guerre au fantastique, en prenant des éléments de la comédie pour en faire ensuite un film d’arts martiaux bancal et sans aucun intérêt. Bref, vous l’aurez compris, le film n’est pas comme le bon vin.

« Au niveau du scénario, dès le départ, les choses sont assez compliquées. »

Au niveau du scénario, dès le départ, les choses sont assez compliquées. On nous plonge dans un conflit dont on ne comprend pas grand-chose, au sein d’un pays qui se nomme Shadaloo. Un tyran du nom de M. Bison dirige le pays, et il détient en otage des représentants des Nations Alliées. Il réclame alors 20 milliards de dollars, sinon, il zigouille tout le monde. Les Nations Alliées envoient alors le colonel Guile pour régler l’affaire au plus vite. En parallèle de ça, on va suivre une journaliste qui veut faire tomber le tyran, et deux petits voyous qui essayent d’arnaquer un vendeur d’armes, qui fournit son matériel à Bison. Tout ce petit monde va alors se retrouver dans la base du grand méchant pour un final… explosif. Autant pour nos zygomatiques que pour la crédibilité de l’histoire.

Le principal problème avec ce scénario, c’est qu’il ne tient pas la route, et ne trouve jamais la bonne tonalité. Il n’est pas assez dramatique pour que l’on ait peur pour les héros et otages, et il n’est pas assez drôle pour devenir une comédie d’action à destination d’un public jeune. Cependant, avec sa simplicité et ses blagues bas du front, on va vite se rendre compte que Capcom vise un public d’adolescents, voire plus jeune, et qu’il fait tout pour les caresser dans le sens du poil. On pense bien évidemment à cette vente d’armes qui sont en fait des jouets, ou encore aux réflexions complètement débiles d’un Zangief attardé. On peut même trouver des moments proprement hallucinants avec le combat entre Honda et Zangief qui parodie les films de Godzilla en reprenant les mêmes bruitages. Qu’est-ce que ça vient faire dans le film ?

« L’histoire manque de consistance et d’intérêt, jusqu’à devenir carrément ringarde. »

Cette incohérence et cette inconstance, on la retrouve sur quasiment tous les plans du film. Jusqu’à désacraliser certains personnages iconiques de la franchise, comme Ryu et Ken qui deviennent de petites frappes amatrices de kung-fu, ou encore Balrog, boxeur à la retraite devenu caméraman pour Chun-Li, qui est elle journaliste et veut faire la peau à Bison pour une bonne raison. Le film n’arrive pas à trouver le bon équilibre entre sérieux et comédie, preuve en est avec le pitch de Chun-Li en parlant de son père et du génocide de Bison, sujet sérieux, qui est ensuite vite effacé par des blagues potaches et un piège enfantin qui se referme sur les héros. En ce sens, l’histoire manque de consistance et d’intérêt, jusqu’à devenir carrément ringarde. Et il en va de même avec les thèmes traités par-dessus la jambe, comme le combat contre la tyrannie ou les gratte-papiers.

Histoire de combler toutes les cases du nanar, on va avoir droit à une mise en scène particulièrement kitsch, avec peu de combats, et un montage complètement à la ramasse. Certes, il y a de l’action, mais les affrontements tournent court et ne sont pas à la hauteur de nos attentes. De même, si on retrouve quelques mouvements signatures des personnages, ce sera relativement maigre, la faute à un entrainement qui apprenait les mêmes mouvements à tout le casting. Et sans voir la mise en scène, il y a beaucoup d’éléments qui sont visuellement horribles, des effets spéciaux ringards à des décors en carton-pâte, ou encore des véhicules hilarants, à l’image de ce tank dont les missiles ressemblent à des Crayola géants. Bref, il n’y a rien qui vient sauver le film, notamment d’un point de vue visuel.

« Jean-Claude Van Damme est en roue libre totale. »

Mais ce n’est pas tout. Si le film essaye d’être proche du jeu vidéo, il ne l’est pas du tout en ce qui concerne les personnages, ou tout du moins certains. Ici, Honda n’est plus japonais, mais un sumo maori. Deejay ne fera aucune démonstration de capoeira. T. Hawk ne sera pas un amérindien. Et Dhalsim deviendra un scientifique fragile qui ne possède aucun pouvoir. Bref, on se sent floué et le casting va dans ce sens. Jean-Claude Van Damme est en roue libre totale, avec un anglais approximatif. Kylie Minogue n’a qu’un rôle secondaire en incarnant Cammy. Wes Studi est ridicule en Sagat qui peine à se battre, et ce pauvre Raul Julia signe ici son dernier rôle en jouant comme un cochon. Bref, tout cela est triste, et on sent que rien n’est vraiment pris au sérieux.

Au final, Street Fighter est un bon gros navet qui ne se bonifie pas avec le temps, mais qui a le mérite d’asseoir son statut de film tout moisi. En outre, si on fait fi de tous ses défauts, il peut devenir un nanar rigolo, où l’on se complait à se foutre de la gueule du casting qui surjoue comme rarement et des combats qui sont vraiment ridicules. Bref, malgré le temps qui passe, Street Fighter reste un vilain film, une mauvaise adaptation, et parfois un plaisir coupable.

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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