décembre 10, 2024

Austral – Paul McAuley

Auteur : Paul McAuley

Editeur : Bragelonne

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Fin du XXIe siècle. Suite aux ravages causés par le réchauffement climatique, la péninsule Antarctique héberge désormais les populations survivantes. Un groupe d’activistes a génétiquement modifié l’écosystème afin de survivre, avant de faire de même pour ses propres enfants.
Austral Morales Ferrado est une husky : une personne modifiée pour s’adapter au climat impitoyable du pôle Sud, redoutée et méprisée par la majeure partie de la population. Elle a été détenue, puis surveillante d’un camp de travail, avant de frayer avec un criminel. À présent, par désespoir, elle vient de commettre l’enlèvement politique du siècle.
Mais, avant de pouvoir récupérer la moindre rançon et espérer entamer une nouvelle vie ailleurs, il lui faut fuir un gang de criminels visant lui aussi l’adolescente qu’elle a prise en otage.

Avis :

Dans la réalité, comme dans le domaine de la fiction, l’Antarctique demeure la terre de tous les possibles. Territoire inhospitalier par excellence, le continent offre un cadre idéal pour les expéditions scientifiques et les explorateurs en quête d’aventures. En science-fiction, il a donné lieu à plusieurs incursions, dont La Nuit des temps de Barjavel et Vostok de Laurent Kloetzer. À certains égards, on peut le considérer comme le baromètre de la planète, tout comme l’Arctique. En effet, les deux pôles subissent de plein fouet les conséquences du changement climatique. C’est précisément dans ce contexte que Paul McAuley inscrit Austral. À savoir, une fin de XXIe siècle post-apocalyptique où les survivants de l’humanité ont trouvé refuge en Antarctique.

L’entame propose une immersion immédiate en découvrant le quotidien de la protagoniste, de son état et de son passé houleux ; criminelle repentie et reconvertie en surveillante pénitentiaire. L’approche est bonne dans le sens où l’on n’affuble pas le lecteur d’un discours didactique, susceptible de miner la narration elle-même. L’auteur nous convie donc à une présentation progressive qui, dans les attentes, suggère un point de vue plus vaste ; à l’image de l’Antarctique. En d’autres termes, le parcours d’Austral laisse à penser à une incursion graduelle où l’on arpente les contours d’une société en reconstruction et d’un environnement hostile. Seulement…

Au fil des pages, on se contente d’étayer une sombre affaire de kidnapping qui évoque uniquement des velléités mercantiles. Dans son évolution, le propos reste très linéaire, voire prévisible à de nombreux égards. Rapidement, on s’empêtre dans des situations qui portent à peu de conséquences ou s’avèrent répétitives dans leur fondement. À ce titre, plusieurs échanges obligent les personnages à jouer les perroquets pour rappeler un fait ou un même évènement avec une formulation différente, et ce, à quelques paragraphes d’intervalles. Le discours se perd alors dans des facilités narratives, occultant le potentiel du cadre et de la période.

Dès les premières chapitres, l’univers carcéral est à peine esquissé, tout comme l’environnement naturel. L’un des défauts majeurs du présent ouvrage est de ne développer aucune ambiance. On pourrait presque resituer l’action en Europe, en Amérique ou en Océanie, il n’y aurait aucune incidence. D’ailleurs, le fait d’avancer une terraformation à l’échelle d’un continent est un prétexte simpliste. L’auteur fait aussi l’économie de descriptions pourtant essentielles à l’immersion du lecteur. Quant à l’hostilité du cadre, elle n’est à aucun moment prégnante. Les protagonistes arpentent les contrées désertiques avec indifférence, voire avec nonchalance. En ce sens, l’aspect survivaliste brille par son absence.

Entre deux déconvenues formelles, on assiste à une alternance des points de vue entre Austral et ses ascendants. Hormis le lien de parenté, il s’agit de timelines distinctes sans grand rapport. Les actes des uns n’ont aucune conséquence directe pour l’avenir, surtout lorsqu’on constate les réactions de la principale intéressée. Cela étant dit, le discours écologique demeure très discret. Lorsqu’on évoque les errances du passé (notre époque et nos erreurs, donc), on reste dans des considérations faciles, peut-être un peu trop manichéennes. Quant à amorcer des solutions… Sans surprise, on réitère les mêmes erreurs. Dès lors, l’histoire s’éloigne de la science-fiction pour s’empêtrer dans des atermoiements dispensables.

Au final, Austral s’avance comme une déception. Du contexte post-apocalyptique, on ne retient que les intentions. Il faut se contenter d’intrigues convenues au possible dans un environnement qui ne suggère aucune menace, aucun sentiment de perdition face à des étendues de glace et de neige. En lieu et place d’une fable engagée sur le changement climatique, on assiste à la confrontation puérile entre la ravisseuse et la fille kidnappée. Les protagonistes ne retiennent guère l’attention, tandis que la progression s’avère laborieuse à plus d’un titre. Il en ressort un ouvrage pesant, maladroit et simpliste dans son discours.

Note : 08/20

Par Dante

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