novembre 2, 2024

Le Bateau de la Mort

Titre Original : Death Ship

De : Alvin Rakoff

Avec George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Sally Ann Howes

Année : 1980

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Sur la mer des Caraïbes, un vaisseau fantôme surgit du brouillard et fonce droit devant sur un paquebot où se trouvent de riches touristes. Après l’accident, il n’y a que neuf survivants qui ont pris place sur un canot. Ils approchent du vaisseau et une fois à bord découvrent qu’il est vide. Mais d’étranges phénomènes se produisent…

Avis :

Par excellence, la légende du vaisseau fantôme est l’un des récits emblématiques des mystères maritimes. Au-delà du Hollandais volant, le mythe perdure à travers d’autres patronymes évocateurs. On peut notamment s’attarder sur le Mary Celeste, le Valencia ou encore le Princess Augusta. Autant d’exemples qui démontrent que le monde de la mer demeure un territoire régi par ses propres règles. Eu égard à la littérature (Maupassant, Marryat…), le septième art a tardé à exploiter le sujet. Certes, il y a bien le métrage de Michael Curtiz (Le Vaisseau fantôme) ou celui d’Albert Lewin (Pandora), mais la légende présente peu de retranscriptions cinématographiques contemporaines.

Aussi, Le Bateau de la mort peut être considéré comme l’une des premières versions horrifiques du mythe à l’écran. En l’occurrence, on peut même l’assimiler à l’archétype du film de navire fantôme, et ce, bien avant Le Triangle du diable ou encore Le Vaisseau de l’angoisse. Longtemps invisible ou difficile à trouver, le métrage d’Alvin Rakoff peut alors se montrer vieillissant en matière de caractérisation, de progression narrative. On l’affuble ainsi souvent du statut de téléfilm prévisible, de navet qui use de clichés et de caricatures en tous genres, rendant l’ensemble peu percutant. Il convient toutefois de le replacer dans le contexte de l’époque et non de le comparer aux standards actuels, peu reluisants, soit dit en passant.

« Malgré sa réalisation « téléfilmesque », on entrevoit une créativité enthousiasmante. »

Or, ces mêmes poncifs fustigés proviennent d’une source commune dont le présent métrage s’avère l’un des principaux porte-parole. En d’autres termes, il a contribué à instaurer les bases d’un sous-genre qui, il est vrai, peut se rapprocher d’un traitement classique et sans surprise. Au début des années 1980, Le Bateau de la mort constitue pourtant une occurrence inédite. Malgré sa réalisation « téléfilmesque », on entrevoit une créativité enthousiasmante à fournir une série B sans grande ambition et néanmoins distrayante. Le propos reste parfaitement assumé, tandis que l’évolution alterne entre la claustrophobie et les phénomènes surnaturels.

En l’occurrence, le huis clos maritime entretient la sensation de prise au piège. On a beau se trouver sur un navire relativement vaste, il n’en demeure pas moins que le cadre océanique constitue une frontière infranchissable, sinon fatale pour les protagonistes. On apprécie également cette ambiance malsaine qui augure de mises à mort assez originales. Cela vaut pour la séquence de la douche où l’eau devient du sang. On peut aussi évoquer cette personne âgée (et non une petite fille, comme on peut le constater çà et là sur le web) qui mange un bonbon aux conséquences létales et peu ragoûtantes. Mention spéciale à cette « exécution » dans une eau saumâtre où se complaisent cadavres en décomposition et squelettes.

« On apprécie l’occurrence historique qui apporte un fond. »

Certes, certains aspects présentent un traitement étonnant, voire déstabilisant, notamment par rapport à cette dernière allusion. On songe à une mise en scène elliptique où les transitions ne sont pas toujours évidentes. Cependant, cette caractéristique peut traduire le clivage qui sépare une réalité toute pragmatique avec une folie latente, des manifestations qui gagnent en intensité. De même, on apprécie l’occurrence historique qui apporte un fond (ou un background) à la dérive de ce vaisseau fantôme. Nantie des exactions nazies, l’atmosphère n’est pas sans rappeler, plus tard, La Forteresse noire, Blood Creek ou Outpost sur le contexte du IIIe Reich.

Au final, Le Bateau de la mort s’avance comme une honnête série B. Sortie au début des années 1980, le film d’Alvin Rakoff demeure la matrice des films de vaisseau fantôme qui s’ensuivront. Certes, la forme peut paraître vieillissante et l’on décèle plusieurs facilités scénaristiques. Il en ressort néanmoins une ambiance immersive qui use de la gestion spatiale du navire et de phénomènes paranormaux graduels. On apprécie aussi les notions de folie et de possession qui ajoutent une tension supplémentaire au sentiment de perdition initial. Loin de faire naufrage, un bateau à la dérive qui nous emporte aux confins des mystères maritimes…

Note : 13/20

Par Dante

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