avril 20, 2024

Dernière Nuit à Milan – Grand Polar

Titre Original : L’Ultima Notte di Amore

De : Andrea di Stefano

Avec Pierfrancesco Favino, Linda Caridi, Antonio Gerardi, Francesco Di Leva

Année : 2023

Pays : Italie

Genre : Thriller

Résumé :

Franco Amore porte bien son nom. Il dit de lui-même que, durant toute sa vie, il a toujours essayé d’être un honnête homme, un policier qui, en 35 ans d’une honorable carrière, n’a jamais tiré sur personne. Ce sont en effet les mots qu’il écrit pour le discours qu’il tiendra au lendemain de sa dernière nuit de service. Mais cette dernière nuit sera plus longue et plus éprouvante qu’il ne l’imagine et mettra en danger tout ce qui compte à ses yeux : son travail au service de l’Etat, son amour pour sa femme Viviana, son amitié avec son collègue Dino, jusqu’à sa propre vie. Et c’est durant cette même nuit, dans les rues d’un Milan qui ne semble jamais voir le jour, que tout va s’enchaîner à un rythme effréné.

Avis :

Aujourd’hui, c’est en Italie qu’on pose nos valises de cinéphile, pour s’intéresser à Andrea Di Stefano. Acteur connu en son pays, il débute chez Marco Bellochio en 1997 et il va passer plus d’une quinzaine d’années à enchaîner les rôles. Ainsi, on le voit chez Dario Argento, Marina De Van, Julian Schnabel, Mike Figgis, Ferzan Özpetek, Rob Marshall ou encore Ang Lee, pour ne citer qu’eux. En 2014, Andrea Di Stefano franchit un nouveau cap, puisqu’il passe à la réalisation, et réalise « Paradise Lost« , un film où Josh Hutcherson tombe amoureux de la nièce de Pablo Escobar, incarné par Benicio Del Toro. Le film est plutôt bien accueilli, et fort de cette première réalisation, Andrea Di Stefano récidive cinq ans plus tard avec le confidentiel « The Informer« , sorti directement en VOD.

Pour son troisième long-métrage, Andrea Di Stefano s’offre une première, puisque « Dernière nuit à Milan » est son premier film qu’il tourne chez lui, en Italie.

«  »Dernière nuit à Milan » est une grande claque, et se pose assurément comme l’un des grands films de 2023 ! »

Scénariste de son film, qu’il a écrit avec Pierfrancesco Favino, tourné en 35mm, n’usant d’aucun effet numérique, avec « Dernière nuit à Milan« , Andrea Di Stefano nous offre un grand moment de cinéma avec un film noir d’une richesse passionnante. Bien plus qu’un simple film policier, « Dernière nuit à Milan » est un film qui est aussi bien un thriller imprévisible et sous pression, qu’un drame social, qui parlera énormément de l’Italie ou encore d’une histoire d’amour avec des gens ordinaires pris dans une descente en enfer. C’est bien simple, on ne voit pas les deux heures passer et le final, juste et subtil, ressort avec nous de la salle. Bref, « Dernière nuit à Milan » est une grande claque, et se pose assurément comme l’un des grands films de 2023 !

Franco Amore est un flic honnête qui est apprécié de tous dans son service. En trente-cinq ans de carrière, il n’a jamais tiré sur qui que ce soit. En parallèle de son travail, pour arrondir les fins de mois, de temps à autre, il sert de chauffeur et presque garde du corps au cousin de sa femme, un homme qui fait de petits trafics en vendant des bijoux, des diamants et quelques petites babioles. Après avoir sauvé un client chinois d’un arrêt cardiaque, le cousin de la femme de Franco décide de le présenter à Monsieur Mao Ben, qui cherche un chauffeur particulier pour des transports de diamant. Comme Franco part à la retraite dans quelques jours, ça pourrait être un travail simple et bien payé. Franco accepte, et son premier voyage s’effectue le soir de son départ en retraite, et cette dernière nuit va être bien plus longue et éprouvante qu’il n’aurait jamais pu le prévoir…

«  »Dernière nuit à Milan » s’engouffre dans un thriller noir assez vertigineux. »

La terrible surprise de ce début Juin, ne cherchez plus, c’est le film d’Andrea Di Stefano. Le cinéaste italien passe avec brio le cap difficile du troisième film, en livrant comme je le disais un grand film noir, comme on n’en avait pas vu depuis longtemps.

« Dernière nuit à Milan » est un film qui, dans la lecture dans son synopsis, se pose comme simple, d’ailleurs, Andrea Di Stefano le dit lui-même « il voulait un drame simple, pour y inclure tout un tas d’éléments qui vont le rendre complexe », et c’est bien ce qui va se passer. Ainsi, derrière l’histoire de ce flic intègre qui part à la retraite, et dont la dernière nuit de service tourne au cauchemar sous très haute tension, le metteur en scène ne va cesser d’épaissir son histoire, sa narration et ses personnages. Commençant par le milieu de son film, nous présentant une soirée pour un départ en retraite, Andrea Di Stefano nous fait le coup du traditionnel retour en arrière pour voir comment le personnage en est arrivé là, et cette partie, qui n’est que la moitié de son film, fonctionne très bien, posant tout un tas de sujets passionnants.

Puis une fois arrivé à cette scène-là, une fois le drame arrivé, « Dernière nuit à Milan » s’engouffre dans un thriller noir assez vertigineux. Devenant un film d’enquête en un seul lieu où tous les regards sont braqués sur un personnage, le film est incroyable, et tient une tension et un suspens assez dingues. Petit à petit, d’indices en indices, de décisions actives en décisions actives, le piège se referme et l’on ne voit aucune porte de sortie se profiler à l’horizon pour ce personnage. Ici, le réalisateur renverse tous les codes et les stéréotypes auxquels on pouvait s’attendre et auxquels on est bien trop habitué. Ici, tous les personnages ont d’infinies nuances de gris, et c’est ce qui rend l’ensemble imprévisible de bout en bout.

«  »Dernière nuit à Milan » est un film qui tient un scénario d’une grande richesse. »

Puis comme je le disais, « Dernière nuit à Milan » est un film qui tient un scénario d’une grande richesse. Andrea Di Stefano aborde énormément de sujets au travers de son histoire. Le réalisateur y parle énormément de l’Italie, et plus précisément de gens ordinaires qui sont obligés de trouver d’autres solutions pour arrondir des fins de mois. Le film pose la question de l’intégrité, jusqu’où va-t-elle ? Puis il parle de la reconnaissance, et de l’amertume de certains de ses policiers par exemple. Puis derrière ça, il y a la question de la famille, du poids de cette dernière, avec ici, cette épouse qui a des liens avec ce qui semble être de la mafia locale, et encore, Andrea Di Stefano a l’intelligence de ne pas forcément mettre des mots dessus, ce qui fait qu’il nous laisse aussi juge de ce que l’on est en train de suivre.

Cet élément, le réalisateur l’intègre dans beaucoup de rebondissements de son film, et c’est ce qui fait que « Dernière nuit à Milan » a cette tendance terrible à nous suivre une fois sorti de la salle. Bref, ça fait beaucoup de bien d’avoir une telle construction où chacun pourra se faire son intrigue et sa conclusion.

Enfin, en plus de tout cela, « Dernière nuit à Milan » est aussi une histoire d’amour, et encore une fois, cette dernière est bien loin de ce à quoi l’on est habitué, avec ces deux personnages complexes, qui se complètent à merveille et surtout qui se comprennent avec trois fois rien, parfois en un seul geste ou regard. Bien sûr, cette histoire jouit aussi des incroyables prestations de ces deux acteurs principaux que sont Pierfrancesco Favino et Linda Caridi, mais avec eux, le film nous offre tout un tas de rôles et de comédiens fabuleux, qui ne cessent de donner du relief au film.

«  »Dernière nuit à Milan » est aussi tenu par une mise en scène grandiose »

Avec cette intrigue, « Dernière nuit à Milan » est aussi tenu par une mise en scène grandiose, qui conjugue à la perfection tout ce qu’elle entreprend. Si on pourrait reprocher parfois une BO trop envahissante, pour le reste, que ce que soit la photographie, le choix des cadres, des mouvements de caméra, les séquences (le film s’ouvre sur un plan-séquence dingue !), ou encore le choix d’assombrir et de resserrer le film au fur et à mesure que ce drame se joue, tout est maîtrisé et parfaitement pensé.

D’ailleurs, le parallèle entre cette ouverture grandiose, où l’image est à perte de vue, et ce final, complétement resserré et recentré sur un personnage, où l’on finit par ne presque plus rien voir, est incroyable. Avec ça, le film se lance des défis, Andrea Di Stefano ayant l’envie de tout faire sur place, ne voulant pas de numérique dans son film, il aura alors chorégraphié son film au millimètre près et ça donne des images sous très haute tension, notamment les scènes de l’autoroute.

Je suis allé voir « Dernière nuit à Milan » avec l’idée d’avant-première en plus pour le site. Je ne savais rien du film, je ne connaissais pas vraiment son réalisateur, seulement son acteur principal que j’aime beaucoup et cette « Dernière nuit à Milan » vient de me mettre une sacrée claque. D’où que je tourne mon regard sur ce film, cette histoire, ces idées, ces choix de mise en scène, Andrea Di Stefano m’a soufflé, et derrière ça, il m’a tenu avec tension, intrigue et émotions de bout en bout de film. À coup sûr et certain, cette « Dernière nuit à Milan » est l’un des très grands films de 2023.

Note : 18,5/20

Par Cinéted

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