Titre Original : Benny Loves You
De : Karl Holt
Avec Karl Holt, Claire Cartwright, George Collie, James Parsons
Année : 2019
Pays : Angleterre
Genre : Comédie, Horreur
Résumé :
Suite au décès accidentel de ses parents, Jack, éternel adolescent, est contraint de vendre la maison familiale. Décidé à enfin devenir un adulte, il décide de se débarrasser de ses jouets et notamment de Benny, son ours en peluche fétiche, qui le rassurait quand il était petit. Ce dernier prend vie et se montre prêt à tout pour protéger Jack. Quitte à assassiner ceux qui s’en sont pris à lui. Le jouet commence par s’attaquer au banquier.
Avis :
Malgré la quantité astronomique de films d’horreur nuls qui sortent chaque année, on ne peut blâmer certains réalisateurs et scénaristes de vouloir mettre du fond dans des histoires assez débiles. Par exemple, les poupées sont souvent un ressort horrifique pour parler du passage à l’âge adulte et combattre alors l’enfant qui sommeille encore en nous. Parfois, ces pantins, peluches et autres clowns de porcelaine ne sont que des prétextes pour jouer sur certaines phobies, mais parfois, ils permettent d’explorer un vrai fond. On sent que c’est ce que veut faire Karl Holt avec Benny T’Aime Très Fort. Comédie horrifique sorti en 2019 en Angleterre mais sélectionnée au festival de la comédie de l’Alpe d’Huez de 2021, on ne peut pas dire que le fond soit un réel souci avec cette histoire, mais entre son traitement nauséabond et son aspect cheap, rien ne vient sauver le métrage du naufrage.
Ici, on va accompagner Jack, un presque quarantenaire qui bosse dans une entreprise de jouets et qui a du mal à grandir. En effet, il vit toujours chez ses parents, et sa chambre est blindé de références culturelles aux années 80, avec des posters de films, des peluches en pagaille et quelques vieux jeux vidéo. Lorsque ses parents meurent de façon accidentelle, il hérite de la maison et décide de grandir en rangeant tous ses jouets à la cave. Mais c’était sans compter sur Benny, son doudou, qui va prendre vie et tuer tous ceux qui s’en prennent à Jack, ou qui éprouvent des sentiments amoureux à son égard. Bref, le film de Karl Holt veut parler de ses éternels adulescents qui n’arrivent pas à grandir, et qui trouvent du réconfort dans la nostalgie et les souvenirs d’enfant. Malheureusement, le traitement ne va pas être malin.
« Pour baiser, il faut grandir et tuer ses doudous. »
Dans le fond, Benny T’Aime Très Fort parle de transition et de cette petite âme qui nous demande de nous affirmer, mais pour laquelle on se freine. De ce fait, Benny va buter ceux qui font du tort à Jack, comme une conscience assassine qui prend vie. Le problème, c’est qu’au lieu de faire grandir Jack, cela le maintient dans une nostalgie crasse et dans des délires complètement enfantins. A titre d’exemple, il suffit de voir cette scène où il déguise Benny pour trouver des character designs d’un nouveau jouet à mettre sur le marché. Le fait de maintenir Jack dans ce rôle d’adulescent lui permet de connaître le succès dans son travail et de redorer son image. Jusqu’à ce qu’arrive une belle femme, qui va attiser la jalousie de Benny. En gros, pour baiser, il faut grandir et tuer ses doudous.
Un message franchement nauséabond, qui explique que pour réussir sa vie sentimentale, il faut renier ses passions et ce que l’on est. De doudou tueur exprimant l’exutoire de Jack, on passe à une peluche schizophrène jalouse, où Jack va devoir s’en débarrasser pour vivre pleinement. Bien évidemment, ce n’est pas le seul problème du film au niveau du scénario, qui n’explique pas grand-chose et essaye de jouer avec les codes du nanar pour masquer quelques vides dans le scénario. Le début en est effrayant tant il flirte avec le mauvais goût, où une pauvre petite fille va se faire frapper par sa mère, puis tuer par son doudou. Le film n’explique jamais la naissance de ces monstres, ni même leurs motivations, ce qui rend l’ensemble flou, voire incompréhensible en fonction des victimes. Et le réalisateur de maintenir ce secret, car il ne sait pas où il va lui aussi.
« Il en va de même avec l’animation de la peluche qui bénéficie d’une incrustation dégueulasse. »
Au-delà de l’écriture qui est vraiment mauvaise, Benny T’Aime Très Fort a aussi des soucis techniques. C’est moche, tout simplement. La mise en scène sent le budget tout riquiqui, et il n’y a aucun travail de fait sur la lumière, l’ambiance ou même les séquences un peu gores. On se retrouve souvent à voir de vieux effets hors-champ avec des tripes qui tombent au sol, ou encore des peluches et mannequins qui sont vraiment très mal faits. Alors certes, c’est fait exprès pour marquer le côté comédie, mais c’est tellement cheap que cela en devient gênant. Il en va de même avec l’animation de la peluche qui bénéficie d’une incrustation dégueulasse, à un tel point qu’elle en devient pénible à voir. Mais comme c’est le ressort horrifique et comique du film, on en bouffe à tous les râteliers.
Et histoire de bien compléter ce triste tableau, on devra compter sur des comédiens qui se demandent encore ce qu’ils ont fait dans ce film. Karl Holt, le réalisateur, tient aussi le premier rôle, celui de Jack, et ce n’était pas forcément une bonne idée. Il est inexpressif, mauvais, n’arrivant jamais à faire passer une quelconque émotion. Il est accompagné par Claire Cartwright et son joli minois, mais cela ne suffit pas à rendre le personnage intéressant. Bien au contraire, on se fichera un peu de son background avec sa poupée fétiche qui a tué son père. Quant à tous les autres personnages secondaires, ils sont d’une débilité sans nom, du jeune cadre pédant au patron idiot avec son carlin qui va se faire buter. On est constamment dans l’exagération, et ça ne marche pas du tout. Il manque de la finesse et un sens de la comédie plus intelligent.
Au final, Benny T’Aime Très Fort est une très mauvaise comédie horrifique. Non seulement c’est filmé avec le cul, mais le rendu est tellement cheap que l’on pourrait croire à un film de potes tourné un soir de beuverie. Outre sa peluche en CGI dégueulasse, le film baigne dans un message de fond tout simplement nullissime, où grandir devient une obligation si l’on fait trouver l’âme sœur. Bref, un délire qui résonne comme une très mauvaise blague, et que l’on préfère oublier très vite.
Note : 03/20
Par AqME