avril 26, 2024

Jeu Fatal

Titre Original : Pistol Whipped

De : Roel Reiné

Avec Steven Seagal, Lance Henriksen, Renée Elise Goldsberry, Paul Calderon

Année : 2008

Pays : Etats-Unis

Genre : Action, Thriller

Résumé :

Un ancien policier d’élite, qui a été mis à la retraite en raison de son alcoolisme, obtient une chance de racheter ses dettes et son honneur. Engagé par un homme un peu louche, il se rend compte malheureusement trop tard qu’il est du mauvais côté. Il va alors essayer de corriger ses erreurs, à sa manière un peu… brutale.

Avis :

Après une série de navets tous plus innommables les uns que les autres, la filmographie de Steven Seagal s’est octroyée un modeste sursaut d’orgueil avec Urban Justice. Sur fond de guérillas urbaines, il en ressortait un film d’action potable et distrayant à défaut de se montrer foncièrement marquant. Poursuivant sa carrière à un rythme frénétique, Steven Seagal continue à s’arroger les services de cinéastes de seconde zone. Peu connu à l’époque, Roel Reiné signe sa première réalisation outre-Atlantique après moult productions européennes peu glorieuses. La collaboration des deux hommes va fournir, sans grande surprise, un polar maladroit et bancal à plus d’un titre.

Il est vrai que l’approche initiale peut interpeller à minima, ne serait-ce qu’à travers la posture et la situation du personnage principal. De prime abord, on a l’impression que Steven Seagal délaisse son costume de héros indestructible pour incarner un individu esseulé ; joueur compulsif et buveur notoire. L’idée n’est pas pour déplaire, car elle est susceptible d’insuffler une dramatisation de l’intrigue, rendant l’issue plus incertaine, à tout le moins en de telles circonstances. Cependant, les intentions ne font jamais de bons films, surtout lorsqu’elles ne se concrétisent guère et préfèrent se contenter d’une simple évocation, voire de quelques allusions mensongères.

« À aucun moment, on ne ressent une quelconque détresse ou une tension. »

On songe également au contexte qui amorce l’histoire dans le monde du jeu ; que ce dernier revêt un caractère légal ou suggère des tables clandestines. À l’image de cette affiche, on ne fait qu’effleurer cet aspect, pourtant avancé comme essentiel dans la suite des évènements. En l’occurrence, le prétexte est aussi grossier que l’acteur principal. Exception faite de s’épancher sur des états d’âme basiques, cette partie n’est jamais correctement développée. À aucun moment, on ne ressent une quelconque détresse ou une tension inhérente au poids des dettes. Certes, celles-ci sont rapidement soldées, mais elles auraient dû agir comme une contrainte, une épée de Damoclès placée au-dessus de la tête de l’intéressé.

Faute de quoi, le scénario emprunte les atours d’un mauvais polar, incapable d’instaurer une ambiance ou de dépeindre des personnages percutants ; autre que les coups portés, s’entend. En dépit de fréquentes scènes d’action, la progression souffre de nombreuses errances, enchaînant des allers-retours géographiques et narratifs redondants. Plusieurs échanges s’avèrent tout aussi dispensables tant la teneur des propos demeure vide de sens. Et que dire de cette relation père/fille qui souffle le chaud et le froid ? Eu égard à cette maladresse récurrente, on distingue plus de contradictions qu’un lien ténu et tourmenté entre un parent et son enfant.

« La mise en scène et la démotivation générale rendent ce type d’exercice laborieux. »

Comme évoqué précédemment, l’évolution s’entrecoupe de passages d’action. Pour autant, ceux-ci présentent un intérêt fluctuant. Cela tient à ces fusillades mal cadrées au montage bâclé ou encore à cette propension à expédier vite fait les combats au corps-à-corps. Sur le papier, on apprécie toujours des échanges de tirs avant une course-poursuite. De même, l’affrontement final au cœur d’un cimetière offre d’honnêtes perspectives pour voir se confronter les forces ennemies. En réalité, la mise en scène et la démotivation générale rendent ce type d’exercice laborieux, étiré de telle sorte à faire du remplissage et non à aboutir au point culminant des dissensions accumulées jusqu’alors.

Au final, Jeu fatal est un mélange de film d’action et de polar qui ne fonctionne pas. Au lieu d’exploiter les forces de ces deux styles cinématographiques, le film de Roel Reiné en extirpe les faiblesses et les défauts. Pour l’un, cela tient à des errances scénaristiques invraisemblables. Pour l’autre, on multiplie les effets de longueur, quitte à s’appesantir plus que de rigueur sur des éléments annexes ou secondaires. Malgré une modeste ambition de changer de registre (on écarte la figure du héros vertueux), Steven Seagal revient bien vite à ses poncifs et ses clichés qui caractérisent autant ses personnages que ses métrages. Sans être pénible ou affligeant, il n’en demeure pas moins un DTV anecdotique, sans grand intérêt.

Note : 08/20

Par Dante

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