avril 19, 2024

Godland – Trop Longue Contemplation

Titre Original : Vanskabte Land

De : Hlynur Palmason

Avec Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sigurôsson, Victoria Carmen Sonne, Ida Mekkin Hlynsdottir

Année : 2022

Pays : Islande, Danemark, France, Suède

Genre : Drame

Résumé :

À la fin du XIXème siècle, un jeune prêtre danois arrive en Islande avec pour mission de construire une église et photographier la population. Mais plus il s’enfonce dans le paysage impitoyable, plus il est livré aux affres de la tentation et du péché.

Avis :

C’est assez étonnant de voir qu’une petite île comme l’Islande est capable d’avoir une sacrée belle production cinématographique et que beaucoup de ses cinéastes et ses films s’exportent. Dans le paysage islandais, on trouve Hlynur Palmason, cinéaste qui a commencé sa carrière en 2013. D’abord plasticien, Hlynur Palmason s’est tourné vers les métiers du cinéma et il s’est formé à l’école nationale du cinéma au Danemark. Son premier film, « Winter Brother« , a trouvé une jolie carrière aussi bien chez lui qu’à l’international, où il fut vendu dans pas moins de vingt pays. C’est en 2020, peu avant le premier confinement, que sort le deuxième film de Hlynur Palmason, « Un jour si blanc« , un film qui avait piqué grandement notre curiosité.

Sélectionné dans la sélection Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes, « Godland » est un film radical, un peu comme l’était déjà « Un jour si blanc » dans sa démarche de cinéma. S’aventurant dans son premier film d’époque, Hlynur Palmason a décidé de nous entraîner dans l’errance d’un prêtre venu du Danemark pour construire une église en Islande. Si l’idée du film pouvait être intéressante, à l’écran, malheureusement, « Godland » se pose comme un véritable parcours du combattant pour en venir à bout. Contemplatif, long, très long, trop long, et surtout ennuyant, le nouveau film de Hlynur Palmason est une belle déception et ça, malgré de bons éléments qui vont venir nous taper l’œil.

« A force de vouloir faire dans la radicalité, à force de vouloir faire un autre genre de cinéma, Hlynur Palmason finit par complétement nous perdre. »

Fin du XIXe siècle, Lucas est un prêtre qui vient du Danemark pour construire une église dans un petit village reculé d’Islande. Alors qu’il aurait été plus simple de contourner l’île en bateau, l’homme tient à passer à travers les terres, afin de découvrir l’île, ses habitants et surtout pouvoir la photographier. Commence alors pour lui un véritable chemin de croix, où sa foi et ses espoirs vont être mis à rude épreuve.

Oh la belle déception que voilà. Après la radicalité que fut l’expérience intéressante de « Un jour si blanc« , Hlynur Palmason est de retour sur nos écrans de cinéma pour une expérience qui ne manque pas de radicalité, encore.

Sur le papier, « Godland » est un film qui tient un sujet intéressant et qui pouvait nous donner un bon moment d’évasion avec un drame qui questionnerait aussi bien l’histoire de l’Islande, que la foi religieuse. Et dans un sens, c’est ce qu’il fait, mais malheureusement, à force de vouloir faire dans la radicalité, à force de vouloir faire un autre genre de cinéma, Hlynur Palmason finit par complétement nous perdre et son « Godland » se fait interminable.

On lui laissera le fait d’être bien filmé, et même être un bon moment d’évasion visuel, le réalisateur mettant en valeur l’Islande à tout instant. On lui laissera aussi de bonnes idées de réalisation, et notamment le format 4/3, ce qui donne la sensation d’un polaroïd retrouvé, ce qui convient parfaitement à ce film, le réalisateur nous expliquant en début de film qu’il se basait entre guillemets sur de vieilles photos retrouvées montrant l’épopée d’un prêtre. On lui laissera de bons acteurs, même si au final, on se moquera bien de ce qui pourra arriver à leur personnage. Bref, le nouveau film d’Hlynur Palmason a des arguments pour lui, mais ce ne sera pas suffisant face à tout ce que l’on reproche au film.

« Franchement, on se sent comme piégé face à cette histoire qui ne dégage rien. »

Si l’idée de raconter le périple d’un prêtre est intéressante, Hlynur Palmason ne fera pas grand-chose avec son sujet, laissant son film traîner en longueur pour ne rien raconter ou presque. Outre le fait que le film ait de gros soucis de rythme, avec un réalisateur qui utilise sa caméra au ralenti pour filmer du vide, ce qui impacte le plus le film, c’est son scénario, qui n’arrive pas à nous intéresser. Certes, la reconstitution est bonne, le film a une patte particulière, mais son récit traîne et prend bien trop de temps pour raconter le si peu d’élément qu’il a à livrer.

Franchement, on se sent comme piégé face à cette histoire qui ne dégage rien. On aura aucune empathie pour le personnage, on ne ressentira rien pour eux et derrière ça, on s’ennuie tellement qu’on finit par fantasmer un drame rapide pour conclure ce film et vite passer à autre chose. Malheureusement, ça n’arrivera pas, puisque Hlynur Palmason a décidé de raconter cette histoire sur deux heures vingt de film.

On ajoutera à cela que « Godland« , dans sa mise en scène, se pose petit à petit comme un cliché du film d’auteur chiant. Ici, notamment pour ses ellipses, Hlynur Palmason filme et répète ses paysages au fil des saisons, ou encore un cheval qui se décompose peu à peu, pour nous indiquer le temps qui passe et ça, ça a souvent raison de nous.

« Godland » avait donc quelques bons arguments sur le papier pour nous faire saliver, d’autant plus que l’on trouvait Hlynur Palmason à la réalisation, mais rien n’y aura fait, et ce « Godland » n’aura rien raconté et il se sera posé comme un ennui. Un ennui interminable, et il n’y aura eu que le générique final pour nous délivrer. Dommage, vraiment dommage.

Note : 06/20

Par Cinéted

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