De : Hamé Bourokba et Ekoué Labitey
Avec Garance Marillier, Bakary Keita, Sandor Funtek, Virginie Acariès
Année : 2023
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Mia, 25 ans, employée dans un petit salon de manucure dans le 18e à Paris, apprend qu’elle est enceinte. Il lui faut trouver d’urgence un nouvel appartement alors que son copain Nabil, en liberté conditionnelle, peine à joindre les deux bouts. Lancée dans une frénétique course contre la montre, Mia monte une combine impliquant des clientes du salon, des soirées privées, et un footballeur-star. Cette fois, elle n’a plus le choix : elle doit reprendre son destin en main.
Avis :
Piliers du groupe de rap La Rumeur, Hamé Bourokba et Ekoué Labitey ont eu des envies de cinéma, et c’est à la fin des années 2000 qu’ils concrétisent cette envie, enfin du moins pour Hamé Bourokba qui se lance dans la réalisation de plusieurs courts et d’un téléfilm. Les deux compères vont se réunir en 2016 pour un premier long-métrage, « Les derniers parisiens« . Depuis, ils ont pas mal écrit ensemble, notamment « K contraire » de Sarah Marx avec Sandrine Bonnaire et Sandor Funtek, un film qui a eu sa petite aura.
Sept ans après leur premier film, le duo Hamé et Ekoué sont de retour avec « Rue des dames« , un film qui suit une jeune femme enceinte, en pleine débrouille dans un Paris qui se veut réaliste et loin du Paris que le cinéma a l’habitude de nous montrer. Si cette « Rue des dames » tient bien quelques éléments qui sont intéressants, malheureusement pour nous, le film d’Hamé et Ekoué va bien avoir du mal à se faire intéressant, la faute à des personnages insupportables et agaçants. Puis avec ça, le scénario se perd dans des dédales donnant la sensation que le film part dans tous les sens, sans franchement avoir de but. On quitte la salle de cinéma éprouvé, agacé, et surtout heureux d’avoir enfin vu le générique de fin arriver. Dommage.
« Hamé et Ekoué ont surtout fait un film qui est peuplé de personnages très agaçants. »
Mia survit comme elle peut avec un travail qui ne rapporte pas assez. Travaillant dans un salon de manucure, dans le 18e, Mia a monté en parallèle de ça une sorte de petits trafics, où elle fait payer des jeunes femmes pour les faire rentrer dans des soirées privées parisiennes. Soirées dans lesquelles elles peuvent rencontrer des célébrités. Mia est enceinte de son copain, qui est en liberté conditionnelle. Essayant de joindre les deux bouts comme elle le peut, Mia voit sa vie devenir encore plus compliquée lorsqu’elle perd l’appartement dans lequel elle vivait. Dans l’urgence, elle doit alors tout faire pour s’en sortir plus qu’elle n’en fait déjà, car aujourd’hui, elle n’est plus toute seule.
Quelle déception ! Moi qui me faisais une belle curiosité de ce nouveau film d’Hamé et Ekoué, notamment parce qu’ils ont choisi Garance Marillier, une actrice que j’aime bien et que je ne trouve pas assez mise en lumière. Avec ce « Rue des dames« , le film avait l’air de faire la promesse d’un joli cinéma social qui serait intéressant comme le cinéma français a si souvent su le faire. C’est vrai qu’on dit que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, et ici, c’est une vraie déconvenue que j’ai trouvée là.
« Rue des dames » aurait pu se poser comme un film social décevant, parce qu’il est ennuyant, mais ici, ce n’est pas le cas, car Hamé et Ekoué ont surtout fait un film qui est peuplé de personnages très agaçants. Tous vivant de petits trafics, c’est bien simple, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, et tous, vraiment tous, sont plus horripilants les uns que les autres.
« Le film survole tout et ne raconte rien. »
S’aventurant dans le film choral, avec beaucoup de personnages à suivre et des parcelles de vie, « Rue des dames » devait être un kaléidoscope de la débrouille dans un Paris qui offre une vie de plus en plus dure, notamment pour ceux qui n’ont pas de moyens. Si le film soulève bien deux ou trois sujets qui, l’espace d’un instant, se sont fait intéressants, malheureusement, très vite, nous revient en pleine tête l’agacement face à ces personnages qui sont insupportables de suffisance, d’arrogance et d’égocentrisme. Avec ces personnages, on ne comprend pas vraiment où le scénario s’en va, et ce qu’il essaie de faire. Trop « dense » dans ce qu’il veut raconter, « Rue des dames« , c’est aussi bien le portrait d’une jeune femme paumée qui essaie de s’en sortir, qu’un footballeur star qui se voit avoir des problèmes d’images, ayant mis une femme enceinte, alors que lui-même est marié avec enfant.
Puis avec ça, il y a la rencontre avec un policier, plus voyou et harceleur que flic. On ajoutera à cela des problèmes de sans-papiers, des problèmes de famille, des problèmes de cœur, avec un couple qui a l’air de tout, sauf d’être un couple. Puis il y a du chantage, des menaces, des engueulades pour rien, des problèmes qui n’en sont pas, l’impossibilité de se loger à Paris, face à des logements trop chers et des dossiers impossibles à monter. On pourrait ajouter à cela des moments Hip Hop, parce que c’est La Rumeur aux commandes, et enfin une baston, dont on ne comprend pas la finalité… L’ensemble donne un sentiment que « Rue des dames » part dans tous les sens et à force de vouloir raconter trop de choses, finalement le film survole tout et ne raconte rien, et c’est épuisant. Épuisant et long, tant on a du mal à voir le bout de ce film.
« Rue des dames » restera alors comme une belle déception, et plus dur encore, comme l’un de mes calvaires de cette année 2023. Ce portrait de parisiens dans la débrouille s’est fait agaçant, très agaçant, et finalement, plus les sujets s’entrechoquent et plus ces personnages qui essaient de sortir la tête de l’eau comme ils le peuvent en sont devenus insignifiants, au point que le générique de fin (alors que le film se conclut dans le drame) a été accueilli comme une libération, c’est dire.
Note : 06/20
Par Cinéted