avril 20, 2024

Everfrost – Winterider

Avis :

La mixité des genres donne parfois des résultats étonnants, qui peuvent fonctionner (et donner lieu à une nouvelle vague), mais qui parfois peuvent se vautrer. A force de chercher de nouveaux sons, de nouvelles manières de se démarquer, on tombe parfois des groupes obscurs qui n’arrivent pas vraiment à combiner deux références. C’est le cas d’Everfrost, groupe finlandais de Power Métal qui existe depuis le début des années 2010. Autrefois nommé Snowkid, les membres du groupe ont décidé d’aborder une imagerie à la fois nordique, avec le froid et la neige, mais aussi asiatique, comme peut en attester l’ignoble pochette de cet album. Et cela crée une dichotomie entre la musique qui fait très Power asiatique, et une sensation que tout cela ne rentre pas forcément dans le délire nordique, avec des rythmiques qui résonnent très scandinaves. De ce fait, Winterider manque cruellement de cohérence.

L’album débute avec le titre éponyme, et globalement, c’est plutôt pas mal. On retrouve tous les atours du Power classique, avec un chant clair de qualité, une rythmique rapide et quelques nappes de clavier qui viennent adoucir l’ensemble. Franchement, c’est plutôt réussi, même si ça ne sort pas d’un cadre précis. Mais d’un autre côté, quand Juhannus in January débute, on se dit que rester dans une zone de confort n’est pas forcément un mal. Car ici, d’entrée de jeu, on va ressentir les influences nippones du groupe, qui nous balance du gros clavier, à un tel point que l’on a l’impression d’être dans un générique d’animé. Il en va de même sur la structure du titre, qui s’amuse à singer Queen, sans jamais en avoir la maestria. Et cela va partir tellement loin que bien souvent, on a l’impression d’écouter de l’électro plus que du Power.

On pourrait croire qu’il s’agit d’un accident de parcours, mais non, tout cela se confirme au fur et à mesure des pistes. Chainlace Angel se lâche complètement dès le début, où le clavier vient anesthésier un riff lourd et puissant. On se retrouve alors face à un morceau qui se veut énergique, mais qui perd tout intérêt très rapidement. Actraiser sera du même tonneau, et à chaque fois, c’est le clavier qui vient tout détruire. On a cette insupportable impression d’écouter de l’Eurodance avec une pointe de Power Métal, mais ce dernier passe au second plan. Cold Night Remedy ira encore plus loin dans le mauvais sentiment, puisqu’il reprend la même mélodie que le titre précédent, avec les mêmes mauvaises phases à cause de ce maudit clavier. Alors certes, cela correspond certainement à l’image du groupe, mais peut-être pas à tous les musiciens.

Ce n’est certainement pas pour rien qu’il ne reste plus que le batteur et le claviériste du groupe d’origine, puisque tout le monde s’est barré après cet album. D’ailleurs, pour en revenir à ce dernier, on retrouve certains morceaux un peu plus sobres, à l’image de Above the Treeline, un long titre qui avoisine les sept minutes, mais qui saura se faire touchant et plus agréable que le reste, malgré quelques tics un peu pénibles. Malheureusement pour nous, le groupe retombe aussi tôt dans ses travers. Tout d’abord avec Brandy and Antifreeze qui est à la limite de l’écoutable, et ressemble plus à un délire électro pop. Le genre de musique que l’on retrouve dans un jeu vidéo nippon. Et Die Young viendra nous terminer. Entre le chant pop à moitié rappé et le refrain sans intérêt, on a juste envie de se crever les tympans.

Heureusement, le groupe arrive à se reprendre avec l’avant-dernier morceau de l’album, Darkwoods Drain Backwaters. Ici, on revient à un registre plus sombre, ce qui sied mieux au groupe. Et n’allez pas croire que l’imagerie proposée par la pochette joue un quelconque rôle dans ce ressenti. On n’entend que le groupe est bien plus à l’aise dans un Power plus soft (même si ici, on a du gros blast), où il n’a pas forcément besoin de forcer sur le côté « nippon ». On aurait aimé plus de titres dans ce style-là. Enfin, A Whisper in a Frozen Tale vient clôture cet album, et c’est un gros morceau, puisqu’il dure plus de quinze minutes. Si le début est bon, tout comme la fin, il y a néanmoins un gros ventre vide au milieu, qui montre la jeunesse du groupe, son ambition, mais aussi son manque d’expérience.

Au final, Winterider, le second et dernier album en date d’Everfrost, n’est pas forcément une réussite à nos oreilles. Le groupe mélange deux genres qui ne sont pas opposés, mais qui ne font pas forcément bon mélange, octroyant un côté factice pénible. Le clavier est bien trop présent, tout comme des hymnes pop qui font passer le concours de l’Eurovision pour des amateurs. C’est dommage car le groupe n’est jamais aussi bon que lorsqu’il épouse pleinement un Power simple mais efficace. Aujourd’hui, le groupe n’est pas mort, mais le line-up n’est plus du tout le même, avec l’arrivée d’un nouveau guitariste, d’un nouveau bassiste et, cette fois-ci, d’une chanteuse. Sommes-nous prêts ? Pas sûr.

  • Winterider
  • Juhannus in January
  • Chainlace Angel
  • Actraiser
  • Cold Night Remedy
  • Above the Treeline
  • Brandy and Antifreeze
  • Die Young
  • Darkwoods Drain Backwaters
  • A Whsiper in a Frozen Tale

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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