juillet 27, 2024

The Last – Hanna Jameson

Auteure : Hanna Jameson

Editeur : Marabout

Genre : Post-Apocalyptique

Résumé :

Jon pensait avoir largement le temps de répondre au dernier sms de sa femme. Mais alors qu’il prend son petit-déjeuner dans le hall de l’Hôtel Sixième en Suisse après une conférence, le monde se rappelle à lui avec d’atroces nouvelles. Washington DC a été effacée par une bombe nucléaire. Plus de nouvelles de New-York. Londres s’est éteinte. Berlin aussi. Voilà ce qu’il a le temps de comprendre avant que les média et les réseaux sociaux ne soient coupés à leur tour. Avant que le ciel ne se couvre de nuages orange.
Deux mois plus tard, ils sont vingt survivants réfugiés dans cet hôtel connu pour son histoire teintée de suicides et de meurtres. Jon et ses compagnons d’infortune essaient de maintenir un semblant de quotidien. Jusqu’au jour où ils découvrent le corps d’une petite fille.
Les provisions s’amenuisent, les tensions s’affutent. Et si finalement le danger n’était pas à l’extérieur ?

Avis :

Qu’il s’inscrive dans une frange de la science-fiction ou du thriller, le roman post-apocalyptique est révélateur des craintes de l’humanité quant à sa propre extinction, à son devenir sur le court, moyen ou long terme. À des récits âpres et nihilistes, ce n’est pas uniquement de la peur de la fin d’un monde qui prévaut, mais celle de ses semblables. À travers des œuvres incontournables, comme La Route ou Metro 2033, l’occasion est bien souvent donnée d’exposer les pires penchants de notre espèce. Si l’on distingue des approches plus ou moins vraisemblables, on observe une résurgence d’une thématique fondatrice du genre : la peur du nucléaire.

Eu égard au contexte géopolitique ou à la crise énergétique, ce sujet implique un réel questionnement quant à la viabilité et la pérennité de cette source d’approvisionnement. À ce titre, on songe à Résilience de Yannick Monget, très pertinent et lucide. The Last ne s’inscrit pas dans le même registre puisque le récit prend place après la guerre nucléaire. L’idée est alors de suivre le quotidien d’une poignée de survivants. Jusque-là rien de bien original si ce n’est cette ambition d’entremêler les codes du roman policier à l’intrigue. Ainsi, le pitch initial évoque une sorte de huis clos au sein d’un hôtel pour tenter de résoudre une affaire criminelle.

Le concept est prometteur et est susceptible d’étayer un whodunit où chaque intervenant est un suspect. L’entame va en ce sens et n’hésite pas à instaurer une ambiance pesante, ne serait-ce qu’à travers la découverte de la victime. Celle-ci n’est pas sans rappeler Dark Water ou l’affaire Elisa Lam. Par la suite, on alterne entre les premières investigations et les actions à organiser pour survivre. La progression paraît donc engagée sur des bases saines et solides. Bien que l’emploi de la première personne du singulier soit peu pertinent pour ce type de récit, l’écriture demeure fluide et agréable à appréhender. Seulement, on distingue rapidement des atermoiements et des errances narratives qui suggèrent un intérêt décroissant.

En effet, Hanna Jameson enchaîne les instants de désespoir où le moindre prétexte est bon pour s’enivrer, se droguer. Cet aspect devient handicapant lorsque ces séquences se multiplient et n’apportent rien à l’histoire. Les protagonistes ne sont guère attachants, tandis que les autres membres de l’hôtel sont peu représentés au fil des pages. On entrevoit même un opportunisme guère assumé pour les faire intervenir à des moments propices pour les oublier sitôt au chapitre suivant. De plus, les inimitiés et les tensions grandissantes s’appuient sur des ficelles éculées ou des broutilles prennent des proportions inconsidérées, sans doute la faute à la consommation de stupéfiants et d’alcool.

Il faut également compter sur des dialogues qui manquent d’intérêt où l’on préfère jouer la carte de la contradiction pour agacer les interlocuteurs et le lecteur. Le questionnement sur la notion de culpabilité est totalement surfait, immisçant une dimension politique surannée et fustigeant les votants de certains partis ; qu’ils soient extrémistes ou non. En résumé, on assiste à des échanges dignes de la maternelle où l’on s’accuse mutuellement de cette façon : « C’est ta faute ! – Non, c’est la tienne ! », le tout sans argument valable. À cela s’ajoutent des incursions sporadiques en dehors des murs de l’hôtel. Les passages sont mal maîtrisés, dispensables et, surtout, cassent l’atmosphère du huis clos. L’intrigue en finit même par oublier l’aspect policier/thriller de l’idée de départ.

Au final, The Last est un roman post-apocalyptique décevant. Le concept et les premiers chapitres laissent augurer une histoire originale dont la tension monte crescendo. L’impression est trompeuse, car on sombre bien vite dans un enchaînement de séquences inintéressantes où les valeurs politiques et les considérations philosophiques du dimanche prennent le pas sur l’exercice du whodunit. L’atmosphère ne parvient guère à instiller la peur ou la suspicion ; qu’elles proviennent de l’extérieur ou de l’intérieur. De même, l’auteure fait l’impasse sur les menaces propres à une guerre nucléaire, comme les radiations, l’eau et les sols contaminés ou les denrées non comestibles. Des atours aguicheurs pour un contenu simpliste et peu engageant.

Note : 09/20

Par Dante

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